Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Brexit » : Cameron détaille ses exigences
Le Premier ministre britannique a présenté quatre objectifs en matière économique et monétaire, de souveraineté législative et de contrôle de l’immigration
David Cameron a menacé hier de sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne s’il n’obtenait pas les réformes qu’il réclame, en présentant ses exigences avant un référendum qu’il considère comme la « décision d’une vie » .La Commission européenne a immédiatement réagi en jugeant certaines demandes « hautement problématiques », alors que la chancelière allemande Angela Merkel se disait « raisonnablement confiante » sur un accord avec Londres.
Renforcer le rôle des parlements nationaux
« Je suis tout à fait confiant que nous obtiendrons un accord avec l’Union européenne qui convienne au Royaume-Uni », a déclaré le Premier ministre britannique. Sinon il faudra « reconsidérer notre appartenance » ,at-il averti, réaffirmant qu’il n’excluait «rien» et que son pays pouvait tout à fait vivre en dehors de l’Union. Il a détaillé quatre demandes dont le contenu avait déjà été distillé depuis sa décision, il y a près de trois ans, de tenir un référendum avant fin 2017.
(1) Le Premier ministre britannique réclame ainsi que l’Union européenne reconnaisse qu’elle est un club à plusieurs monnaies, et ne désavantage pas les États non-membres de la zone euro dans ses décisions; que l’accent soit mis sur la compétitivité du marché unique, avec notamment une simplification des réglementations. Il veut par ailleurs que son pays soit exempté de l’obligation d’aller vers
« une union sans cesse plus étroite »,
et appelle au renforcement du pouvoir des parlements nationaux, afin que ceux-ci puissent s’opposer à une loi européenne. Enfin, il demande de mieux pouvoir contrôler l’immigration de citoyens européens, avec par exemple la possibilité de supprimer les aides sociales pendant quatre ans. Les réactions ont été mitigées. La chancelière allemande Angela Merkel a estimé qu’il y a des demandes « difficiles et d’autres moins difficiles »,
tout en se disant « raisonnablement confiante [dans le fait] que ça peut réussir ». « Nous voyons un certain nombre d’éléments qui apparaissent faisables », a renchéri un porte-parole de la Commission, mais aussi
« certaines choses hautement problématiques ».
Le leader de l’Ukip pas satisfait
Les analystes jugent possible un accord sur les trois premiers points, autrement dit une reconnaissance de fait du statut à part (hors zone euro et espace Schengen) de Londres, visant à préserver les intérêts de la City. En revanche, la dernière revendication est plus épineuse, car elle remet en cause le principe d’égalité entre citoyens européens. Des revendications pourtant jugées insuffisantes par Nigel Farage, leader de l’Ukip et fer de lance des « proBrexit » (partisans d’une sortie de l’Union européenne) : David Cameron
« ne demande pratiquement rien » ; « son discours est une tentative de dessiner une nouvelle “troisième voie” qui n’existe tout simplement pas » ,at-il estimé. 1. Ce qui avait pour but de calmer les eurosceptiques de son camp conservateur, et de contrer la progression du parti europhobe Ukip.