L’ARTISTE DU MOIS LUCAS ARRUDA Ce peintre brésilien développe un travail sur la lumière, grattant parfois ses toiles pour la faire venir de l’arrière de ses tableaux. Il représente inlassablement des paysages, fruit d’une réflexion ininterrompue qui l’em
Le Brésilien Lucas Arruda produit un travail sériel, constitué de tableaux de petit format regroupés sous le titre générique de Deserto-Modelo. C’est ce terme, emprunté au poète brésilien João Cabral de Melo Neto, que l’artiste utilise pour titre de toutes ses expositions. Ce “modèle” est un paysage inventé, matrice de ses peintures qui poussent la représentation jusqu’à l’abstraction. Ces petits panoramas laissent entrevoir une ligne d’horizon où se confondent souvent l’océan, la plage et le ciel. Mais, parfois, ils deviennent plus figuratifs, dépeignant la densité végétale d’une jungle imaginaire. Il est difficile de dater ces peintures ou de localiser les lieux représentés. Notre relation aux paysages est si intimement associée à nos souvenirs et à l’histoire de l’art que la contemplation de son oeuvre éveille volontiers en nous une étrange impression de déjà-vu, qu’il s’agisse des oeuvres d’un Armando Reverón, peintre vénézuélien que Lucas Arruda a beaucoup regardées, ou, plus proches de nous, de celles d’un William Turner peut-être. Visiter ses expositions est une expérience puissante qui génère un sentiment contemplatif, lumineux, se risquerait-on à dire, sachant que la lumière est au coeur de son travail, l’artiste allant jusqu’à remplacer, parfois, ses peintures par des projections de simples diapositives.
Numéro : Quel a été votre parcours ?
Lucas Arruda : Je suis né et j’ai grandi à São Paulo, la ville la plus peuplée du Brésil, dans le chaos propre aux grandes métropoles. En contrepoint à cette pression urbaine, j’ai pris l’habitude de m’échapper à Barra do Una, où mon père et son mari ont une petite maison en pleine nature. Je crois que ces escapades ont marqué de façon très forte mon rapport à l’observation. J’ai développé des liens très