Nice-Matin (Menton)

AUTO COUPE DU MONDE DES VOITURES DE TOURISME ÉLECTRIQUE­S (FIA ETCR) « Comme une libération »

Alors qu’il découvrait équipe, voiture et championna­t dans le camp Cupra, Adrien Tambay décroché son premier titre mondial. À 31 ans, de quoi sortir enfin de l’ombre paternelle...

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Survolté jusqu’au bout ! Le 25 septembre dernier, outre-Rhin, sur le Sachsenrin­g qui accueillai­t l’épisode 6 décisif de la saison 2 de la Coupe du monde des voitures de tourisme électrique, alias l’ETCR, Adrien Tambay a fait carton plein : 100 points, s’il vous plaît ! Un triomphe absolu synonyme de premier couronneme­nt au niveau internatio­nal pour lui qui avait mis les doigts dans la prise seulement cinq mois plus tôt grâce au constructe­ur espagnol Cupra. Ironie du sport, c’est en Allemagne, la patrie du fameux championna­t DTM où il a porté les couleurs d’Audi durant cinq ans sans trouver le chemin de la victoire (3 podiums, 1 pole position entre 2012 et 2016), que Tambay Junior vient de marquer de son empreinte les tablettes d’une discipline estampillé­e FIA. Au tournant de la trentaine, le digne fils de Patrick est parvenu à transcende­r son héritage.

Avec l’emblématiq­ue numéro 27 sur les portières...

Adrien, décrocher un premier titre mondial à 31 ans, ça fait quoi ?

Ça fait du bien. Beaucoup de bien. D’abord parce que je ressens d’un coup moins de poids sur mes épaules. En sport auto, vous savez, on n’a pas toujours l’opportunit­é de performer de façon régulière. Si cette chance se présente, il faut la saisir. Depuis le début de ma carrière, j’ai alterné des moments bons et moins bons. Là, tous les paramètres étaient réunis. J’en profite illico. C’est génial. Et c’est important, aussi. Un titre FIA vous offre un statut particulie­r. On ne me l’enlèvera jamais. Il restera sur le CV. Voilà, je le prends comme un juste retour des choses.

Si on vous avait prédit un tel destin il y a douze mois...

J’aurais répondu : « Pourquoi pas ? Je demande à voir. » D’accord, ce n’était pas évident d’imaginer repartir avec un constructe­ur, en tant que pilote d’usine, dans un programme 100 % pro. Quant à gagner d’entrée... Ça, oui, je pouvais l’envisager. À partir du moment où la voiture et l’équipe ont les moyens de se battre pour la victoire, je sais ce dont je suis capable. Je n’ai jamais douté de mon potentiel. Donc cette réussite ne me paraît pas incroyable. Pas du tout.

Dans quel état d’esprit avez-vous abordé la finale décisive ?

Difficile de faire abstractio­n de l’enjeu, de se dire que c’est une manche comme les autres. Au départ, naturellem­ent, il y a un surcroît de pression. Bon, avec 14 points d’avance sur Mattias (Ekström), j’avais mon destin en main. Il fallait juste accomplir le même job que lors des échéances précédente­s. Rester ultra-concentré afin de prolonger notre régularité jusqu’au bout. N’ayant jamais réussi le week-end parfait jusque-là, je me suis fixé cet objectif : marquer les 100 points. Cible atteinte ! Non sans avoir bien serré les fesses, je l’avoue...

Compte tenu de cet écart minime, il n’y avait rien à calculer ? Aucune gestion possible ?

Non, aucune marge de manoeuvre, même si on n’évoluait pas dans le même groupe, Mattias et moi. En fait, le suspense demeurera entier jusqu’à l’arrivée de sa superfinal­e. Il finit 3e. Un classement synonyme de sacre pour moi. De quoi disputer la mienne ensuite avec l’esprit libre. Et terminer de la plus belle des manières en coupant l’ultime ligne d’arrivée le premier.

À cet instant précis, vous pensez à qui, à quoi ?

Je pense à toutes les personnes qui comptent dans ma vie, dans ma carrière. Papa d’abord, bien sûr. Ma compagne qui va accoucher d’une petite fille ce mois-ci... Sans oublier l’équipe EKS Cupra, surtout Mattias, mon patron, mon rival, celui qui m’a permis de vivre cette magnifique aventure. Ce fut une émotion forte. Un instant d’éternité ressenti comme une libération.

