La chambre des secrets.
Avec ses vingt chambres, L’Hotel fait partie des plus petits cinq- étoiles de Paris, mais rafle facilement un prix spécial du chic. Raffinement et discrétion, voilà de quoi attirer tout le gotha du septième art, notamment Johnny Depp, qui a occupé sa suite Oscar Wilde.
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Cet Hotel, c’est tout un cinéma. On passe devant sans s’en rendre compte. On revient sur ses pas, et il est bien là. Lui- même a passé sa vie à glisser. D’hôtel d’Allemagne en 1868, nom que, guerre de 1870 oblige, l’on fit vite disparaître, il devint l’hôtel d’Alsace, histoire d’avoir la paix, puis L’Hotel tout court. L’endroit a du chien. Si les anecdotes ruissellent, seules filtrent, hélas pour vous, les plus pudiques. Claudia Cardinale tint le standard pendant la pause déjeuner de la préposée : “L’Hôtel, bon souââr !” On le lui fit remarquer gentiment. “Mais, rétorqua- t- elle, que croyez- vous que je faisais avant ?” Bianca Jagger était ici lorsqu’elle apprit sa grossesse, y resta plusieurs mois et eut la visite impromptue des Rolling Stones, bloquant la rue des Beaux- Arts avec leurs… treize limousines. Il y eut d’autres stars. À commencer par Oscar Wilde, qui vint s’y remettre de sa vie dissolue sanctionnée par deux années de bagne. Il mourut sans le sou en 1900, laissant une ardoise – affichée dans cette suite ( la 16), dédiée à l’écrivain – de 2 643,40 francs, avec paniers de bois, oeufs, bougies, bouteilles de lait “supérieur”… En vous allongeant sur la literie délurée, sentez le matelas ( Vispring) hors de prix, cousu main, avec surmatelas et ressorts ensachés. Pensez à ceux qui vous précédèrent entre les draps (satin de coton, Garnier-Thiebaut) : tout le XXe siècle. Johnny Depp et Vanessa Paradis (qui firent connaissance à l’Hôtel Costes) s’y replièrent en toute discrétion, dans le calme bordé (49 décibels) de la chambre ( 35 m2), petit bijou de boiseries revu et pomponné par Jacques Garcia façon
XIXe britannique dans les tons verts avec frise émaillée au paon. La salle de bains en jette : baignoire encapuchonnée, produits Green & Spring et servietteséponges épaisses ( 650 gr/m2). Le jet de la douche, urbain, pourrait être plus audacieux, tel le minibar, qui joue petit bras, fort du bar réputé du rez- de- chaussée ( fort bon restaurant aussi). Ce n’est pas une raison. Terrasse charmante ( 50 m2, petites tomates, piments, jasmins, oliviers)…