Nice-Matin (Menton)

Maisons fissurées à cause

La sécheresse inédite peut avoir des conséquenc­es sur votre maison, si elle est construite sur des sols argileux. Dans les Alpes-Maritimes comme dans le Var, de nombreuses zones sont à risque.

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Les Alpes-Maritimes et le Var viennent de vivre une longue période de sécheresse susceptibl­e de menacer la structure des habitation­s, surtout si elles sont construite­s sur des sols argileux.

« Les sols argileux ont cette propriété de voir leur volume varier en fonction de leur taux d’humidité. Quand ils sont saturés en eau, ils gonflent. En période de sécheresse, dans la phase où ces sols perdent leur eau, leur volume diminue. Cela se traduit sous nos pieds par des tassements, c’est-à-dire par un mouvement vertical du sol. Sous une maison individuel­le, ces mouvements, de l’ordre de quelques millimètre­s, vont la faire travailler, bouger. Selon leur intensité, ils peuvent provoquer des dégâts. Quelques millimètre­s suffisent parfois à endommager une maison », explique Sébastien Gourdier, géotechnic­ien spécialist­e du retrait/gonflement des sols argileux au sein du Bureau de recherches géologique­s et minières (BRGM), le service public français qui gère les sols.

Quelles habitation­s sont concernées ?

« C’est un phénomène qui ne touche quasi exclusivem­ent que les maisons, car ce sont des structures légères avec des fondations peu profondes (généraleme­nt situées entre 60 et 80 cm de profondeur). Or, les effets de la sécheresse ont un impact essentiell­ement dans le premier mètre du sous-sol. C’est la frange qui subit le plus les pertes d’humidité et les variations de volume », précise le spécialist­e du BRGM.

Structures plus massives avec des fondations plus profondes et des sous-sols aménagés, les immeubles sont nettement moins, voire pas du tout, concernés par ce type de mouvement de terrain. « Souvent, ce sont des fissures, généraleme­nt en diagonale, qu’on voit sur les façades extérieure­s. Elles touchent la maçonnerie, au niveau des angles des maisons. Cela peut aussi concerner les points de faiblesse comme les portes et les fenêtres. Dans les habitation­s endommagée­s, les gens nous disent : j’ai du mal à ouvrir telle fenêtre, ou bien cette porte ne ferme plus très bien » ,détaille le spécialist­e du BRGM.

Entre 1,6 et 2,4 milliards d’euros

Les dégâts aux bâtiments dus aux épisodes de sécheresse observés en France en 2022 devraient coûter entre 1,6 et 2,4 milliards d’euros, ce qui en ferait l’année la plus coûteuse pour ce type d’événements, selon les chiffres dévoilés il y a quelques jours par la fédération des assureurs.

« Les assurances restreigne­nt de plus en plus les remboursem­ents de ce risque-là. Car des promoteurs ont construit délibéréme­nt sur des zones à risque », explique notamment l’hydroclima­tologue Florence Habets. Une question cruciale alors que les projection­s promettent aux Alpes-Maritimes comme au Var une recrudesce­nce des épisodes de sécheresse dans les années à venir.

AURÉLIE SELVI (Photos Camille Dodet)

 ?? ?? Inès, agent immobilier de 34 ans vivant à Vidauban, a fait constater les fissures de sa maison par un huissier. Avant d’envoyer un courrier à la mairie.
Inès, agent immobilier de 34 ans vivant à Vidauban, a fait constater les fissures de sa maison par un huissier. Avant d’envoyer un courrier à la mairie.

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