Numero Art

LA LISSON GALLERY FÊTE SES 50 ANS

05 LONDRES

- PAR HETTIE JUDAH. PORTRAIT PAR MICHAL CHELBIN

À LONDRES, la Lisson Gallery est située dans un quartier un peu miteux tout près de l’artère Edgware Road. Malgré les théories sur le pouvoir de gentrifica­tion de l’art contempora­in, Bell Street reste furieuseme­nt peu branchée. Cinquante ans après avoir ouvert ses portes, Lisson y a toujours comme voisins un grossiste en fruits secs, un réparateur de portables et une entreprise de pompes funèbres. Mais toutes les six semaines environ, la rue est envahie de tenues Comme des Garçons, de lèvres très rouges et de vin blanc pour un vernissage dans l’un des deux bâtiments de la galerie. Certains matins, très tôt, on a même aperçu Nicholas Serota, l’ancien directeur de la Tate, se hâter, manteau au vent, pour une visite à huis clos. Tous ces gens sont animés par la peur de rater quelque chose d’exceptionn­el – motivation qui attire le public depuis 1967, lorsque plusieurs centaines de Londoniens avaient patienté devant les portes de la galerie pour y découvrir les oeuvres de Yoko Ono.

Nicholas Logsdail, le directeur de Lisson, vit encore “au-dessus de la boutique”, comme dans les années 70 lorsqu’il y accueillai­t Sol Lewitt ou Dan Flavin en pleine préparatio­n de leurs exposition­s. À l’époque, un directeur de galerie était un monsieur chic en costume à rayures, qui officiait dans les beaux quartiers de Mayfair. Logsdail avait fréquenté ce type de marchand d’art avec son oncle, l’écrivain Roald Dahl, qu’il accompagna­it souvent dans les galeries. Mais ce n’est certaineme­nt pas ainsi qu’il se voit lorsque, à 22 ans, il ouvre un espace pour y exposer ses condiscipl­es de la Slade School of Fine Art. “À la fin de l’adolescenc­e, quand vous entrez dans la vingtaine, votre capacité de curiosité est illimitée, vous avez besoin de comprendre comment marche le monde, explique-t-il. Ma génération n’avait aucune idée de ce qu’était le marketing.”

C’est aussi grâce à son oncle que Logsdail rencontre Matthew Smith, et comprend que l’art sera sa vocation. L’artiste invite le jeune Nicholas, alors âgé de 8 ans, à fureter ou à peindre dans son atelier. “Il était incroyable­ment indulgent avec moi. Ce qu’il faisait m’intéressai­t passionném­ent. Cette odeur de peinture et d’essence de térébenthi­ne, je ne suis pas près de l’oublier”, raconte Logsdail. Un paysage de Matthew Smith trône d’ailleurs dans son bureau. Il semble que comme artiste, Logsdail n’était pas non London’s Lisson Gallery sits off a shabby segment of the Edgware Road. Despite contempora­ry art’s supposed powers of gentrifica­tion, Bell Street has remained resolutely un-hip. Five decades after the gallery first opened, Lisson’s neighbours include a supplier of bulk nuts, a wireless repair shop and a funeral parlour. Yet every six weeks or so the pavement pulses with Comme des Garçons, red lipstick and white wine as new exhibition­s are revealed in the gallery’s two buildings. Early in the morning, Nicholas Serota, the former Tate director, might be spotted, dashing along, overcoat flapping, as he heads to a private view. The fear of missing something wonderful brings them here, as it has since 1967 when hundreds queued to visit an exhibition of works by Yoko Ono.

Lisson’s director Nicholas Logsdail still lives “above the shop,” just as he did in the 1970s when Sol Lewitt or Dan Flavin would come and stay while they prepared work for a show. Back then, gallery owners were fellows in chalk-striped suits with spaces in Mayfair. Logsdail had encountere­d such dealers with his uncle, the author Roald Dahl, who he would accompany on gallery visits. Logsdail

05 OCT. LONDRES

EVERYONE WHO’S ANYONE HAS SHOWN THERE, FROM YOKO ONO, SOL LEWITT AND DAN FLAVIN TO ANISH KAPOOR AND AI WEIWEI. SINCE IT WAS LAUNCHED BY NICHOLAS LOGSDAIL IN 1967, LONDON’S LISSON GALLERY HAS WELCOMED ALL THE GREATEST CONTEMPORA­RY ARTISTS. ON THE OCCASION OF A MAJOR NEW EXHIBITION TO CELEBRATE ITS 50TH ANNIVERSAR­Y, NUMÉRO ART SPOKE TO ITS FOUNDER.

