Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Une chapelle orthodoxe en sursis rue Fodéré

Depuis les années 1960, une ex-cave à charbon est devenue lieu de culte rattaché au Patriarcat de Serbie. La mise en vente de l’immeuble menace la survie de ce petit bijou dédié à la Vierge

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Àl’heure où des chrétiens sont mis dehors, sauver une chapelle, est un combat.» Ce combat Auguste Vérola en a fait le sien. Le vice-président du conseil départemen­tal veut préserver le sort de la chapelle de la Dormition de la Vierge. Une chapelle orthodoxe francophon­e, rattachée au diocèse d’Europe occidental­e du Patriarcat de Serbie, située 3, rue Fodéré, au Port. Au rez-de-chaussée d’un immeuble. Dans un ancien local à charbon. Malheureus­ement, l’immeuble est en vente. Le lieu de culte aussi. L’associatio­n cultuelle chargée de gérer l’endroit, n’a pas les moyens de racheter cette chapelle. Fin d’une aventure spirituell­e? Hélas! Oui. Sauf si un miracle se produit…

Bijou artistique en sursis

Même si la chapelle est dédiée à la Dormition de Marie, croyance selon laquelle, la Vierge est morte sans souffrir, dans une paix spirituell­e, il serait dommage d’envoyer ad patres ce minuscule morceau du ciel posé sur terre. Un ailleurs, dont la céleste odyssée débute dans les années 1960, avec Eugraph Kovalevsky, premier prêtre de la chapelle, également évêque de Saint-Denis (lire par ailleurs) .Ilest l’auteur des peintures murales. Tous les saints locaux sont représenté­s : Réparate, Marguerite, Honorat, Hospice, Pons… Tous là au milieu des orangers, citronnier­s, oliviers, genêts, mimosas, pins, palmiers… Ressuscité­s à la peinture acrylique. Pieuse cohabitati­on avec toutes les étapes de la vie de la Vierge en bleu. Ces dessins sont de pures merveilles. Statues, croix, icônes, dorures, autel de poupée, tapis richement décorés, complètent l’ambiance hors de l’espace et du temps. Depuis plus de 50 ans, au coeur de cette atmosphère inédite, la liturgie de rite orthodoxe est célébrée en français. Baptêmes, mariages, obsèques s’y sont succédé. Jusqu’à quand? «La propriétai­re de l’immeuble, qui avait accepté de nous louer la cave, est décédée voilà un an, raconte Bertrand Bouissou, président de l’Associatio­n cultuelle orthodoxe Notre-Dame de la Dormition. Les héritiers, qui sont plusieurs, veulent vendre le bâtiment en plusieurs lots, y compris la chapelle puisque les murs leur appartienn­ent. Nous ne sommes que locataires et notre bail, reconducti­ble tous les trois ans, se termine fin août.»

Espérer quand même

Bertrand, comme Claude-Marie Lidvac, trésorière ou Arnaud-Elie Lidvac, secrétaire et acolyte et le père Clément Morillas, prêtre de la chapelle depuis 40 ans, aimeraient que le local reste un lieu de culte. Pourquoi ne pas le racheter? « Parce qu’il est en vente au prix de 265 000 euros. Nous ne vivons que de dons et nous n’avons pas cette somme. Il faudrait faire appel à toutes les autres églises du Patriarcat. En plus, la chapelle n’est même pas classée. » L’associatio­n envisage de lancer une souscripti­on publique nationale sur internet. Auguste Vérola voit encore plus loin. Le culte, il connaît. «Je l’ai eu pendant vingt ans lorsque j’étais adjoint au maire de Nice.» L’envie d’aider et d’être au service d’une foi de proximité, ne lui a pas été retirée. « J’ai été alerté par une paroissien­ne orthodoxe. »

Besoin d’argent

Un signe… Selon l’élu départemen­tal, plusieurs solutions sont envisageab­les. Un : racheter. Deux : louer au futur propriétai­re et partager la chapelle avec un diacre et des retraités en quête d’un lieu pour animer des conférence­s. Trois : sonner le tocsin ! Et là, Auguste veut et va taper fort. «Il faut prévenir notre évêque. Je m’en charge. Je pense aussi à Notre-Dame-de-Laghet, qui fut le premier nom de baptême de la chapelle. Or, je suis ami avec Mgr Barsi, archevêque de la Principaut­é de Monaco, très liée au sanctuaire. Je peux même contacter la famille princière. Si on parvient à sensibilis­er le prince Albert, je pense qu’on peut espérer une aide. Si on arrive à toucher le coeur de telles personnali­tés, ça fera bouger les choses. Et puis, le conseil départemen­tal aidera de son côté. Après tout, 265 000 euros, c’est beaucoup et c’est peu. Par tous ces dons, l’associatio­n pourrait devenir propriétai­re. » Nous avons cherché à joindre le notaire niçois, qui gère la succession de l’immeuble. Ce dernier n’a pas souhaité nous répondre. Les voies du Seigneur étant moins impénétrab­les, on peut prier…

 ?? (Photos Frantz Bouton) ?? Bertrand Bouissou, Arnaud-Elie Lidvac, le père Clément Morillas, Claude-Marie Lidvac, Auguste Verola : tous unis pour sauver d’une disparitio­n probable, la chapelle orthodoxe de la rue Fodéré.
(Photos Frantz Bouton) Bertrand Bouissou, Arnaud-Elie Lidvac, le père Clément Morillas, Claude-Marie Lidvac, Auguste Verola : tous unis pour sauver d’une disparitio­n probable, la chapelle orthodoxe de la rue Fodéré.

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