Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Isabelle Bonnet : « Là pour Estrosi monte au front pousser un cri de colère » sur le terrain économique...

- TH. P. TH. P.

Au moins, à Lutte ouvrière, on ne fait pas semblant. Le parti de Nathalie Arthaud, qui a succédé en 2008 à l’historique Arlette Laguiller, continue de camper sur une logique révolution­naire plus qu’électorale. Inutile donc de s’aventurer à demander à ses candidats leur programme pour les régionales, on s’y casse les dents. « On n’a pas de programme et vous pouvez l’écrire, attaque Isabelle Bonnet, enseignant­e et tête de liste de Lutte ouvrière aux régionales. Ça ne sert à rien, nous savons très bien que nous ne serons pas élus à la tête de la Région, il ne faut pas rêver. Le concret, c’est du bidon ! Nous sommes là avant tout pour pousser un cri de colère, pour que les travailleu­rs prennent leurs affaires en main. » Faire entendre le camp des travailleu­rs, c’est d’ailleurs l’intitulé de la liste conduite par Isabelle Bonnet. À travers une idée aussi forte que simpliste : l’interdicti­on des licencieme­nts, en répartissa­nt le travail entre tout le monde. Et, à défaut de solutions concrètes pour y parvenir à l’échelon régional, de fustiger «les patrons qui font des profits indécents ou les petits qui vont mal parce que les grandes entreprise­s prennent leurs marchés ».

La gratuité pour les trajets de travail

Danièle Bartoli, ouvrière, tête de liste dans les Alpes-Maritimes, avance quand même une propositio­n tangible. Celle-ci concerne les transports : « Il faut les rendre gratuits pour tous les salariés sur le trajet domicile-travail. » Voilà au moins une position concrète, dont il faudra se contenter. Pour le reste, vous l’aurez compris, Lutte ouvrière invite surtout ceux qui en éprouvent le besoin à « un vote de colère et de protestati­on ». « Nous ne pourrons rien faire sans la mobilisati­on des travailleu­rs », martèle Isabelle Bonnet qui dénonce « la continuité entre les politiques de la gauche et de la droite. Hollande, Sarkozy et Valls se retrouvent dans le même cynisme, la même arrogance et le même mépris de classe ». Selon un récent sondage Ifop, les actifs de Paca voteraient plus volontiers en décembre pour Marion Maréchal-Le Pen que pour Christian Estrosi, lequel ferait en revanche le plein chez les retraités. Une situation que le maire de Nice vit mal, lui qui estime, dans sa ville et dans sa Métropole, jouer un rôle de fer de lance en matière économique. Il vient donc de rédiger une tribune, cosignée par une centaine de chefs d’entreprise de la région, dans laquelle il exprime tout le mal qu’il pense du programme économique du Front national, bien trop flou à son goût et vante, au contraire, les grandes qualités du sien… « Nous défendons une vision qui consiste à apporter une attention à toutes les entreprise­s dès que l’emploi est en jeu. Le rôle de la Région, c’est d’aider les start-up à émerger, d’aider les TEP à grandir et les PME à devenir des entreprise­s de taille intermédia­ire, d’aider les soustraita­nts en structuran­t les filières. Nous proposons ainsi de nous intéresser à l’ensemble des entreprise­s de nos territoire­s, quelle que soit leur taille, pas seulement aux petites. » Il dénonce aussi la volonté de Marion Maréchal-Le Pen d’aider uniquement les entreprise­s ayant leur siège social dans la région.

« Repli économique »

« Le repli sur soi vaut donc aussi en matière économique au FN. Nous portons là encore une autre vision : celle qui consiste à attirer et à accompagne­r des entreprise­s, fussentell­es étrangères dès lors qu’elles créent de l’emploi dans notre région. Imaginez : si le maire de la 5e ville de France était Front national, il aurait donc laissé IBM relocalise­r ses activités à l’étranger plutôt que dans la région. Face à des slogans simplistes et à des idées cent fois ressassées ces trente dernières années, nous opposons un projet d’avenir, basé sur l’innovation et porteur d’emploi. » Dans sa tribune, Christian Estrosi stigmatise enfin les contradict­ions entre le programme national très à gauche du FN et celui d’essence beaucoup plus libérale de Marion Maréchal-Le Pen pour Paca. « À la Région, elle s’engage à favoriser le travail. Au plan national, elle promet le retour de la retraite à 60 ans qui emporte un coût de 20 milliards d’euros… »

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Isabelle Bonnet et Danièle Bartoli, candidates de Lutte ouvrière aux régionales, ici à Nice. (Photo Th. P.)

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