Numero Art

MAISIE WILLIAMS REJOUE LES CHEFS- D’ OEUVRE DE LA PEINTURE

- PHOTOS : LEE WEI SWEE. RÉALISATIO­N : SAMUEL FRANÇOIS CONCEPT : THIBAUT WYCHOWANOK

Photos : Lee Wei Swee. Réalisatio­n : Samuel François. Concept : Thibaut Wychowanok Interview : Olivier Joyard

La petite Arya Stark qui bataillait dans Game of Thrones, c’est elle. Enfin, c’était. Aujourd’hui, la jeune femme de 23 ans a séduit Hollywood (elle était à l’affiche du blockbuste­r Les Nouveaux Mutants) mais aussi la maison Cartier dont elle est devenue ambassadri­ce. Actrice, réalisatri­ce, égérie… Maisie Williams incarne une nouvelle génération engagée et ultra-créative. Pour Numéro art, elle a accepté de rejouer les plus grands chefs-d’oeuvre de la peinture, du Cri de Munch au Bacchus du Caravage. FR

PENDANT UNE DÉCENNIE, SON MANIEMENT DE L’ÉPÉE A ÉLECTRISÉ LES ÉCRANS. Arya Stark la flamboyant­e dans Game of Thrones, c’était elle, enfant traumatisé­e par la violence des adultes, devenue femme conquérant­e au fil des saisons de ce hit mondial. Maisie Williams, 23 ans aujourd’hui, n’a donc pas connu une adolescenc­e normale mais une vie à grande vitesse dès son entrée à Hollywood. On l’a redécouver­te en 2019 dans la série Two Weeks to Live et dans le blockbuste­r Les Nouveaux Mutants, mais également dans un rôle plus glamour, endossant le rôle d’ambassadri­ce de la maison Cartier pour la nouvelle montre Pasha. Désormais productric­e autant que comédienne, engagée dans les causes féministe et environnem­entale, la jeune femme originaire de Bristol goûte enfin à un quotidien plus habituel pour quelqu’un de son âge. Nous l’avons interviewé­e – à distance respectabl­e évidemment – à Paris où elle s’est installée cet été. Rencontre avec une actrice épanouie, aux idées claires et aux ambitions neuves.

Numéro art : Vous êtes à Paris depuis quelques mois. Pourquoi avoir choisi le doux air de la capitale française ? Maisie Williams : J’aime beaucoup être ici. Je me sens très inspirée, bien plus qu’à Londres. De plus, je travaille avec mon petit ami [Reuben Selby] sur la première collection de sa marque. Nous avons

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MAISIE WILLIAMS

REMEMBER THE LITTLE ARYA STARK WHO FOUGHT HER WAY THROUGH GAME OF THRONES? MAISIE WILLIAMS WAS HER. TODAY, AT THE AGE OF 23, THE BRISTOL-BORN STAR HAS SEDUCED HOLLYWOOD – SHE RECENTLY STARRED IN THE BLOCKBUSTE­R THE NEW MUTANTS – BUT ALSO THE JEWELLERY HOUSE CARTIER, WHICH HAS ENGAGED HER AS AN AMBASSADOR. FOR NUMÉRO ART, THE ACTRESS, DIRECTOR, PRODUCER AND MUSE AGREED TO INCARNATE THE GREAT MASTERPIEC­ES OF PAINTING, FROM MUNCH’S THE SCREAM TO CARAVAGGIO’S BACCHUS.

For an entire decade, her skill in wielding the sword electrifie­d audiences the world over. She was the flamboyant Arya Stark in Game of Thrones, a child traumatize­d by adult violence who, over the seasons, became a household heroine. Maisie Williams, who is now 23, did not enjoy a normal adolescenc­e, but was plunged into a high-octane Hollywood existence. Last year she was back on the screen, both in the series Two Weeks to Live and the blockbuste­r The New Mutants. But she also took on the more glamorous role of ambassador to the house of Cartier for its new Pasha watch. Now a producer as well as an actress, highly committed to feminist and environmen­tal causes, Williams is at last getting a taste of a more normal daily life for someone her age. When Numéro art interviewe­d her, in Paris where she was staying this summer, we found an actress in the full bloom of her youth, brimming with assured ideas and new ambitions.

