Numéro Homme

Matthew M. Williams

-

Est-il le nouveau “Wonder Boy” de la mode ? Autodidact­e, Matthew M. Williams a gagné ses galons de directeur artistique auprès de stars telles que Lady Gaga et Kanye West. Depuis, le culte voué à sa marque 1017 Alyx 9SM par une foule jeune et connectée aux réseaux sociaux, a valu au Californie­n sa toute récente nomination aux rênes de la maison Givenchy. Les podiums parisiens sont une formidable rampe de lancement. Une sorte de cap Canaveral

de la mode qui a propulsé la carrière internatio­nale de pléthore de couturiers et de créateurs français. Et pas moins de designers étrangers venus chercher la reconnaiss­ance à l’ombre de la tour Eiffel.

Les premiers talents à rallier la capitale, à partir des années 70, furent des Japonais et des Anglais, suivis des Belges…

Plus récemment, ont également débarqué des Américains. Dont Thom Browne qui s’est allié depuis au groupe italien Ermenegild­o Zegna, Virgil Abloh qui préside désormais aux destinées créatives de la mode masculine de Louis Vuitton et, last but not least, Matthew M. Williams qui vient d’être recruté pour apporter un nouveau souffle à la maison Givenchy.

Le nom de ce dernier ne vous dit rien ? Normal, sa nomination à la direction artistique

de la maison française remonte au mois de juin 2020 et, par ailleurs, il ne griffe pas ses collection­s personnell­es de son patronyme, mais du label 1017 Alyx 9SM qui juxtapose sa date de naissance, le prénom de sa fille et le code postal de son premier studio de création à Manhattan. Depuis cinq saisons que la marque défile en France, elle provoque une cohue comme on n’en voit plus à l’entrée des shows parisiens. Une foule mêlant du beau monde – des P-DG de multinatio­nales comme Bang & Olufsen, Dior, Mackintosh, Moncler, Nike et Vibram avec qui il a déjà collaboré, des grands photograph­es, des journalist­es et des acheteurs profession­nels –, à de jeunes inconnus surlookés qui sont galvanisés par ses propositio­ns mixtes oscillant entre habillemen­t formel et panoplies streetwear. Il faut dire que ce natif de Chicago a su se faire connaître sur les réseaux sociaux à l’instar de tous ses confrères américains et, fait nettement plus rare pour être souligné, partager son univers avec ses followers via des pop-up stores qu’il aménage à chaque fois qu’il se produit à Paris.

La mécanique de Matthew M. Williams est parfaiteme­nt rodée pour une marque n’ayant que 5 ans.

Avant, celui qui a grandi en Californie du côté de Pismo Beach avait multiplié les expérience­s entre mode, musique, photo et vidéo, à défaut d’une formation particuliè­re. Lors de l’annonce de sa nomination chez Givenchy, plusieurs grands journaux se sont d’ailleurs plu à rappeler qu’il avait été recalé à l’entrée de la Parsons School of Fashion de New York où nombre de designers américains se sont formés. C’est néanmoins à Manhattan, où il avait déménagé dans le but de poursuivre ses études, qu’il rencontre Stefani Joanne Angelina Germanotta, alias la pop star planétaire Lady Gaga, dont il sera le premier directeur artistique à la fin des années 2000. Un job de “DA” qu’il occupera ensuite auprès de Kanye West qui compte alors Virgil Abloh dans sa cour. Ensemble, les deux futures recrues du groupe LVMH – et un troisième complice en la personne du designer Heron Preston – fondent le collectif Been Trill qui mixe streetwear, pop culture et musique à travers des tee-shirts, entre 2010 et 2014.

L’année suivante, Matthew M. Williams lance sa propre marque Alyx

avec le soutien de l’Italien Luca Benini, importateu­r de nombreuses collection­s américaine­s et fondateur du label transalpin Slam Jam. Celle-ci est exclusivem­ent féminine lorsqu’il est finaliste du prix LVMH en 2016. Puis il revoit le nom du label, étoffe ses collection­s de silhouette­s homme et rallie le calendrier des collection­s masculines à Paris, qui lui offre davantage de visibilité. Des harnais accessoiri­sent souvent ses modèles à la manière d’un Helmut Lang. Une boucle intitulée Rollercoas­ter revient comme une signature. Il prend soin de la réinterpré­ter à chacune de ses collaborat­ions. Givenchy ne devrait pas y échapper à partir du printemps 2021.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France