Maryse Lancioni : toujours rebelle à  ans

Entourée de ses proches amis et de Stéphane Cherki, le maire d’Èze, Maryse Lancioni a fêté dimanche ses 108 ans : « Je suis née le 8 novembre 1907 à Vescovato en Corse », annoncet-elle d’une voix claire et enjouée, le regard pétillant de malice. Lorsqu’on lui demande le secret d’une telle longévité, la réponse ne tarde pas : « Je ne bois pas, je ne fume pas ». Et un sacré tempérament, serions-nous tentés d’ajouter… Car la vie de la doyenne est marquée par le sceau d’un caractère bien trempé.

Un caractère bien trempé

Ainsi, à 21 ans, l’âge légal de la majorité à l’époque, elle « fuit » la Corse et des parents un peu tyranniques, qu’elle aidait à vendre des légumes sur les marchés, pour arriver sur le continent à Nice : « J’étais bonne à tout faire car je n’avais pas de métier et en plus j’étais logée ». Elle se marie mais au bout de deux ans, elle « envoie balader » son mari. « Je suis une rebelle, je ne me laisse pas faire » : on l’aura compris. S’ensuivra une vie professionnelle bien remplie avec la tenue d’un petit meublé à Nice, un magasin de fleurs, des voyages : « Je suis allée aux États-Unis sur le “France”, c’est un sacré souvenir ». En 1945, le droit de vote est accordé aux femmes et Maryse ne se fait pas prier pour donner son avis : « C’est normal, il n’y a pas de raison que nous n’ayons pas les mêmes droits que les hommes ». En 1974, elle arrive à Èze, bord de mer, « à l’époque, les villas coûtaient deux sous italiens, maintenant, elles ont une valeur extraordinaire. Moi, je ne suis pas riche ». Mais riche de souvenirs qu’elle aime partager, oui. Plusieurs fois par semaine, elle prend le bus pour aller faire ses courses au supermarché de Beaulieu, toute seule. L’actualité l’intéresse beaucoup : « Je trouve que l’époque est difficile, on ne se sent plus en sécurité nulle part ». Quand elle quitte sa Corse natale, Maryse laisse derrière elle beaucoup de souvenirs et un amoureux qui mettra cinq ans à la chercher sur le continent : « Quand il m’a trouvée, il est décédé, cinq ans à me chercher, c’est extraordinaire, non ? », s’émeut-elle un instant. Lorsqu’on lui donne rendez-vous l’année prochaine, la réponse fuse : « En Corse, on dit si Dieu le veut » avant d’ajouter, toujours aussi pleine de malice : « Moi, je veux bien ».

Maryse Lancioni est doté d’un sacré tempérament : le secret d’une telle longévité ? (Photo J.-M. P.)