PAGE PRÉCÉDENTE : MAISIE WILLIAMS REJOUE LE CRI D’EDVARD MUNCH. MANTEAU EN LAINE, MIU MIU. MONTRE “PASHA” 41MM EN OR JAUNE, CARTIER.

CI-CONTRE : UNE RÉINTERPRÉ­TATION DE L’ÉTOILE D’EDGAR DEGAS. TUTU EN TULLE ET SATIN BRODÉ, REPETTO. JUPE À VOLANTS EN CUIR ET TISSU TECHNIQUE, ET SOULIERS, LOUIS VUITTON. COLLANTS, FALKE. BOUCLES D’OREILLES “JUSTE UN CLOU” EN OR JAUNE ET DIAMANTS, ET MONTRE PASHA 35MM EN OR ROSE, CARTIER. SUR LA JUPE, BROCHE, TÉTIER BIJOUX.

RUBAN, MOKUBA. AU FOND À GAUCHE, PANTALON EN LAINE, CELINE PAR HEDI SLIMANE.

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bossé dessus pendant le confinemen­t et nous aimerions organiser un défilé au Ritz. Je suis aussi lancée dans des projets personnels et comme tout passe par Zoom, je suis bien mieux à Paris.

Tout le monde vous connaît en tant que comédienne, notamment dans Game of Thrones, mais votre spectre est plus large. Je me suis toujours considérée comme quelqu’un de créatif. Ma véritable expression traverse plusieurs médiums. Se limiter à une seule forme de créativité n’a pas de sens à mes yeux. La musique influence mon jeu d’actrice, ma personnali­té est nourrie par mon rapport à la mode [ lors des défilés parisiens en septembre, elle s’est affichée dans des tenues et du maquillage assortis à ceux de son petit ami]. Ce qui m’intéresse s’élargit constammen­t. La production a pris une certaine place dans ma vie récemment et je compte mettre en avant de jeunes artistes. Je développe également une série que j’espère financer avant la fin de l’année. Je l’écris, je la produis et j’ai l’intention de la réaliser. Mais le processus est long ! Je peins aussi depuis deux ou trois ans et je n’oublie pas mon travail d’actrice. Je tourne bientôt l’histoire vraie d’une artiste céramiste des années 20, ce qui m’a permis de me lancer dans la poterie.

Pour alimenter ce tourbillon créatif, par quoi êtes-vous inspirée en ce moment ?

J’ai beaucoup écouté de musique classique ; elle me projette dans un état suspendu. Debussy, je le trouve très utile pour se recentrer. C’est un art si pur. Je me suis également donné comme but de regarder un film par jour. J’ai exploré le cinéma de Yorgos Lanthimos, Charlie Kaufman, Alex Garland, qui a écrit La Plage et réalisé notamment Ex Machina. J’ai regardé pas mal de films d’alma Har’el, y compris ses courts-métrages.

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Numéro art: You’ve been living in Paris for a few months. Why did you choose the the French capital? Maisie Williams: I really like being here. I feel very inspired, much more than in London. Also, I’m working with my boyfriend [fashion-world entreprene­ur Reuben Selby] on his brand’s first collection. We worked on it during lockdown and would like to do a fashion show at the Ritz. And since everything goes through Zoom, I’m much better off here.

Everyone knows you as an actress, especially in Game of Thrones, but your spectrum is much broader.

I’ve always considered myself a creative person. My true expression crosses several mediums. Limiting yourself to just one form of creativity doesn’t make sense to me. Music influences my acting, my personalit­y is nourished by my relationsh­ip with fashion. The range of things that interest me is constantly expanding. Producing has taken a certain place in my life recently, and I’m planning on showcasing young artists. I’m also developing a series that I hope to fund before the end of the year. I’m writing it, producing it and intend to direct it. But it’s a long process! I’ve also been painting for two or three years. But I’m not forgetting my work as an actress – I’m going to start shooting a film about the true story of a ceramicist from the 1920s, which has helped me get into pottery.

“SE LIMITER À UNE SEULE FORME DE CRÉATIVITÉ N’A PAS DE SENS. LA MUSIQUE INFLUENCE MON JEU D’ACTRICE, MA PERSONNALI­TÉ EST NOURRIE PAR MON RAPPORT À LA MODE.”

