Nice-Matin (Menton)

Tempête Alex : « mon père est mort ce matin à  h  »

Une audience civile s’est tenue, hier matin au Palais Rusca à Les familles venaient y demander à la justice de déclarer décédés leurs proches disparus le 2 octobre 2020.

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Serrés l’un contre l’autre, très émus, touchants, Eric Borello et sa femme Sabine auront passé à peine quelques minutes en chambre du conseil, hier matin, au coeur du Palais Rusca. Une audience civile à huis clos, présidée par la juge Danielle Salducci. Un moment d’éternité. D’intensité. « Mon père est mort ce matin à 9 h 45, résume Eric à la sortie. Dans les faits, il a bien été emporté le 2 octobre 2020 au côté de ma maman, dans la tempête Alex. Mais la justice l’a officielle­ment déclaré décédé ce matin. »

L’histoire de Josette et Léopold Borello, 83 et 88 ans, ses parents, avait fait le tour du monde. La vidéo de leur maison de Roquebilli­ère, engloutie avec le couple de retraités par les flots monstrueux de la Vésubie, avait illustré de la plus terrible des manières ce que peuvent être les dramatique­s conséquenc­es du changement climatique. Dire qu’Eric, 57 ans, attendait cette

Eric Borello et sa femme Sabine, venus faire acter par la justice le décès de Léopold Borello,  ans, disparu dans la tempête Alex. (Photo G. L.) repêchée au large de Narbonne le 15 novembre 2020. Restait le cas de son père. Il figurait au rang des huit personnes déclarées disparues dans la tempête.

Entre les murs du palais Rusca, Eric Borello et sa femme Sabine ont notamment croisé ce matin la détresse de la famille de Loïc Millo, sapeur-pompier volontaire de 31 ans, emporté lui aussi. « C’est très dur d’entendre que votre fils est déclaré décédé », témoigne Jocelyne Castelli, la maman de Loïc, larmes aux yeux, au milieu de la salle des pas perdus. Elle était accompagné­e d’Eloïse, grande soeur du disparu, et d’une proche. « Pour nous, Loïc est toujours là, on se bat pour lui, on se doit toujours d’être là pour lui. »

Dix-huit morts dont huit disparus

La tempête Alex a fait 18 morts (dix hommes, huit femmes), dont huit disparus. « Peut être judiciaire­ment déclaré, à la requête du procureur de la République ou des parties intéressée­s, le décès de tout Français disparu en France ou hors de France, dans des circonstan­ces de nature à mettre sa vie en danger, lorsque son corps n’a pu être retrouvé », stipule l’article 88 du Code civil.

Ludovic Manteufel, procureur de la République, a donc appuyé, hier, avec beaucoup d’empathie chacune des demandes. Souvent, il faut l’écrire, la justice sait être humaine. « Habituelle­ment ces procédures sont très longues, commente la maman de Loïc Millo. Je tiens à dire que l’associatio­n Montjoye, qui aide les victimes, a été d’un très grand soutien pour nous. Tout comme le procureur de la République. »

Même mots dans la bouche d’Eric Borello. Une forme de calvaire s’achève. Quoi de plus inhumain, en effet, que d’ouvrir quotidienn­ement sa boîte mail pour y découvrir des relances des administra­tions, des assurances, de La Poste. Comme si Léopold Borello n’était pas mort. « Comme s’il avait pris un avion », soupire son fils.

Attestatio­n de décès le  novembre

Depuis hier matin, la messe judiciaire est dite. Léopold Borello, 88 ans, est bien mort ce 2 octobre 2020 au côté de son épouse Josette, 83 ans. La justice l’a confirmé, ou presque. Les proches des disparus recevront le document officiel, l’attestatio­n de décès, le 9 novembre.

Pour la famille de Loïc Millo, pour celle du couple Borello, et pour les autres, rien ne changera. Cela ne ramènera pas leurs proches. Mais la justice les a entendus. «Onasenti qu’ils comprenaie­nt notre douleur, notre peine », conclut la maman de Loïc Millo.

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