Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Les CRS de Montagne se font entendre en préfecture
La guerre des secours en montagne est relancée avec la manifestation bruyante, hier, d’environ 130 CRS devant la préfecture à Nice. Une première en 60 ans
Cornes de brume, cloches, sifflets… un cortège très bruyant de 150 CRS mécontents s’est présenté hier, vers 13 h 15, devant la préfecture des Alpes-Maritimes. À l’appel du syndicat Unité SGP Police-FO, des CRS de montagne venus des Pyrénées, des HautesAlpes et des Alpes du Nord sont venus prêter main-forte à leurs 18 collègues des Alpes-Maritimes qui se sentent menacés. Alors qu’ils assuraient le secours en montagne, en alternance avec les gendarmes du PGHM, l’arrivée des sapeurs-pompiers comme troisième acteur depuis 2010 ne cesse d’alimenter les polémiques. Les sapeurs-pompiers, qui gèrent les appels, sont accusés de privilégier leurs équipes de secours au détriment des policiers et des gendarmes. Les préfets successifs avaient bien tenté de mettre de l’ordre en redéfinissant des schémas d’intervention, rien n’y fait. Les 18 CRS de Montagne (à l’instar des gendarmes spécialisés), interviennent de moins en moins dans les Alpes-Maritimes. D’où la pose d’un cercueil symbolique devant la préfecture et les banderoles brandies hier en tête de cortège où l’on pouvait lire : « Plan de secours bafoué, victimes et secouristes en dangers », « Respect des acteurs historiques », « Gaspiller l’argent public nuit gravement aux contribuables »... Nicolas Comte, secrétaire général adjoint d’Unité SGP Police FO, parlophone en main, espère « que le bruit remontera jusqu’à la place Beauvau », au ministère de l’Intérieur. Le représentant syndical accuse clairement les sapeurspompiers qui, eux, refusent d’entrer dans la polémique et renvoient vers le préfet, leur autorité opérationnelle. « Les sapeurs-pompiers dispatchent les secours. Ils sous-évaluent les difficultés pour garder les interventions, se plaint Nicolas Comte. Et quand des mesures sont prises, elles ne sont pas appliquées. » Référence au plan départemental de secours en montagne qui définit qui fait quoi. Dernier argument, financier celuilà, avancé par Nicolas Comte : « Dans le 06, le secours en montagne coûte plus cher qu’ailleurs mais est moins efficace. C’est donc la population qui se retrouve en danger. » Les gendarmes du PGHM gardent le silence, (droit de réserve oblige) mais n’en pensent pas moins. L’an passé, 120 fiches d’incidents ont été remplies. Nicolas Comte finit par une formule choc : « Un ménage à trois, ça ne fonctionne pas. » Même si dans certains départements, policiers gendarmes et sapeurspompiers travaillent en bonne intelligence. Qui dans les Alpes-Maritimes sera à terme éjecté des secours ? Avec seulement 60 interventions l’an passé, les CRS se sentent clairement menacés.