Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Il abandonne sa voiture en panne causant un carambolage sur l’A
Le tribunal correctionnel de Draguignan a été confronté hier à un comportement d’une imprudence folle, qui a causé le 31 décembre dernier un carambolage sur l’autoroute A8, en voie sud, entre Fréjus et Les Adrets. Pour l’enchaînement de délits, à l’origine de cet accident qui n’a heureusement fait qu’un blessé léger, Loutfi Bouzaiane, 49 ans, a été condamné à dix-huit mois de prison ferme, avec maintien en détention. Une peine qui se rajoute aux nombreuses condamnations précédentes, qui ont déjà conduit ce Cannetan pendant seize ans de sa vie derrière les barreaux.
Une voiture volée
S’il fallait l’en croire, c’est pour rendre visite à un employeur à Fréjus que Loutfi Bouzaiane avait pris le volant, en ce soir de la Saint-Sylvestre. Le permis de conduire ? Il ne l’avait plus depuis belle lurette, après avoir perdu la totalité de ses points, ce qui lui avait déjà valu deux condamnations. Il n’avait pas davantage de voiture. Qu’à cela ne tienne, il avait conservé le double des clefs du domicile de son ex-compagne au Cannet-Rocheville. C’est ainsi qu’il s’est emparé de la voiture de celle-ci pour se rendre à Fréjus. Mais vers 19 h 30, sur la route du retour, il a perdu le contrôle du véhicule, qui a heurté le rail de sécurité pour finir par s’immobiliser en pleine voie, sur la chaussée sud de l’A8. « Elle n’a pas redémarré », a-t-il indiqué au tribunal. Loutfi Bouzaiane a donc abandonné sur place la voiture, tous feux éteints et sans signalisation de sécurité, à la nuit tombée, au milieu du trafic chargé de ce soir de fête, et a pris ses jambes à son cou. L’accident était immanquable. Il a impliqué quatre véhicules, sans faire de mort ni de blessé grave, ce qui relève quasiment du miracle sur cette portion ouverte à la circulation à 130 km/h. L’enquête a finalement permis de le retrouver neuf mois plus tard, au CannetRocheville. Il y vivait sans domicile fixe, mais avait une adresse postale au centre d’action sociale de la ville. Il s’est rendu sans difficulté à sa convocation et a reconnu l’intégralité des faits.
Lourd passé
« Je m’excuse. J’ai été bête d’avoir fait ça. Je suis désolé », a-t-il conclu l’air fataliste. Il pouvait l’être, face au procureur Michael Darras, qui a requis deux ans de prison ferme. Non sans avoir souligné que le casier judiciaire de Loutfi Bouzaiane comportait quatorze condamnations depuis 1991, dont une devant les assises des Alpes-Maritimes, «et les sept dernières pour des délits routiers ».Me Mélanie Junginger, qui assure sa défense depuis dix ans, a fait valoir que le prévenu avait tout de même fait quelques progrès. « Après des condamnations lourdes, il a cessé la drogue, il a respecté son suivi judiciaire, et il a répondu immédiatement à sa convocation pour assumer les faits. » Au moment du choix de la peine, sa défense n’a pas été vaine. G. D.