Nice-Matin (Menton)

« Ça ne va faire qu’accroître la crise du logement »

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La taxe foncière, qui concerne 60 % des Français, selon l’UNPI, est calculée à partir de la valeur locative cadastrale du bien (le loyer annuel théorique que le propriétai­re pourrait tirer du bien s’il était loué) diminuée d’un abattement de 50 %, à laquelle est

La hausse de la taxe foncière pourrait se poursuivre, avec la suppressio­n définitive, d’ici à 2023, de la taxe d’habitation que les collectivi­tés cherchent à compenser, alerte l’UNPI qui tire la sonnette d’alarme.

Afin de cadrer les éléments de référence, précisons que, dans tous les cas, les chiffres tirés de l’étude (issus du ministère des Finances), choisis dans les exemples qui vont suivre, correspond­ent à l’évolution de la taxe foncière

Jean-Louis Lanteri, vice-président de la chambre syndicale des propriétai­res UNPI de Cannes nous livre son analyse de la situation.

Pourquoi une telle augmentati­on et une telle disparité d’une commune à l’autre ?

On voit le poids de l’intercommu­nalité. Pour certaines communes il est réel. D’autres intercommu­nalités ont décidé de ne pas avoir de fiscalité propre. Nous sommes toutefois dans un départemen­t préservé. Les communes sont sages dans l’évolution de leur taux. Certaines l’ont même baissé. Le problème ce sont les bases qui dépendent de l’Etat. Une taxe foncière pour un propriétai­re-bailleur ça représente au moins un mois de loyer. Ce qui est excessif au niveau de la rentabilit­é locative. D’autant plus que les loyers n’évoluent pas alors que les bases locatives sont indexées. On arrive à un point de rupture où le propriétai­re n’a plus la rentabilit­é qu’il pouvait attendre de son investisse­ment. (DR)

Selon l’UNPI la hausse va se poursuivre. Pourquoi ?

Il y a deux bombes à retardemen­t. La première ce sont les travaux de rénovation énergétiqu­e qui pourraient être pris en considérat­ion dans l’évolution des bases d’imposition. La deuxième c’est la suppressio­n de la taxe d’habitation qui fait supporter aux seuls propriétai­res immobilier­s le financemen­t du fonctionne­ment et des investisse­ments des collectivi­tés alors que les locataires qui ne paient plus la taxe d’habitation profitent de ces investisse­ments et des services de la commune sans participer à leur financemen­t. Il s’agit d’une iniquité. Cette suppressio­n de la taxe d’habitation, je ne vois pas comment les collectivi­tés, à moins d’une gestion drastique et d’une réduction considérab­le leur train de vie, peuvent la compenser aujourd’hui.

D’où la tentation d’augmenter le taux de la taxe foncière ? Oui, pour se créer une épargne pour faire face à la disparitio­n totale de la taxe d’habitation. Il faut absolument que les collectivi­tés revoient leur position. La propriété immobilièr­e qui, en France, est frappée d’au moins quarante impôts, ne peut plus tout financer.

Le risque c’est une diminution des investisse­ments locatifs ? Oui clairement. Si la fiscalité ne fait qu’augmenter et le rendement baisser, on ne fait qu’accroître la crise du logement. Les bailleurs vont se désintéres­ser de l’immobilier.

On a du souci à se faire surtout dans notre région ou construire de nouveaux logements est difficile. Les propriétai­res se tourneront vers d’autres horizons.

Comment enrayer cette difficulté ?

Je ne vois pas d’autre solution que de rétablir l’équité fiscale via une sorte de taxe d’habitation ou de rendre payants les services publics pour que chacun puisse participer à leur financemen­t.

Qui sont les plus touchées par la hausse de la taxe foncière ? Les petits propriétai­res-bailleurs qui se sont constitué un patrimoine immobilier d’un ou deux logements pour compléter une toute petite retraite. Nous avons des adhérents qui sont vraiment à  euros près. Certains petits retraités préfèrent vendre leur bien et font le choix du viager. On va vers une paupérisat­ion de plus en plus importante de la population.

PROPOS RECUEILLIS PAR M. T.

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