Mattias Ekström vous ouvre les portes de son team et vous le détrônez. Il doit l’avoir mauvaise, non ?

À 44 ans, Mattias est engagé dans une période charnière. Toujours pilote mais aussi patron d’écurie. Il est venu me chercher en connaissan­ce de cause. En sachant qu’il prenait un risque. Finir 2e derrière un coéquipier, ça démontre qu’il peut faire gagner d’autres gars que lui.

Que c’est un boss correct, droit, intègre. Bien sûr qu’il aurait aimé passer la deuxième au palmarès... Mais je pense qu’il est sincèremen­t content pour moi. On a un vrai lien d’amitié.

Et votre père ? Avez-vous pu lui raconter tout ça ? Pas encore, hélas. Après une interventi­on chirurgica­le à Cannes, Papa est maintenant hospitalis­é à Nice. Très fatigué, trop affaibli, pour le moment. Je compte bien partager cette joie avec lui dès que ça ira mieux.

Ce succès a-t-il un petit goût de revanche ?

Ah oui, clairement !

Je le répète : cela m’enlève un poids. Vous me connaissez depuis longtemps. Vous savez que j’ai débuté ma trajectoir­e en étant un fils de... Le fils de Patrick Tambay. Depuis je cours pour me faire un prénom. Papa n’a jamais décroché de titre FIA. Donc je viens de réussir un gros truc propre à mon prénom. C’est un accompliss­ement.

En DTM, cinq ans durant, vous n’avez jamais pu vous inviter dans la course au titre. Là, par contre, sitôt arrivé, sitôt couronné ! Comment l’expliquez-vous ?

Très simplement : l’ETCR est un championna­t où priment le pilotage, l’adaptation, l’implicatio­n, la concentrat­ion. Jamais vous ne devez composer avec des facteurs politiques ou techniques. Autrement dit, ce n’est pas un ingénieur ou un réglage qui va faire la différence. En outre, depuis mes années DTM, j’ai engrangé pas mal d’expérience sur différents terrains, en rallye, course sur glace. De quoi étoffer mon bagage. Je me suis donc retrouvé au volant d’une voiture aboutie, compétitiv­e, dans une atmosphère propice à m’épanouir sportiveme­nt, aux côtés de gens qui croient en moi, me font confiance. Bref, il y avait toutes les clés pour réussir.

Un championna­t où le pilotage prime ”

Peut-on dire que la Cupra e-Racer était la meilleure voiture lors de cette saison 2 ?

Oui, il serait malvenu de prétendre le contraire. Mais il convient d’ajouter que les trois meilleurs pilotes du plateau roulaient pour Cupra (Mattias Ekström, à 47 pts, Tom Blomqvist, à 101 pts, et lui, ndlr).

Ce tir groupé aux avantposte­s résulte d’une combinaiso­n hommemachi­ne. D’ailleurs, en fin de saison, à Vallelunga et au Sachsenrin­g, je crois que nous n’avions pas la voiture la plus performant­e. Mais on a su tirer la quintessen­ce de notre matériel dans le money-time.

Et maintenant ? 2023, c’est déjà demain. L’an prochain, vous défendrez votre titre, bien sûr...

Si Cupra poursuit sa route en ETCR, on peut l’imaginer. Mais la décision reste à prendre. Moi, je

Une série télévisée exalte le Savoy et ses coulisses magiques(1). Élu manager de l’année 2021 du mythique palace londonien, Enzo Sigaut évoque dans ce feuilleton le niveau d’excellence des métiers liés à la restaurati­on et aux bars, ainsi que l’unicité du site, où se balade le fantôme du chef villeneuvo­is Auguste Escoffier. Enzo est directeur de la restaurati­on du Savoy, en charge des deux bars (American et Beaufort), d’un salon de thé et petits-déjeuners, et du room service. Une vraie vedette. Restée simple, mais fière « d’avoir réussi sans avoir eu de formation ou d’expérience, mais sans avoir attendu non plus que ça tombe du ciel ». La star de cette success story, nous l’avons rencontrée, car ce trentenair­e est né dans la vallée du Paillon. Où il revient régulièrem­ent retrouver sa famille et ses amis.

Des débuts d’opticien

Enzo naît à La Trinité il y a 32 ans. À 5 ans, ce fils d’assistante de direction à la CCI et d’employé chez ST2N, déménage à Drap. Bac scientifiq­ue. BTS opticien lunetier. « J’avais des facilités, mais je n’étais pas bosseur, admet le jeune homme.

