Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Les objectifs du maire à mi-mandat
A mi-mandat, le maire de Nice a remanié sa majorité pour s’adapter aux mutations de la société. Quatre enjeux : la proximité, le vivre ensemble, l’écologie et l’intergénérationnel
Pourquoi Christian Estrosi at-il décidé de remanier son exécutif ? De remodeler sa majorité ? Pourquoi a-t-il décidé de refondre son conseil municipal? De créer de nouvelles délégations et d’en redispatcher certaines autres ? Pour le maire de Nice, «la ville, c’est la vie». «On aura beau faire les plus jolis bâtiments, les plus beaux stades, si, à l’intérieur, il y a un problème de cohésion, si on n’arrive pas à donner de l’espérance aux gens, si les gens restent craintifs, individualistes, s’ils ne sont pas heureux, alors, à quoi ça sert ». Voilà ce qu’il dit être l’objectif de sa fin de mandat. Ses objectifs à mi-chemin…
Pourquoi ce remaniement et pourquoi maintenant ?
Nous sommes à mi-mandat et depuis maintenant mois j’ai procédé à des ajustements par rapport aux enjeux à venir. C’est toujours en début de mandat qu’on consacre les efforts pour lancer le plus vite possible les gros chantiers structurants de la ville. C’est encore plus simple, lorsqu’il s’agit du deuxième mandat, car des choses que nous sommes en train de réaliser ont été pour beaucoup entamées lors du premier. Aujourd’hui, j’en suis au point, même si le risque zéro n’existe pas, où tout ce que nous avons impulsé sur la restructuration de la ville et de la métropole, sur son organisation territoriale, de la technopole Nice Méridia, le Grand Arénas jusqu’aux transports et aux grands projets de réhabilitation, place Saint-François, gare du sud, le multiplexe, l’aménagement du Ray, tout cela n’est plus maintenant qu’une affaire de suivi par les services et l’administration. Je n’ai plus besoin d’y consacrer une impulsion politique personnelle forte. Même si les investissements vont continuer à être soutenus jusqu’au bout, notamment en ce qui concerne les transports et le tram, toute l’énergie que j’avais à consacrer à ces gros dossiers, je vais maintenant le consacrer à l’adaptation à l’évolution de la société.
C’est-à-dire ?
On voit, aujourd’hui, la société qui change, qui évolue à une vitesse inimaginable. Il y a plusieurs facteurs à ça, la dégradation d’un climat où le terrorisme pèse pour beaucoup avec la montée de la radicalisation dans un certain nombre de quartiers. D’ailleurs, je note que ce sujet est devenu transversal, de droite à gauche, alors qu’il y a ans c’étaient des sujets propres à la droite. Aujourd’hui tout le monde est d’accord sur le constat, par exemple, que restructurer les quartiers, ce n’est pas simplement se dire on démolit on reconstruit pour faire une opération d’urbanisme, c’est aussi régler des problèmes de société, de mal-être profond, de zones de non droit.
La société change, les priorités aussi…
Avant dans les instances locales, nationales, européennes, on se réunissait pour parler assainissement, biotope, ou comment le nord peut financer le sud, etc. Aujourd’hui, on se réunit et on parle en premier du terrorisme, ensuite les alertes sur le climat. On peut y ajouter les problèmes de flux migratoires qui ne sont plus de la même nature. Avant, ils étaient le fruit de notre histoire, celle de la colonisation, aujourd’hui, c’est la Syrie l’Irak, etc. On traite des flux différents et donc des problèmes différents.
La communication, les transports…
En , il y avait millions d’utilisateurs de Facebook, aujourd’hui milliards. Et, avec, leur influence sur n’importe quel sujet de société, positive ou négative. Et d’un autre côté, l’évolution de la mobilité pour faire des villes propres. En , il y avait voitures électriques, aujourd’hui, ! Tout ça positionne des politiques nouvelles.
Donc après avoir réorganisé votre administration et votre cabinet, vous remaniez votre majorité…
J’ai souhaité une nouvelle répartition des tâches dans ma majorité pour répondre à quatre enjeux que nous avons identifiés.
Lesquels ?
La proximité, ce n’est pas nouveau, mais celle d’aujourd’hui, n’est pas celle d’hier. Sur les transports par exemple, les attentes ont changé. Aujourd’hui, il ya bus qui empruntent le trajet que va parcourir la ligne du tram. Ils n’auront plus de raison de circuler. On n’aura pas investi presque un milliard d’euros sur un transport en commun en site propre extrêmement moderne pour continuer à faire rouler des bus au diesel qui encombrent la cité et qui rejettent du CO.
La proximité, c’est aussi la sécurité
Des moyens d’action de la police municipale. Là aussi les attentes ont changé, au niveau des parcs et jardins, ou encore sur la présence dans les écoles. En , pas un parent n’aurait demandé à y avoir un policier. La proximité, c’est aussi le débat grande surface, petits commerçants. En réalité la concurrence, c’est l’e-commerce. Alors, comment accompagner ces commerces de manière attractive, comment mieux adapter le stationnement…
Deuxième enjeu, l’écologie
L’écologie, le numérique et la mobilité douce. Notre deuxième adjoint, Véronique Paquis, a désormais la délégation écologie, c’est plus large qu’environnement. Et nous avons créé une subdélégation confiée au docteur Alziari-Nègre. Je pense, entre autres, au plan climat, où nous nous engageons dans une dynamique afin de contenir le réchauffement climatique sous la barre des °C. Je pense aussi à la signature d’un partenariat avec les WWF… Nous avons aussi des progrès à faire sur le tri par exemple où il faudra être encore plus performant. Sur la mobilité, il faut tabler sur les infrastructures propres. On assiste à une montée en puissance des abonnements des voitures électriques, on attend beaucoup de la mise en circulation prochaine des scooters électriques… D’ailleurs la terminologie de la délégation a changé : ce n’est plus transports, mais mobilité, cela inclut aussi le piéton.
Vous voulez aussi aller plus loin dans le vivre ensemble…
C’est un sujet majeur pour apaiser les tensions dans la société. Je vais renforcer l’action d’Alpes-Maritimes Fraternité. Je pars du principe qu’il n’y a pas d’obscurantisme, il n’y a que des obscurantistes. Le vivre ensemble c’est aussi et surtout les actions culturelles, je souhaite davantage d’ouverture, c’est un sujet majeur en terme de cohésion sociale, ; la culture ça rassemble tout le monde. On doit aussi voir pour faire de nouvelles animations dans les quartiers, dans le budget je veux faire voter un fond spécifique pour organiser cela. Et j’ai aussi créé une délégation mécénat pour l’organisation d’événements, mais aussi pour poursuivre le programme de réhabilitation du patrimoine.
Enfin, l’intergénérationnel…
Je veux donner à la citoyenneté des seniors une dimension encore plus grande, il faut faire preuve d’imagination, et avec les jeunes, je veux passer un contrat social. En janvier, il y aura les états généraux de la jeunesse, en mars on en aura les conclusions et à la rentrée prochaine on mettra en place ce contrat, avec un volet sport, logement, santé, culture, etc. On envisage par exemple, dès l’an prochain de payer le permis de conduire à des jeunes, en échange ils donneront de leur temps an faveur de personnes âgées…