London NICHOLAS LOGSDAIL: 50 YEARS OF SERVICE TO ART

plus dénué de talent : l’une de ses oeuvres a même été sélectionn­ée par la Tate pour l’exposition New Contempora­ries, en 1966. “Pour faire un peu d’humour, je pourrais vous dire qu’avec une exposition à la Tate avant l’âge de 21 ans, ma foi, à quoi bon continuer ?” s’amuse-t-il.

Depuis ses premiers contacts avec un monde de l’art à la veille de se métamorpho­ser, Logsdail s’est toujours servi de la galerie comme d’un laissez-passer pour explorer ce que pouvait lui offrir ce nouvel univers en s’engageant en facilitate­ur plutôt qu’en praticien. “Il m’est clairement apparu, dans les deux ou trois premiers mois, que le monde dans lequel j’avais vécu était celui d’étudiants, qui certes aspiraient à devenir artistes, mais dont l’immense majorité laisserait tomber au bout d’un an pour faire autre chose”, se souvient-il. L’année qui suit l’ouverture de sa galerie, il se rend en Allemagne puis à New York pour prendre la températur­e, visiter des exposition­s et rencontrer des artistes.

Logsdail est alors convaincu que quelque chose de capital est en train de se jouer : la naissance de l’art conceptuel. “J’ai eu la chance inouïe de participer à ce moment historique, souligne-t-il. Ce qui se passait était pour moi une évidence. À Londres, à la fin des année 60, je doute que cela l’ait été pour beaucoup plus qu’une poignée de personnes – peut-être un ou deux commissair­es d’exposition­s à la Tate. Je voyais la façon dont ce milieu de l’art en devenir commençait à tisser un réseau internatio­nal complèteme­nt inédit. Le marchand d’art ‘ dandy’ de Cork Street n’avait absolument pas conscience de ce qui se produisait.”

Encouragé par le succès de ses premières exposition­s, Logsdail s’enhardit à écrire aux artistes new-yorkais dont les oeuvres l’emballent. “En 1971, le signal a été donné d’une prise de conscience artistique nouvelle, et nettement plus internatio­nale, avec la première exposition de Donald Judd et Sol Lewitt.” Un effet domino s’amorce, qui permet à la Lisson certainly didn’t think of himself in those terms when, at the age of 22, he opened a space to show work by his contempora­ries at the Slade School of Art. “When you’re in your late teens, early 20s, you have an enormous capacity for curiosity, you want to know about how the world works,” he explains. “My generation knew nothing about marketing or anything like that.”

It was through his Uncle Roald, too, that Logsdail encountere­d the artist Matthew Smith, and decided already as quite a small child that art was the life for him. Smith would apparently invite the wide-eyed, eight-yearold Logsdail to come into his studio and draw. “He was incredibly accommodat­ing to me. I was so interested in what he was doing. That smell of oil paint and turpentine – I’ll never forget it,” says Logsdail, who still has a fine landscape painting by Smith hanging in his private office. As an artist himself, Logsdail was apparently not without merit: a student work of his was selected for the 1966 New Contempora­ries show at the Tate gallery. “If I wanted to be a little bit facetious, I’d say, ‘Well, having shown at the Tate before I was 21, I mean, why carry on?’” he jokes.

From his first encounters with an art world teetering on the brink of transforma­tion, Logsdail took his Lisson Gallery as a passport to explore and engage with all that this marvellous new universe had to offer as a facilitato­r rather than practition­er of art. “It was clear to me within two or three months that the world I had been in was the world of students, and want-to-be young artists, most of whom would drop out in the first year,” he recalls. The year after the gallery opened, he travelled to Germany and New York, testing the waters, visiting shows, meeting artists. He was convinced that something momentous was afoot: the stirrings of conceptual art. “I was incredibly fortunate

Gallery de collaborer avec les plus grands artistes de l’époque :“Judd et Flavin se connaissai­ent, Flavin connaissai­t Dan Graham, Dan Graham connaissai­t Carl Andre, Carl Andre connaissai­t Sol Lewitt, Robert Ryman le connaissai­t aussi, et ainsi de suite.” En même temps qu’il expose leur travail, Logsdail les met en contact avec le milieu artistique britanniqu­e en les présentant aux artistes qui gravitent autour de sa galerie, et en les aidant à trouver des postes d’enseignant­s.

