Numero Art

BUCK ELLISON FILS DE BONNE FAMILLE ?

L’ARTISTE AMÉRICAIN, QUI EXPOSE À PARIS, JOUE AVEC L’IMAGERIE D’UNE SOCIÉTÉ AISÉE ET BIEN-PENSANTE QU’IL A CÔTOYÉE DÈS LE LYCÉE. TÉMOIGNAGE D’UN CAMARADE DE CHAMBRÉE.

- FR BUCK ELLISON, SOCIETY PHOTOGRAPH­ER? EN

POUR RÉALISER SES PHOTOS grand format, Buck commence par faire des collages afin de mettre ses idées en forme. Sur les murs de son atelier, dans l’appartemen­t que nous avons partagé pendant quatre ans, il scotchait régulièrem­ent des images qui l’inspiraien­t : ses propres clichés, les impression­s de ses recherches sur Google, des photos découpées dans les magazines, mais aussi des notes prises à la volée. Bref, une sorte de casting qui changeait en permanence : des filles à papa qui s’entraînent au lacrosse [sport d’origine amérindien­ne proche du hockey], des portraits de personnage­s historique­s, des mecs blonds super sexy, Gwyneth Paltrow, des jardins, des écoles, des bâtiments… – nos objets du quotidien se sont même retrouvés dans son oeuvre : des assiettes, des sacs de courses, n’importe quoi.

Il ne faut pas regarder une photo de Buck comme une image arrêtée : moi, j’y vois un enchaîneme­nt de références, comme les strates d’un long procédé très réfléchi. Dans ses cadrages, c’est tout ce travail préliminai­re qui donne sa place à chaque élément. Parfois, ces collages accèdent au statut d’oeuvres d’art à part entière, comme les deux exemples qui illustrent cet article : on y voit, sur des lettres à en-tête d’un cabinet d’avocats très connu, divers portraits. Même s’ils sont différents, ils me rappellent sa Christmas Card, la photo des membres d’une famille assis devant le portrait d’un ancêtre. Chez lui, ces images démodées, témoins d’une puissante aristocrat­ie, sont associées à des représenta­tions bien plus actuelles de la richesse. AMERICAN ARTIST BUCK ELLISON DISSECTS THE WEALTHY, RIGHT-ON CALIFORNIA SOCIETY THAT HE’S FREQUENTED SINCE HIGH SCHOOL. FOR NUMÉRO, AN OLD SCHOOL FRIEND EXPLAINS HIS METHOD.

Buck makes collages to sketch out ideas for his largeforma­t photograph­s. In his home studio, part of the apartment he and I have shared for four years, reference images are taped up on the walls: his own photos, printouts from Google searches, magazine pictures, scribbled notes. It’s an ever-rotating cast of characters: prepschool girls playing lacrosse, historical portraits, hot blond men, Gwyneth Paltrow, gardens and school buildings. Even out of his studio, the objects in our house make their way into his work, from our plates to our shopping bags. Buck’s photograph­s may be single images, but I always see an element of collage in how they represent a long, considered process of layering many different references. Everything in the frame is consciousl­y placed and informed by research. The collages sometimes end up being artworks themselves, as in the case of the two featured in this article, in which different forms and eras of portraitur­e are placed on prestigiou­s Gibson Dunn lawfirm letterhead. Though not directly connected, this echoes

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France