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MALUMA, LES VIBRATIONS DE MEDELLÍN

- Par Frances Solá- Santiago

Né à Medellín, en Colombie, Maluma a su conquérir la planète entière en chantant en espagnol et exporter ses tubes, directemen­t issus de ses racines latines, jusqu’à devenir une pop star internatio­nale prisée du monde de la mode, qui affiche 22 millions d’abonnés sur Spotify et 50 millions sur Instagram.

Maluma aime l’amour. Il a construit sa carrière en en faisant des chansons. Certaines, comme Qué Pena ou Borro Cassette, parlent d’aventures d’un soir. D’autres racontent le polyamour, comme Felices los 4. Et puis il y a l’amour éternel, celui qu’il chante dans son dernier single, ADMV.

Mais ce que Maluma aime vraiment dans la vie se résume à sa sainte trinité à lui : la famille, la musique et son pays, la Colombie. C’était aussi le programme de son confinemen­t, puisqu’il l’a passé chez lui, avec ses proches, en composant de nouveaux titres. Il vient ainsi de sortir ADMV, l’une de ses chansons les plus sincères à ce jour, une ballade romantique sur fond de guitare qui fait écho aux premiers boléros du XXe siècle. Rien à voir avec les paroles torrides et les airs de bad boy qui lui ont valu sa réputation de tombeur depuis son premier album, Pretty Boy, Dirty Boy. “Ce n’était pas prémédité, assure- t- il, mais le message de cette chanson colle par faitement à la période que nous traversons en ce moment.”

Maluma, de son vrai nom Juan Luis Londoño Arias, a été propulsé vers la gloire internatio­nale depuis la ville colombienn­e de Medellín, où il est né. À l’adolescenc­e, il s’est lancé avec l’aide de sa tante, Yudy Arias, en chantant du reggaeton, une musique issue des cultures urbaines marginales de Por to Rico et du Panamá. Depuis, Maluma a su exporter le son qu’il produit jusqu’à at teindre 22 millions d’abonnés sur Spotify. Il a sorti quatre albums, collaboré avec Madonna et travaillé avec des créateurs comme Kim Jones, chez Dior.

Si Maluma est aujourd’hui une pop star planétaire, au début des années 2010 il n’était qu’un ado ayant choisi de troquer ses rêves de carrière footballis­tique contre une petite chance de se faire une place dans la musique. Désormais, il fait par tie de la “bande de Medellín”, aux côtés d’artistes comme le virtuose du reggaeton J. Balvin, la chanteuse d’urbano Karol G ou le producteur Sky Rompiendo. Tous retravaill­ent les sons de la musique urbano ( la musique urbaine latine qui recoupe le hip- hop, le reggaeton, le rap et la trap) en les intégrant à leur propre mix colombien, ce qui leur a permis d’accéder à une reconnaiss­ance internatio­nale. “Medellín est en pleine effervesce­nce dans l’art, la musique et la culture, explique Maluma. Il faut dire que chez nous, le niveau d’énergie est tout à fait différent, et je suis très heureux qu’ensemble nous soyons parvenus à par tager ça avec le reste du monde.”

La démarche de Maluma transcende les genres musicaux, et c’est ce qui le distingue des autres représenta­nts du mouvement. Il ne se voit pas seulement comme un artiste de musique urbano, mais plutôt comme l’artisan du style Maluma, le sien – “ce que j’ai dans le coeur”, dit- il. Sa musique mêle en ef fet les souvenirs et les influences – les disques de salsa que collection­nait son grand- père, la cumbia traditionn­elle de son pays, les classiques du hip- hop ou du reggaeton qu’il écoutait enfant.

Maluma est à lui seul un cocktail de sons latino- américains irrigués par les vibes

cosmopolit­es de la pop internatio­nale. Pourtant, durant son ascension vers les sommets, il a rarement abandonné le confort de sa langue maternelle, proche en cela de toute la dernière génération de stars hispanopho­nes, comme l’artiste de reggaeton portoricai­n Bad Bunny, ou la chanteuse espagnole Rosalía, qui s’inspire du flamenco. “Parce que c’est ce que je suis, sinon cela reviendrai­t à être quelqu’un que je ne suis pas, explique- t- il. Mais je n’ai rien contre le fait de chanter en anglais, et cela viendra un jour.”

En attendant, c’est le monde qu’il fait venir à sa por te. Le meilleur exemple en est peut- être sa première collaborat­ion avec Madonna.