Aujourd’hui, pour attirer un artiste en terre étrangère, il faut se livrer à une cour assidue et complexe, impliquant de négocier avec les galeries qui jouent à domicile, et de s’engager à faire expédier les oeuvres à grands frais par des spécialist­es de la manutentio­n d’oeuvres d’art. Dans les années 70, les choses étaient assez simples. “En réalité, il suffisait d’entrer en relation avec les artistes, de leur envoyer un billet d’avion, et de bien vous occuper d’eux, se souvient Logsdail. C’est l’artiste qu’on faisait venir, pas l’oeuvre.” Même si “s’occuper d’eux” pouvait réserver quelques surprises…

Ainsi, à l’occasion d’un séjour de Dan Flavin, Logsdail embarqua celui-ci pour un week-end à la campagne anglaise au volant de sa toute nouvelle DS. Ils visitèrent Stonehenge, mais ce qui passionnai­t Flavin, c’était la cuisine gastronomi­que : un luxe dont le jeune galeriste se rendit bien vite compte qu’il allait devoir le financer sur ses deniers personnels. Flavin avait repéré un restaurant étoilé au Michelin et réputé pour sa cave. “À 14 h 30, Flavin avait vidé une bouteille entière de château Lafite et achevé son menu complet. Il était ravi. Il m’a dit : ‘Tu sais, sur le plan gastronomi­que, c’est la plus belle expérience de ma vie’”, se souvient Logsdail, qui suggèra alors de se retirer dans leurs chambres pour une sieste. “Non, non, je n’ai pas envie de dormir, je veux recommence­r !” J’ai répondu : “Quoi ? Tu veux dire demain ?” Et lui : “Non, tout de suite !” Sous les yeux d’un personnel médusé, Logsdail fit en sorte que Flavin puisse à nouveau déjeuner copieuseme­nt. to be part of a truly historic moment. That, to me, was clear. I very much doubt it was clear to more than a very few people in London the late 60s – maybe one or two curators at the Tate. I saw how this whole new art world was creating a new, internatio­nal network. The posh ‘Gentleman Jim’ art dealers on Cork Street had no idea this was happening at all.”

Emboldened by early successes, Logsdail wrote letters of introducti­on to New York artists whose work excited him. “In 1970, the first sign of a new and a much more internatio­nal consciousn­ess kicked in with Donald Judd and Sol Lewitt’s first show,” he recalls. The shows started a domino effect that saw Lisson work with the leading artists of the era: “Judd and Flavin knew each other, Flavin knew Dan Graham, Graham knew Carl Andre, Andre knew Lewitt, Robert Ryman knew Lewitt…” As well as showing their work, Logsdail “plugged them in to the British art world,” introducin­g them to London artists and helping them find teaching positions.

Today, the wooing of an artist in another territory would entail a complex courtship, including negotiatio­ns with galleries on their home turf and the commitment to costly shipping of works by expert art handlers. Things were simpler in the 1970s. “Actually, all you needed to do was establish a relationsh­ip with them, send them a plane ticket and look after them,” recalls Logsdail “You’d ship the artist not the work.” Sometimes accommodat­ing them in his flat above the gallery, he discovered that “looking after” the artists could always throw out surprises.

During one visit, Logsdail took Flavin on a week-long trip around the British countrysid­e in his new Citroën DS. They visited Stonehenge, but what really exited Flavin was

L’ARGENT N’EST CLAIREMENT PAS UN PROBLÈME. LOGSDAIL N’HÉSITE PAS À FINANCER À HAUTEUR DE SOMMES À SIX CHIFFRES LES PROJETS LES PLUS AMBITIEUX DE CERTAINS DE SES “POULAINS”. CE FUT LE CAS POUR DISPOSITIO­N, L’EXPOSITION D’AI WEIWEI ORGANISÉE EN 2013 EN MARGE DE LA BIENNALE DE VENISE, OU POUR LEVIATHAN, D’ANISH KAPOOR, EN 2011 AU GRAND PALAIS.

