Un barrage à Gibraltar, la solution contre la montée des eaux ?
Alexandre Meinesz, biologiste marin et professeur émérite de l’Université Côte d’Azur, a ressorti des cartons un projet de barrage imaginé dans les années 1920 par l’ingénieur allemand Herman Sörgel.
Pour sauver les meubles, en Méditerranée, face à la montée des eaux, il y a une solution. Elle paraît folle, utopiste, mais c’est de construire un barrage sur le détroit de Gibraltar. »
Le projet imaginé dans les années 1920 par l’ingénieur allemand Herman Sörgel est relancé par Alexandre Meinesz, professeur émérite de l’Université Côte d’Azur. Dans son livre Protéger la biodiversité marine, qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob, le biologiste marin estime que c’est la seule option face à la montée des eaux. Une élévation inexorable aux impacts économiques majeurs : érosion des plages, submersion des routes, voies ferrées, ports, aéroport de Nice...
Artificialisation du littoral méditerranéen
Cet ouvrage pourrait éviter que l’ensemble du littoral méditerranéen ne soit artificialisé, et que des dégâts considérables ne soient portés à la vie marine.
« Avec la montée des eaux, Les forêts sous-marines de posidonies régresseront significativement par manque de lumière, elles dépériront dans les zones les plus profondes et ne pourront pas coloniser en peu de siècles les nouveaux fonds inondés. Or c’est cette végétation marine dense qui abrite la biodiversité la plus riche en Méditerranée. »
Si la solution pour contenir le réchauffement climatique et l’élévation du niveau de la
Un barrage de km à Gibraltar qui laisse passer l’eau, un projet fou ?
(Photo Thomas Pesquet ESA) mer consiste à s’attaquer aux causes en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, il constate que «la lutte globale a commencé trop tard et elle n’est pas encore coordonnée et suivie par tous les États. »
Douze chutes du Niagara par seconde
Le barrage de Gibraltar tracé il y a un siècle par Herman Sörgel est en forme de coude.
« Il mesure 35 km de long et une hauteur de 300 mètres sur sa partie la plus profonde », détaille Alexandre Meinesz. L’ingénieur allemand avait planifié que le barrage pouvait être construit en moins de 10 ans. Dans ce détroit, les courants de surface, établis essentiellement de l’Atlantique vers la Méditerranée, représentent le volume d’eau équivalent à douze chutes du Niagara, par seconde.
« Cette force hydraulique colossale aurait permis d’actionner des turbines hydroélectriques et de produire une énergie équivalente à celle de 31 réacteurs nucléaires actuels. »
Avec le projet de Sörgel, le niveau de la Méditerranée aurait pu baisser jusqu’à moins 200 mètres pour gagner des surfaces de terres (600 000 km2). Mais dans sa version XXIe siècle, ce ne serait pas le dessein de ce barrage.
L’objectif principal de ce nouveau projet serait de maintenir le niveau de la Méditerranée à 20 cm en dessous du niveau actuel, pour retrouver celui du début du XXe siècle.
Pour quel coût ? Le scientifique