Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
L’Europe perd l’une de ses figures historiques
Chancelier allemand de 1974 à 1982, Helmut Schmidt s’est éteint hier à 96 ans. Social-démocrate convaincu, il était très respecté bien au-delà de son pays
Grande figure de la social-démocratie européenne, connu pour son franc-parler, l’ancien chancelier Helmut Schmidt est décédé hier à 96 ans en laissant notamment comme héritage la relance du couple franco-allemand dans les années 1970. Opéré en septembre pour un caillot de sang dans une jambe, l’ex-dirigeant socialdémocrate, qui fut chancelier de 1974 à 1982, s’est éteint chez lui à Hambourg. Ce fumeur invétéré, petit-fils de docker et grand connaisseur des questions économiques, était resté présent dans le débat politique, commentant la crise grecque, celle de l’Ukraine… ou encore critiquant le manque de compétence en finances d’Angela Merkel.
La création du SME et de l’Ecu
Son charisme et ses analyses ont prolongé son influence bien au-delà de son mandat à la chancellerie, faisant de lui l’une des figures les plus respectées du monde politique allemand. Bien que de bords politiques différents, lui et le président français Valéry Giscard d’Estaing avaient incarné l’amitié franco-allemande et la relance du projet d’intégration européenne. Leur travail après le choc pétrolier aboutit au Système monétaire européen (SME) et en 1979 à l’Ecu, ancêtre de l’Euro. Homme de compromis, il n’avait pourtant pas la langue dans sa poche. Schmidt hérita ainsi du sobriquet de « Schmidt-Schnauze » (« Schmidt la grande gueule ») du fait de ses piques lancées aux autres politiques ou aux médias, telles que « Journalistes et politiciens partagent le triste destin de parler souvent de choses aujourd’hui qu’ils ne comprendront vraiment que demain ». Né le 23 décembre 1918 à Hambourg (nord), diplômé en économie, mobilisé dans la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale, Helmut Schmidt adhère au Parti social-démocrate (SPD) en 1946 et devient député en 1953.
Détente avec l’Est
Ministre de la Défense en 1969, poste qu’il cumule avec celui des Finances de 1972 à 1974, c’est nanti d’une réputation de meneur d’hommes qu’il succède au