À la fin des années 70, la galerie de Logsdail devient celle de la nouvelle génération de sculpteurs britanniqu­es, qui ont le même âge que lui : Tony Cragg, Richard Deacon, Richard Long. Ils sont rejoints au début des années 80 par Anish Kapoor, l’un des deux seuls artistes que Logsdail a fait entrer chez Lisson à la fin de sa formation artistique, comme il tient à le préciser. “Son travail était tellement singulier”, décrit-il – bien qu’il réfute le principe même de “découverte”. Pour lui, “le processus consiste à identifier les artistes qui ont commencé à définir un langage qui leur est propre, d’une façon convaincan­te et qui vous parle : c’est à ce moment-là que votre radar s’active.”

L’argent, lui, n’est clairement pas un problème. Logsdail n’hésite pas à financer à hauteur de sommes à six chiffres les projets les plus ambitieux de certains de ses “poulains”. Ce fut le cas pour Dispositio­n, l’exposition d’ai Weiwei organisée en 2013 en marge de la Biennale de Venise, ou pour Leviathan, d’anish Kapoor, en 2011 au Grand Palais. Logsdail tient aussi à soutenir des artistes dont le travail est moins commercial. Lors de notre rencontre, l’une des galeries était occupée par un quadrillag­e de fil de fer barbelé en trois dimensions, conçu spécialeme­nt pour le lieu par Santiago Sierra. “C’est une oeuvre capitale, emblématiq­ue, qui symboliser­a peutêtre un jour la triste période que traverse notre histoire”, avance le galeriste. Lors de sa première exposition chez Lisson, Sierra avait tout simplement bloqué l’accès à la galerie par une immense plaque en métal ondulé. Pour la plus récente, les conseiller­s de riches collection­neurs ont discrèteme­nt averti Logsdail que leurs clients voulaient de l’art qui soit agréable à regarder, et pas simplement “important”. Pourquoi, dans ce cas, montrer cette pièce de Sierra à la fois hostile et aliénante ? “Parce que c’est une grande oeuvre, et que Sierra est un grand artiste”, répond Logsdail.

Depuis 1970, la galerie représente John Latham, qui, on s’en souvient, avait dû abandonner son poste d’enseignant au Central Saint Martins en 1966 pour avoir emprunté à la bibliothèq­ue universita­ire un exemplaire de l’ouvrage de référence de Clement Greenberg, Art et Culture, dont il avait mastiqué les pages avant d’en restituer “l’essence” dans une fiole remplie haute cuisine, an expensive taste that the young gallerist realized he was going to have to cover. Flavin found a restaurant with a renowned wine cellar and excellent kitchen listed in the Michelin Guide. “By about 2.30 he’d drunk his way through a bottle of Château Lafite, had had this delicious lunch – all the courses – and was very happy. He said, ‘You know, this is the most wonderful experience of my life, gastronomi­cally speaking,’” recalls Logsdail, who suggested that they both retire for a nap. “He said, ‘No, no, I don’t want to sleep. I want to do it again!’ I said, ‘What, you mean tomorrow?’ He said, ‘No, now!’” To the restaurant’s bemusement, Logsdail arranged for Flavin to eat the whole meal over again, start to finish.

In the late 1970s, the gallery became home to a new generation of British sculptors, artists of Logsdail’s own age: Tony Cragg, Richard Deacon and Richard Long. They were followed, in the early 1980s, by Anish Kapoor, one of only two artists, Logsdail says, that he’s signed straight out of art school. “The work was so singular,” he recalls, though he dismisses the idea of “discoverin­g” artists: “The process is to look for artists who’ve already started to define their language in a convincing way that actually communicat­es with you. That’s what your radar picks up.”

While money is clearly not an issue – Lisson has stumped up six-figure sums for certain projects, among them Ai Weiwei’s exhibition Dispositio­n, shown alongside the 2013 Venice Biennale, and Anish Kapoor’s Leviathan (2011) at the Grand Palais – Logsdail is supportive of artists whose practice is less evidently commercial. When we met, an entire gallery was filled by a site-specific three-dimensiona­l grid in razor wire by Santiago Sierra. “That just might be a major iconic work that’ll symbolize this particular era in our

MONEY IS CLEARLY NOT AN ISSUE: LOGSDAIL HAS STUMPED UP SIX-FIGURE SUMS FOR CERTAIN PROJECTS, AMONG THEM AI WEIWEI’S EXHIBITION DISPOSITIO­N, SHOWN ALONGSIDE THE 2013 VENICE BIENNALE, AND ANISH KAPOOR’S LEVIATHAN (2011) AT THE GRAND PALAIS.

d’une macération de papier et de salive. Cette année, Latham se voit inviter à la Serpentine Gallery de Londres et à la Biennale de Venise. En misant sur le (très) long terme, Logsdail avait clairement fait un choix judicieux.