What are you inspired by at the moment that fuels this creative whirlwind?

I’ve been listening to a lot of classical music. It puts me in a suspended state. Debussy. I find it very useful for refocusing. Creating such pure art is very powerful. I also set myself the

RÉINTERPRÉ­TATION DES HASARDS HEUREUX DE L’ESCAR

POLETTE DE JEAN-HONORÉ FRAGONARD. BUSTIER À PANIERS ET TRAÎNE EN SATIN, MOSCHINO. JUPE EN TAFFETAS, PATOU. MINERVE, GUCCI. BAGUE, TÉTIER BIJOUX. BOUCLES D’OREILLES “JUSTE UN CLOU” EN OR JAUNE ET DIAMANTS, CARTIER. MULES, AMINA MUADDI. AU FOND, CHEMISE EN FLANELLE DE LAINE, MAX MARA. À GAUCHE, VESTE EN LAINE, ACNE STUDIOS. PANTALON EN LAINE, BOSS.

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Vous êtes originaire de Bristol. Vous auriez pu être dans la série Skins, tournée là-bas. Elle a marqué les années 2000 par sa représenta­tion trash des ados.

J’avais 8 ans quand Skins a commencé. Sept ans plus tard, je l’ai découverte comme une série vintage. [Rires.] Donc, je n’ai pas pu passer le casting ! Mes débuts dans l’industrie audiovisue­lle ont été très différents de ceux qu’on imagine quand on pense à des actrices et des acteurs venus d’angleterre. Il est très difficile de devenir comédienne si vous êtes issue d’une famille de la classe ouvrière. On vous met dans une case “réaliste” et on vous y garde au chaud. À titre personnel, je ne me suis jamais sentie réduite à une seule partie de moi-même. J’ai l’impression de pouvoir entrer dans plein de boîtes et intéresser des personnes très diverses. J’ai la capacité de m’adapter à celles et ceux que je rencontre, y compris profession­nellement. Je suis capable d’être charmante dans n’importe quel milieu ! À mon sens, c’est la clef du succès. Il faut savoir porter plusieurs chapeaux.

Parlons de la série Game of Thrones, qui s’est terminée en 2019. Le rôle d’arya Stark vous a offert une célébrité mondiale, mais surtout, vous avez traversé l’adolescenc­e et au-delà dans la peau de ce personnage obstiné. Pour vous, la série doit ressembler à une capsule temporelle.

Effectivem­ent. Je vois cette partie de ma vie comme un moment très singulier qui sera figé dans le temps pour toujours. Je le regarderai de l’extérieur. Je ne pourrai plus jamais connaître et comprendre ma vie telle qu’elle était à ce moment-là. Au fond, c’est assez sain de penser de cette manière. Ce qui m’est arrivé est profondéme­nt bizarre, peut-être l’une des expérience­s les plus singulière­s qui puissent arriver à une jeune personne. J’ai beaucoup appris sur moi-même. J’en suis sortie, cette porte est fermée. Et c’est une sensation puissante.

EN

goal of watching a movie a day. I’ve explored the films of Yorgos Lanthimos, Charlie Kaufman and Alex Garland, who wrote The Beach and also directed Ex Machina. I’ve watched a lot of Alma Har’el’s films, including her shorts.

You’re originally from Bristol, so you could have been in the series Skins, which was shot there and marked the 2000s with its trashy representa­tion of teens.

I was eight when Skins started. I discovered it as a vintage series seven years later. [Laughs.] So I couldn’t have been cast. My debut in the audiovisua­l industry was very different from what you imagine when you think of actresses and actors from England. It’s very difficult to become an actress when you’re from a working-class family. You’re put in a “realistic” box and kept in reserve. Personally, I’ve never felt reduced to just one part of myself. I feel like I can walk into lots of companies and interest a wide variety of people. I have the ability to adapt to the people I meet, including profession­ally. I’m able to be charming, even if I don’t have social standing. In my opinion, this is the key to success. You have to know how to wear several hats.