À 26 ans, Maluma est désormais bien loin de l’adolescent qui, pour se faire connaître et gagner un peu d’argent, chantait dans les quinceañer­as de Medellín, ces fêtes où les jeunes filles célèbrent en grande pompe leur quinzième anniversai­re.

Sur le titre Medellín, leur duo raconte une histoire d’amour imaginaire avec la reine de la pop, dont la toile de fond est la ville natale de Maluma. Plus récemment, il a fait voyager partout l’argot de Medellín avec Qué Chimba, devenu un véritable hymne dans tous les clubs de la planète. Le titre offre la pleine saveur du slang colombien, avec des termes comme llave (“clé” en espagnol), qui désigne un “ami” en Colombie. C’est, dit- il, une façon pour lui de promouvoir ses racines.

À 26 ans, Maluma est désormais bien loin de l’adolescent qui, pour se faire connaître et gagner un peu d’argent, chantait dans les quinceañer­as de Medellín, ces fêtes où les jeunes filles célèbrent en grande pompe leur quinzième anniversai­re. Aujourd’hui il possède son propre jet privé ( qu’il a d’ailleurs fait découvrir à ses 50 millions de followers Instagram dans une vidéo où on le voit sangloter de bonheur), et il signe des contrats pour des millions de dollars avec des marques comme la bière Michelob Ultra. Maluma a aussi défilé pour Dolce & Gabbana, tourné dans une publicité dif fusée pendant le Super Bowl et assisté en 2019 à son premier gala du Met, habillé par le designer Jeremy Scott.

Mais ce niveau de célébrité ne le dérange pas plus que ça. “Pour moi, l’essentiel est de savoir garder un bon équilibre, poursuit- il.

Je me concentre vraiment là- dessus. Pour y parvenir, j’emmène ma famille avec moi dans mes déplacemen­ts, je fais de la musculatio­n, je pratique la méditation.” La mode n’est, au demeurant, pas bien loin du panthéon de ses préoccupat­ions. Sur son profil Instagram, vous le verrez torse nu, posant au réveil avec une tasse de café. Mais sur scène, il por te d’impeccable­s costumes sur mesure avec des mocassins – son look de concert fétiche depuis une collaborat­ion avec Dolce & Gabbana, en 2018. Ces derniers temps, il semble s’orienter volontiers vers un streetwear minimalist­e aux accents militaires, associé à une grosse chaîne en diamants af fichant l’initiale M. Il a en outre récemment rendu hommage à Dior

– une marque qu’il adore – dans les paroles du titre 11 PM, où il chante “El cuarto huele a Christian Dior”, c’est- à- dire “La chambre sent le Christian Dior”. Ce single fait par tie de son quatrième album, 11:11, sorti en 2019.

Il n’était donc guère étonnant de le voir débarquer au défilé Dior pour la précollect­ion de l’automne 2020 – arrivant au volant de sa décapotabl­e dans Wynwood, le quar tier de Miami célèbre pour ses peintures murales. Il s’en souvient comme d’“un super moment”, et ajoute : “Je me serais vraiment cru dans une scène de film.” Après cette apparition plutôt remarquée, il est allé à Paris rencontrer les équipes de Kim Jones et discuter d’un nouveau projet : ses tenues de concert pour la tournée 11:11 World Tour. Elles s’inspirent des pièces de la collection homme de Dior du printemps 2020, et il les a por tées sur scène pour la première fois à Athènes, en mars dernier, avant l’interrupti­on de la tournée pour cause de coronaviru­s. Enthousias­te au sujet de cette collaborat­ion, Maluma ne tarit pas d’éloges à l’égard de Kim Jones : “Je suis très heureux de pouvoir le considérer comme mon ami. Je le trouve absolument génial.”

Aujourd’hui, presque dix ans après la sor tie de son premier album, Magia, on peut dire que la musique de Maluma a pratiqueme­nt fait le tour du monde. Il a rempli le Madison Square Garden à New York et donné des concerts sur les cinq continents. Que peut- il encore espérer ? “J’ai très envie d’aller en Chine et au Japon, répond- il. J’ai beaucoup de respect pour ces cultures, et ce serait vraiment formidable de pouvoir popularise­r là- bas les rythmes latinos.”

La démarche de Maluma transcende les genres musicaux. Sa musique mêle les souvenirs et les influences – les disques de salsa que collection­nait son grand- père, la cumbia traditionn­elle de son pays, les classiques du hip- hop ou du reggaeton qu’il écoutait enfant.

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