L’ART CONTEMPORAIN À VERSAILLES
21 VERSAILLES
Catherine Pégard : Il me semble important d’avoir un commissaire d’exposition pour l’art contemporain qui soit lié au château de Versailles, car l’art contemporain à Versailles n’est pas l’art contemporain ailleurs. J’ai souhaité travailler avec Alfred Pacquement parce que son expertise dans ce domaine est unanimement reconnue, et parce qu’il connaît parfaitement les lieux. L’année de mon arrivée, j’ai fait seule le choix d’inviter Giuseppe Penone car il fallait répondre à l’urgence, puis j’ai validé mon idée auprès d’alfred Pacquement, avec qui j’ai commencé à travailler à ce moment-là. Aujourd’hui, nous avons ensemble une vraie discussion sur la programmation. Je ne suis pas experte en art contemporain, mais j’ai une idée de ce qu’est le château de Versailles. Quelle que soit leur génération, les artistes doivent avoir acquis une certaine expérience. Certains grands artistes ne sont pas forcément intéressés par ce lieu, et d’autres n’ont pas produit l’oeuvre qui pourrait s’y mesurer.
Cherchez-vous une éventuelle dimension politique dans les travaux que vous montrez à Versailles ?
Pas du tout. Les critères de choix sont le rapport au lieu et celui à l’histoire. Cependant, il existe un lien indirect au pouvoir et à la politique, comme intériorisé par les artistes. Il est évident qu’à un moment donné, on “bute” immanquablement sur cette question de la politique de l’art, puisque ce lieu est né d’une volonté politique de lier la culture au pouvoir. Donc, si on respecte le château de Versailles, on aborde forcément la question des relations entre art et politique.
Que fait un artiste qui arrive à Versailles ?
Il marche ! Comme nous tous, d’ailleurs. Je suis toujours présente au moment où on les accueille, puis ils retournent seuls s’approprier le château et les jardins. Olafur Eliasson a même demandé à rester seul à Versailles la nuit. Au début, je ne suis pas sûre qu’ils aient une idée précise des lieux. Cette idée se forge en marchant. Ils se demandent comment se mesurer à cette grandeur physique et symbolique. Pour Lee Ufan, par exemple, cela n’a pas été spontané, son oeuvre s’est modifiée en fonction de l’endroit où il se trouvait. Comment être à l’échelle ?
QUEEN OF VERSAILLES, CATHERINE PÉGARD HEADS THE BODY THAT RUNS THE SUN KING’S FABLED PALACE. AND UNDER HER WATCH, THE CHÂTEAU HAS CONTINUED TO OPEN ITS DOORS TO THE BEST OF CONTEMPORARY ART. THIS OCTOBER VOYAGE D’HIVER, A NEW EXHIBITION CURATED BY THE PALAIS DE TOKYO, WILL SHOWCASE WORKS BY THE LIKES OF JOHN GIORNO, DAVID ALTMEDJ, HICHAM BERRADA AND LOUISE SARTOR.
Numéro art: How do the artists invited to exhibit at Versailles get selected?
Catherine Pégard: It’s important to have a contemporaryart curator with a link to the Château de Versailles – because contemporary art at Versailles isn’t like contemporary art anywhere else. I decided to work with Alfred Pacquement because his expertise in contemporary art is unanimously recognized, and because he knows the château perfectly. The year I started here, I took the decision to invite Giuseppe Penone on my own, because time was pressing, and afterwards validated my idea with Alfred, who I then began to work with. Today we have a very real dialogue about the programming. I’m not an expert in contemporary art, but I do know what the Château de Versailles is. Whatever generation they’re from, the invited artists need a certain experience. There are major artists who aren’t necessarily interested in the site, and others whose work wouldn’t measure up.
Is there a political dimension to the art shown at Versailles?
Not at all. The choices are based on the relationship with the site and its history. But there is an indirect relationship to power and politics, which is internalized by the artists.
Versailles
CATHERINE PÉGARD: FROM LOUIS XIV TO CONTEMPORARY ART