Let’s talk about Game of Thrones, which ended in 2019. The role of Arya Stark brought you worldwide stardom, but most of all, you spent all your adolescenc­e and more playing this tenacious character. Does the series seem like a time capsule to you today?

Yes it does. I see that part of my life as a very special moment that will be frozen in time forever. From now on I’ll only be able to see it from the outside – I’ll never again know and understand my life as it was then. But it’s pretty healthy

RÉINTERPRÉ­TATION DU NU DESCENDANT UN ESCALIER DE MARCEL DUCHAMP. ROBE ET PANTALON EN PATCHWORK DE CUIR, MARNI. SANDALES, LOUBOUTIN.

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Avez-vous l’impression d’avoir manqué quelque chose de votre jeunesse et de ne reprendre le contact avec la réalité que depuis un an et demi ?

Quand la série s’est terminée, j’ai eu une sensation étrange, comme si j’avais prétendu être adulte pendant dix ans alors que je ne l’étais pas. Il y a quelques mois, j’ai téléchargé Tiktok, qui est une porte d’entrée très détaillée dans le cerveau de ma génération. Ce qui est pensé et ressenti par la jeunesse traverse cette applicatio­n d’une manière ou d’une autre. J’ai compris tout ce que j’avais raté en tant que teenager. Pendant le confinemen­t, je me suis connectée avec mon “moi” plus jeune, avec l’insoucianc­e d’une personne de 15 ans, cette insoucianc­e que je n’ai pas eue à l’époque. C’était très agréable. Maintenant, quand je suis en contact avec des gens de mon âge, je me considère moins comme une étrangère. Je suis plus naturelle. Ce n’était pas le cas dans le monde du cinéma et des séries, où je prétendais être une adulte. Je l’ai fait pendant si longtemps… Cela m’a écartée de quelque chose. J’ai été heureuse d’enlever enfin mon masque – façon de parler.

Votre génération semble plus inclusive et plus impliquée dans le futur de la planète que les précédente­s. Pour quelle raison, à votre avis ?

Elle est plus lucide, c’est certain. Je sens un respect et un émerveille­ment pour la planète sur laquelle nous vivons. Le futur nous importe. C’est difficile de dire pourquoi, mais nous n’acceptons plus certains comporteme­nts. Pourquoi les autres avant nous n’ont pas relevé le défi de la gentilless­e, de l’inclusion ? Je ne peux pas le dire. Ce qui est sûr, c’est que dans les dix dernières années, le développem­ent de la technologi­e a constitué un fait marquant. Les luttes politiques en ont été un autre. Un nouveau monde se dessine et pas mal de gens s’accrochent désespérém­ent à l’ancien. Je le ressens

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to think of it that way. What happened to me is incredibly bizarre, perhaps one of the most bizarre experience­s a young person can have. I learned a lot about myself, I got out, that door is now closed. It’s a very powerful feeling.

“MA GÉNÉRATION EST PLUS LUCIDE. LE FUTUR NOUS IMPORTE. POURQUOI N’A-T-ON PAS RELEVÉ AVANT NOUS LE DÉFI DE LA GENTILLESS­E, DE L’INCLUSION ?”

Do you feel like you missed something from your youth and have reconnecte­d with reality these past 18 months? When the show ended, I had a strange feeling, as though I’d been pretending to be an adult for ten years when in fact I wasn’t. A few months ago, I downloaded Tiktok, which is a very detailed gateway into my generation’s brain. What young people think and feel runs through this app in one way or another. I understood everything I’d missed as a teenager. While I was in lockdown, I connected with my younger “me,” the reckless 15-year-old – a recklessne­ss I didn’t have back then. It was lovely. Now when I’m in contact with people my age, I see myself as less of a stranger. I’m more natural. This wasn’t the case in the world of movies and series, where I pretended to be an adult. I’ve been doing it for so long… It took me away from something. I was happy to finally take off my mask, so to speak.

Your generation seems more inclusive and more involved in the future of the planet than those that came before. Why would you say that is?

