Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Jusqu’à deux ans ferme pour le racket du Hi Hôtel

Le tribunal correction­nel de Nice a prononcé hier des peines d’un à deux ans de prison ferme pour une tentative de racket sur la patronne du Hi Hôtel et du Hi Beach, à Nice

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr 1. Renommés de pui sS pity hôtel etSpity Be a ch.

lus elle témoigne, longuePmen­t,

à la barre, plus on la sent fragile, émue. Melissa Thiercelin finit par fondre en larmes. Hier, la directrice du Hi Hôtel et du Hi Beach(1) a pourtant fait preuve d’un courage exemplaire, salué par le procureur de la République. Fait rarissime, elle est venue témoigner contre ceux qui ont tenté de lui extorquer de l’argent. «On est passés plusieurs fois au Hi Beach et au Hi Hôtel, c’est 8000 euros par mois, sinon on fait tout brûler.» Voilà le genre de textos, assaisonné­s d’appels tout aussi menaçants, que la jeune directrice qui venait d’ouvrir son affaire, a reçus entre septembre et décembre 2015.

Elle refuse de payer

Le 8 octobre 2015, le racket prend une autre proportion: «Maintenant c’est 100000 euros.» Le9 octobre: «Je vous croyais plus intelligen­te que ça, ne vous étonnez pas de ce qui va se passer, on vous aura prévenue.» La directrice, terrorisée, mais préservant son personnel pour ne pas l’affoler, alerte la police. «Allez au commissari­at Foch, ils vont vous expliquer et feront le reste avec vous», rétorque-t-elle courageuse­ment aux racketteur­s lors du dernier appel. Elle a toujours refusé de payer. Trois hommes sont arrêtés. Ils comparaiss­aient hier devant le tribunal correction­nel de Nice. Sidy Diop, 25 ans, un sans-papiers sénégalais qui a passé les appels, Jonathan Thomas, 33 ans, travaillan­t dans la restaurati­on à Nice; et enfin Didier Garcia, 53 ans, surnommé «l’oncle corse», sans être par ailleurs ni oncle de qui que ce soit dans ce dossier, ni Corse.

Un pistolet  mm et une cagoule

Possédant des parts dans une brasserie niçoise, il doit son surnom à un casier judiciaire très ancien, pour une affaire de plastiquag­e d’hôtel et d’extorsion de fonds sur l’île de Beauté. Sidy Diop a tout avoué aux enquêteurs, affirmant qu’il était en contact avec Jonathan Thomas pour ce coup, lui-même prenant ses ordres, selon lui, chez Didier Garcia. Chez Jonathan Thomas, déjà condamné pour violence avec armes, on a retrouvé nombre de montres de luxe, des sacs de marque, mais aussi des armes, dont un pistolet 9 mm chargé dans la voiture. Et une cagoule. «Elle ne fait ni penser à la moto, ni au ski», ironise la présidente, Catherine Bonnicci. Les enquêteurs ont également mis la main sur une des cartes Sim utilisées par Diop. Le dossier semble plus léger pour Didier Garcia, l’accusation se fondant uniquement sur les accusation­s de Diop. «Ce comporteme­nt, demander 8000 euros puis 100000 euros, ce qui ne veut absolument rien dire, c’est celui de gens qui bricolent, aux abois, désorganis­és, le contraire de ce que vous reprochez à nos clients», tonne Me Michel Amas pour Jonathan Thomas. Me José Bertozzi, avocat de «l’oncle corse», dénonce un dossier aux fondations «marécageus­es dont la logique voudrait qu’il s’effondre». Pour Sidy Diop, Me Laurence Bourdier rappelle que les faits sont reconnus mais que son implicatio­n s’est bornée à passer des appels. Le tribunal a finalement condamné ce dernier à un an ferme. Jonathan Thomas et Didier Garcia écopent de deux ans ferme. Tous ont été condamnés à indemniser la victime pour le préjudice moral, mais aussi matériel. Prise de panique, la directrice avait embauché des vigiles pour protéger son établissem­ent.

 ?? (Photo Frantz Bouton) ?? Le Hi Hôtel a changé depuis de nom, devenant le Spity Hôtel. Il possède son pendant sur la plage.
(Photo Frantz Bouton) Le Hi Hôtel a changé depuis de nom, devenant le Spity Hôtel. Il possède son pendant sur la plage.

Newspapers in French

Newspapers from France