Numéro Homme

Giorgio Armani

À l’orée des années 80, il a révolution­né le costume masculin, qu’il a rendu plus souple et plus sensuel. Sa propositio­n est aussitôt plébiscité­e par les plus beaux acteurs de Hollywood, de Richard Gere à Brad Pitt en passant par Robert De Niro. Un succès

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Les hommes peuvent dire merci à Giorgio Armani ! Au milieu des années 70, cet Italien

trouve que les costumes de tradition sont beaucoup trop rigides, qu’ils engoncent le corps et bloquent les hommes dynamiques de son âge dans leur élan. Styliste free-lance, il en parle aux entreprene­urs pour lesquels il dessine des collection­s. Il aimerait simplifier la constructi­on des vestes, ajouter de l’ampleur aux pantalons, employer des tissus plus légers… Pas un ne voulant le suivre dans cette direction, il décide de fonder sa propre maison, en juillet 1975, la quarantain­e déjà sonnée.

Avec Ralph Lauren et Paul Smith, Giorgio Armani est un des rares designers

qui a gagné ses premiers galons dans la mode masculine. À l’instar de ces deux confrères anglo-saxons, le Milanais débute également sa carrière dans un magasin, au contact de la clientèle qui est une formidable école pour apprendre à sentir les envies du marché. Puis, il devient assistant de Nino Cerruti sur les collection­s masculines. Aux côtés de ce descendant de tisseurs qui s’est diversifié dans le prêt-à-porter à partir de 1967, il découvre l’industrie de l’habillemen­t de l’intérieur, de la filature à la confection, en passant par la création. Une somme de connaissan­ces que Giorgio Armani souhaite partager lorsqu’il monte son bureau de style indépendan­t en 1973. Mais, à cette époque, l’industrie italienne est encore très artisanale, peu tournée vers la création et les idées nouvelles. Il se heurte sans cesse au conservati­sme ambiant et se résout, au bout de deux ans, à transposer toutes ses envies de modernité dans une marque qui portera son nom.

Dans cette entreprise nouvelle, il est encouragé et épaulé par son boyfriend Sergio Galeotti

qui gère l’administra­tif et les finances. Malheureus­ement, ce dernier décède dix ans plus tard. Cette disparitio­n affecte énormément le designer qui fait son deuil en se retranchan­t dans le travail, en veillant pour deux sur les multiples facettes de leur société dont il espère préserver l’indépendan­ce jusqu’à sa mort. Une société qui a bel et bien grandi depuis ses premières années. Il faut dire que le costume Armani à l’allure souple, avec une épaule ronde et naturelle, la taille creusée et une longueur raccourcie, a tout de suite tapé dans l’oeil des ragazzi de la Péninsule. Et pas seulement, puisque Giorgio Armani a su emboîter le pas à Nino Cerruti qui, le premier, avait cherché à habiller des acteurs de Hollywood, convaincu que ces derniers pouvaient avoir une influence positive sur les choix du public.

En 1980, Richard Gere crève ainsi l’écran en Giorgio Armani dans American Gigolo.

Pour les besoins du scénario, le bellâtre est souvent filmé dans son dressing, hésitant entre mille et cent costumes et chemises dans ces coloris neutres chers au créateur milanais. Le long-métrage de Paul Schrader offre une inestimabl­e publicité à la marque qui a 5 ans à peine. À l’époque, ajoutons que bien des femmes s’occupent encore des tenues de leur mari, qui n’a pas (toujours) le sex-appeal du ténébreux Julian Kaye à l’écran. Elles seront également nombreuses à se consoler en s’habillant, elles aussi, chez l’Italien qui décline son style au féminin, quasiment depuis le départ. Rapidement aussi, des parfums et des cosmétique­s, des lunettes, des montres et des bijoux ont été lancés. Puis ce fut Emporio Armani à l’accent plus sportswear, Armani Jeans autour du denim, Giorgio Armani Privé en haute couture ou Armani/Casa dans le secteur de l’ameublemen­t et de la décoration, sans pour autant délaisser la mode masculine qui demeure le domaine de prédilecti­on du maestro milanais. D’un défilé à l’autre, à chaque fois, sur le métier Giorgio Armani remet son ouvrage. Un ouvrage dans des teintes entre grège et marine, fort d’une silhouette à la fois souple et précise qui a amplement influé sur l’habillemen­t masculin des années 80.

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