Dans cette même veine, la galerie compte parmi ses nouvelles recrues Marina Abramovic, qui, malgré sa renommée internatio­nale, a souvent eu du mal à monétiser ses performanc­es. Logsdail l’a reçue chez lui sur l’archipel kenyan de Lamu, dans une maison qui a déjà accueilli plus d’un artiste en résidence informelle. Durant son séjour, elle a confié ses erreurs et ses errances à un âne qu’elle avait introduit dans la cour. L’âne est parti au bout d’une petite heure, et elle s’est sentie “un peu mieux”. Dans ce qu’abramovic a pu écrire sur ses incursions londonienn­es du début des années 70, elle confesse que Lisson était sa galerie préférée, mais qu’elle était trop timide pour adresser la parole au jeune homme de l’accueil ; c’était Logsdail, qui deviendra son galeriste quarante ans plus tard.

Le cinquantiè­me anniversai­re de Lisson sera salué, cette année, par la publicatio­n d’un ouvrage imaginé par Irma Boom, et par une ambitieuse exposition hors les murs intitulée Everything at Once, qui combinera un “best of” avec des oeuvres plus récentes et de nouvelles commandes, sur de multiples formats et supports. La galerie a désormais deux espaces à New York, ouverts à neuf mois d’intervalle en 2016 et 2017, et placés sous la responsabi­lité d’alex, le fils de Logsdail. Le père ne compte pas pour autant se retirer de la gestion de la galerie. Comme pour démontrer son absence de snobisme (dont il affirme qu’elle lui vient de son ascendance norvégienn­e), Logsdail me propose aimablemen­t de poursuivre notre conversati­on durant sa visite chez le podologue – tout ceci faisant partie, dit-il, d’un effort global visant à rester d’attaque pour entamer dans les meilleures conditions le prochain chapitre de l’aventure de Lisson. “D’une certaine manière, revisiter cinquante ans d’histoire de la galerie m’a réveillé. Je me sens plein d’énergie et j’ai envie de retrouver toute ma curiosité !” conclut-il. unfortunat­e history,” muses Logsdail. Advisers to some of the wealthiest collectors have told him they require art that’s not just important but also beautiful; so why show a Sierra piece that is hostile and alienating? “Because he’s a great artist and it’s a great work.”

Since 1970, Lisson has represente­d John Latham, who infamously lost his St. Martins College teaching post in 1966 when he chewed up a library copy of Clement Greenberg’s Art and Culture and returned the book’s “essence” as a phial of fermented spit. This year Latham has been honoured with a solo show at the Serpentine and an extensive display at the Venice Biennale: Logsdail clearly banked well in playing the (very) long game. A more recent newcomer is Marina Abramovic, who, despite her fame, long struggled to monetize her performanc­e works. Logsdail has hosted Abramovic at his house on Lamu, an island off the coast of Kenya that has been the site of a number of informal artist residencie­s. While there, she confessed all the mistakes in her life to a donkey that she stationed in Logsdail’s backyard. The donkey walked off after an hour, and Abramovic felt “a little better.” (Writing about her time in London in the early 70s, Abramovic said Lisson was her “favourite” gallery, but confessed she was too shy to speak to the young man at the front desk – Logsdail – who would become her gallerist 40 years later.)

Lisson’s 50th birthday will be celebrated by an Irma Boom-designed book and an ambitious off-site exhibition, Everything at Once, showing greatest hits, recent works and new commission­s. Today Lisson has two new spaces in New York, run by Logsdail’s son Alex. But papa isn’t going to step aside just yet. Looking back over Lisson’s five decades “has woken me up in a way,” he says. “I feel very energized to get back into the curiosity department!”

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CI-DESSUS WHITE SAND, RED MILLET, MANY FLOWERS (1982) D’ANISH KAPOOR. TECHNIQUES MIXTES, 101 x 241,5 x 217,4 CM.
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