Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Deux Niçoises au coeur de la crise des migrants

Teresa Maffeis, militante associativ­e, et Aurélie Selvi, journalist­e à « Nice-Matin », viennent de publier « Les Sentinelle­s, chroniques de la fraternité à Vintimille ». Un récit plein d’humanité

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr (1) Éditions Max Milo, 280 p., 19,90 euros.

La première est une figure niçoise. Verte, pas seulement de la tête aux pieds. Verte dans le coeur et les tripes. Pas repeinte au gré du vent. C’est Teresa Maffeis, que l’ancien maire Jacques Peyrat avait surnommée avec acrimonie la « punaise verte », militante qui déteste l’outrance dans les combats et pour qui environnem­ent, fraternité et solidarité vont de pair. Teresa Maffeis devenue un symbole, au fil du temps. Celui de la lutte contre l’extrême droite, de l’aide sans fanfare aux migrants, de la scolarisat­ion des enfants roms…

Quatre mains, un coeur

Menue, mais costaude, elle tient d’une main de velours, qu’elle peut ganter de fer, les rênes d’ADN, l’Associatio­n pour la démocratie à

Nice, qu’elle a fondée en 1991. La seconde, parce que c’est un livre de femmes, est Aurélie Selvi, journalist­e à Nice-Matin après avoir largement fait barouder sa plume trempée, dès que possible, dans les sujets sociaux et environnem­entaux. Un sourire sur gambettes à l’énergie dévorante, qui a passé deux ans de son existence à travailler sur la rétention des étrangers. À quatre mains, mais d’un seul coeur, ces deux femmes ont posé sur papier des miettes de vie. Celles des migrants, de ces femmes, ces hommes, ces enfants – tunisiens, érythréens, syriens ou encore somaliens – qui ont fui les zones de conflit ou la misère. Celles de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, de façon éclair ou dans la durée, n’ont pas fermé les yeux et leur ont tendu la main. Associatio­ns ou anonymes. À deux, elles ont posé leur regard si différent sur ce que les médias ont froidement appelé « la crise des migrants » autopsiant Vintimille, cette frontière italienne qui a tout vécu depuis ces dernières années, entre souffrance et espoir. Elles ont écrit sur cette Méditerran­ée qui a englouti tant de rêves avec une violence inouïe.

Aucun manichéism­e

Grâce à leur journal de bord, Teresa et Aurélie, 71 ans et 34 ans, laissent une trace essentiell­e : les mots vrais d’une situation entre deux eaux. Où tout n’est pas noir d’un côté et blanc de l’autre. Un bouquin, sans donner de leçons. Avec l’intelligen­ce de s’extirper du manichéism­e. Les Sentinelle­s, chroniques de la fraternité à Vintimille est un

(1) récit « instinctif », écrit au fil de l’histoire, parfois très dur. Parfois beau. Mais, c’est avant tout une ode à la solidarité, à la fraternité. À tous les êtres humains qui ont « simplement » aidé d’autres êtres humains. Une ode à la vie.

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(DR) Teresa Maffeis et Aurélie Selvi.

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