Our generation is more lucid, for sure. I feel respect and awe for the planet we live on. The future matters to us. It’s hard to say why, but we no longer accept certain behaviours. Why haven’t others before us taken up the challenge of kindness and inclusion? I can’t say. What’s certain is that, in the past ten years, the developmen­t of technology has

RÉINTERPRÉ­TATION DU BACCHUS DU CARAVAGE. ROBE ET JUPE EN CRÊPE DE SOIE, ANN DEMEULEMEE­STER. BUSTIER EN TOILE DE COTON, REUBEN SELBY. BOUCLES D’OREILLES “JUSTE UN CLOU” EN OR JAUNE ET DIAMANTS, ET MONTRE PASHA 35MM EN OR ROSE, CARTIER.

FR

très fortement : nous sommes à un tournant. C’est comme si l’humanité était à l’intérieur d’une cocotte-minute. Il y a tant d’inconnues. Je pense que les historiens qui regarderon­t notre époque dans deux cents ans considérer­ont qu’elle a été majeure. Dans ce contexte, des oeuvres extraordin­aires peuvent naître et l’art tient une place centrale.

Quels sont vos plans pour le futur ? Devenir une artiste complète ?

Je ne prévois pas beaucoup dans ma vie. Mon but est de rendre les autres heureux, de les aider à découvrir de nouvelles perspectiv­es. En tant qu’actrice, beaucoup de choses que je fais sont intenses et dures. J’aimerais que mon interventi­on dans le monde soit de plus en plus positive et le moins triste possible. J’ai envie de toucher à la réalisatio­n pour accomplir ma vision. J’ai toujours été fascinée par ce métier depuis que j’ai commencé à être actrice.

On a beaucoup associé à votre personnage d’arya Stark dans Game of Thrones le mot “badass”, qui signifie puissante, guerrière, indestruct­ible. Le revendique­z-vous ?

Je vais vous dire la vérité : pour moi, ce mot n’a pas beaucoup de sens. Franchemen­t, c’est une expression un peu pourrie, vous ne trouvez pas ? Je pense que les gens ressentent le besoin de mettre des étiquettes sur les femmes quand elles ne sont pas “féminines”. C’est une façon de les faire rentrer dans une boîte quand même. Je sais que c’est censé être flatteur et gentil de dire “badass”, mais je pense que toutes les femmes ont en elles des couches extrêmemen­t diverses. C’est vrai que j’endosse des rôles comme celui d’arya Stark qui sont typiquemen­t masculins, a priori. Mais ce n’est pas la peine de s’accrocher uniquement à cela. Les femmes peuvent être fragiles et c’est très bien aussi. Ce mot est beaucoup trop utilisé. On mérite mieux !

EN

been a milestone. Political struggles have been another. A new world is emerging, and many people are desperatel­y clinging to the old one. There are so many unknowns. I feel it very strongly: we’re at a turning point. It’s like humanity was inside a pressure cooker. I think historians looking back at our era 200 years from now will consider it a time of major importance. In this context, extraordin­ary works can be born and art will hold a central place.

What are your plans for the future?

I don’t plan much in my life. My goal is to make others happy, to help them discover new perspectiv­es. As an actress, a lot of the things I do are difficult and intense. I’d like my contributi­on to the world to be more and more positive, and the least sad possible. I want to direct in order to accomplish my vision. I’ve been fascinated by this profession since I started as an actress.

Your character in Game of Thrones has often been associated with the word “badass,” meaning someone mighty and indestruct­ible, a warrior. Do you claim it? I’ll tell you the truth: to me, that word doesn’t mean much. Frankly, it’s kind of a crappy expression, right? I think people feel the need to put labels on women when they aren’t “feminine.” At any rate it’s one way of getting them to fit into a box. I know it’s supposed to be flattering and kind to say “badass,” but I think all women have extremely diverse layers within them. It’s true that I take on roles like Arya Stark, which are supposedly typically masculine. But you shouldn’t focus just on that. Women can be fragile, and that’s great too. “Badass” is used too often. We deserve better!

COIFFURE : LEONOR GREYL PAR YOANN FERNANDEZ CHEZ ARTLIST PARIS. MAQUILLAGE : CAROLINE FENOUIL CHEZ BRYANT ARTISTS. SET DESIGNER : FÉLIX GESNOUIN CHEZ WALTER SCHUPFER MANAGEMENT. ASSISTANT RÉALISATIO­N : ARTHUR CALLEGARI.

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