La médecine m’intéressai­t, mais il fallait trop travailler. Pourquoi pas l’optique ? C’était une des matières qui m’avait le plus intéressé en terminale. » Il décroche un contrat chez un opticien du quartier de l’Ariane à Nice. Mais c’est l’envie de voyager qui le branche. Il part. À Londres. Avec un ami. Il n’a que 22 ans et ne parle pas un mot d’anglais. L’aventure commence. Pas dans l’optique, mais dans la restaurati­on, pour « vivre une expérience différente ».

La « méritocrat­ie » comme ingrédient

Le voilà au Sketch, sur lequel brille l’aura de Pierre Gagnaire. Enzo est commis de bar durant un an. Puis passe derrière le comptoir. «Jeme suis découvert une passion un peu similaire à l’optique à cause de la précision, de la qualité, de l’engagement avec la clientèle, de la création de connexions. En plus, c’était joyeux, festif. » Pour l’enfant de la vallée du Paillon, l’alignement des étoiles du destin est évident. Mais le travail, l’envie de s’accrocher, d’y arriver, flattent aussi les papilles du destin. Le Sofitel SaintJames, vaisseau amiral de la chaîne, près de Piccadilly Circus, le démarche. « C’était la première fois que j’entrais dans un cinq étoiles. J’y suis resté deux ans. » Changement de cap. Avec son pote, toujours à ses côtés, Enzo met les voiles. À Sydney, en Australie. Un client, rencontré à Londres, leur offre un emploi de barman. Excellente expérience. Renouvelée six mois plus tard chez un autre employeur. Mais l’envie de voyager se remet à flotter comme les glaçons. Road trip. Escale sur la Côte d’Azur. Stage au Fairmont de Monte-Carlo.

C’est alors que le Sofitel de Londres rappelle Enzo « pour être chef de bar et du lounge ». Encore beaucoup de boulot, « mais à Londres, ça marche à la... méritocrat­ie ! »

Une vertu que le jeune homme met dans son shaker. De 2016 à 2019. Là encore, que des éloges. Mais l’établissem­ent doit se rénover. Fermeture. Un signe... Durant les trois semaines de lifting, Enzo se retrouve au Savoy, cinq étoiles légendaire du groupe Accor. «À l’American Bar, qui vient d’être élu meilleur bar du monde. Pour moi, ce n’est que du bonus. »

Sorti de sa zone de confort

Gros coup de coeur avec les équipes. « Quelques mois après, un positionne­ment de responsabl­e d’un des deux bars s’ouvre au Savoy. J’y vais. Trois mois avant que l’hôtel ne ferme pour cause de crise sanitaire. » À la réouvertur­e, la hiérarchie restructur­e, licencie, repart sur des entretiens d’embauche. Toujours la baraka : « J’ai gardé mon job, et même plus, car je devais m’occuper du bar, de la restaurati­on, du room service. Là, je sortais de ma zone de confort : le bar. »

Les soucis sanitaires continuent. Deux fermetures, deux ouvertures. « Comme on ne pouvait plus servir les gens en intérieur, on a imaginé un pop-up bar, structure éphémère abritée par une verrière. Ce fut l’endroit le plus successful­l de Londres. » Tout ça fait mousser la promotion, propulsant Enzo à la direction de la restaurati­on, avec plus de soixante employés sous ses ordres.

Sapé comme un lord

Au total entre trois cents et quatre cents personnes évoluent sous l’enseigne. Sapé comme un lord, devenu parfaiteme­nt bilingue, la barbe taillée au millimètre près, le Trinitaire ne scénarise plus les liquides.

« J’aide les équipes à créer des listes de cocktails, je goûte, je donne mon avis. Les journées sont longues. Il faut toucher à tout. » Y compris au relationne­l : «Ce qui me passionne, c’est le côté humain, le service personnali­sé pour chaque client, l’hospitalit­é, que je connais depuis que je suis gamin. Chez mes grands-parents, mes parents, tout le monde débarque à la maison. » Comme pendant les vacances cet été loin du brouillard londonien. La galette à la farine de pois chiche, c’est tout de même mieux que la purée de pois. Alors, santé ! CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr 1. La série est passée au printemps sur ITV, elle est disponible sur le site internet de la chaîne.

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Adrien Tambay : « En sport auto, on n’a pas toujours l’opportunit­é de performer de façon régulière. Si cette chance se présente, il faut la saisir ».
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