Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Une chapelle orthodoxe en sursis rue Fodéré
Depuis les années 1960, une ex-cave à charbon est devenue lieu de culte rattaché au Patriarcat de Serbie. La mise en vente de l’immeuble menace la survie de ce petit bijou dédié à la Vierge
Àl’heure où des chrétiens sont mis dehors, sauver une chapelle, est un combat.» Ce combat Auguste Vérola en a fait le sien. Le vice-président du conseil départemental veut préserver le sort de la chapelle de la Dormition de la Vierge. Une chapelle orthodoxe francophone, rattachée au diocèse d’Europe occidentale du Patriarcat de Serbie, située 3, rue Fodéré, au Port. Au rez-de-chaussée d’un immeuble. Dans un ancien local à charbon. Malheureusement, l’immeuble est en vente. Le lieu de culte aussi. L’association cultuelle chargée de gérer l’endroit, n’a pas les moyens de racheter cette chapelle. Fin d’une aventure spirituelle? Hélas! Oui. Sauf si un miracle se produit…
Bijou artistique en sursis
Même si la chapelle est dédiée à la Dormition de Marie, croyance selon laquelle, la Vierge est morte sans souffrir, dans une paix spirituelle, il serait dommage d’envoyer ad patres ce minuscule morceau du ciel posé sur terre. Un ailleurs, dont la céleste odyssée débute dans les années 1960, avec Eugraph Kovalevsky, premier prêtre de la chapelle, également évêque de Saint-Denis (lire par ailleurs) .Ilest l’auteur des peintures murales. Tous les saints locaux sont représentés : Réparate, Marguerite, Honorat, Hospice, Pons… Tous là au milieu des orangers, citronniers, oliviers, genêts, mimosas, pins, palmiers… Ressuscités à la peinture acrylique. Pieuse cohabitation avec toutes les étapes de la vie de la Vierge en bleu. Ces dessins sont de pures merveilles. Statues, croix, icônes, dorures, autel de poupée, tapis richement décorés, complètent l’ambiance hors de l’espace et du temps. Depuis plus de 50 ans, au coeur de cette atmosphère inédite, la liturgie de rite orthodoxe est célébrée en français. Baptêmes, mariages, obsèques s’y sont succédé. Jusqu’à quand? «La propriétaire de l’immeuble, qui avait accepté de nous louer la cave, est décédée voilà un an, raconte Bertrand Bouissou, président de l’Association cultuelle orthodoxe Notre-Dame de la Dormition. Les héritiers, qui sont plusieurs, veulent vendre le bâtiment en plusieurs lots, y compris la chapelle puisque les murs leur appartiennent. Nous ne sommes que locataires et notre bail, reconductible tous les trois ans, se termine fin août.»
Espérer quand même
Bertrand, comme Claude-Marie Lidvac, trésorière ou Arnaud-Elie Lidvac, secrétaire et acolyte et le père Clément Morillas, prêtre de la chapelle depuis 40 ans, aimeraient que le local reste un lieu de culte. Pourquoi ne pas le racheter? « Parce qu’il est en vente au prix de 265 000 euros. Nous ne vivons que de dons et nous n’avons pas cette somme. Il faudrait faire appel à toutes les autres églises du Patriarcat. En plus, la chapelle n’est même pas classée. » L’association envisage de lancer une souscription publique nationale sur internet. Auguste Vérola voit encore plus loin. Le culte, il connaît. «Je l’ai eu pendant vingt ans lorsque j’étais adjoint au maire de Nice.» L’envie d’aider et d’être au service d’une foi de proximité, ne lui a pas été retirée. « J’ai été alerté par une paroissienne orthodoxe. »
Besoin d’argent
Un signe… Selon l’élu départemental, plusieurs solutions sont envisageables. Un : racheter. Deux : louer au futur propriétaire et partager la chapelle avec un diacre et des retraités en quête d’un lieu pour animer des conférences. Trois : sonner le tocsin ! Et là, Auguste veut et va taper fort. «Il faut prévenir notre évêque. Je m’en charge. Je pense aussi à Notre-Dame-de-Laghet, qui fut le premier nom de baptême de la chapelle. Or, je suis ami avec Mgr Barsi, archevêque de la Principauté de Monaco, très liée au sanctuaire. Je peux même contacter la famille princière. Si on parvient à sensibiliser le prince Albert, je pense qu’on peut espérer une aide. Si on arrive à toucher le coeur de telles personnalités, ça fera bouger les choses. Et puis, le conseil départemental aidera de son côté. Après tout, 265 000 euros, c’est beaucoup et c’est peu. Par tous ces dons, l’association pourrait devenir propriétaire. » Nous avons cherché à joindre le notaire niçois, qui gère la succession de l’immeuble. Ce dernier n’a pas souhaité nous répondre. Les voies du Seigneur étant moins impénétrables, on peut prier…