Octane (France)

LES CLASSIQUES DE LA HAVANE

Le photograph­e Piotr Degler a visité Cuba pour découvrir son parc automobile hors du temps et capturer sur pellicule la fin d’une époque.

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Elles rouillent à Cuba: une 300SL et les autres…

VISITER CUBA pour photograph­ier les voitures de l’île a toujours été un rêve pour moi. À l’été 2014, j’ai senti que c’était maintenant ou jamais. Le voyage était entièremen­t improvisé. Je suis arrivé à Cuba par mes propres moyens, avec le plan d’aller de Viñales à Santiago de Cuba pour trouver les plus belles voitures cachées sur place, en m’arrêtant en route pour discuter avec les locaux. L’espagnol est ma langue maternelle alors la communicat­ion n’était pas un problème. Je me suis lié d’amitié avec une famille dans les environs de La Havane et ai passé au moins 12 heures par jour à voyager à bord d’almendrone, ces taxis épuisés. Très peu de Cubains possèdent une voiture privée. Mener des recherches en amont ne fut pas facile. En plus des évidentes voitures américaine­s et soviétique­s, j’ai entendu parler d’une Hispano-suiza, mais aussi de Jaguar, MG, Austin-healey, Mercedesbe­nz, Alfa Romeo, Porsche, Citroën, Volkswagen, BMW… Le Grand Prix de Cuba s’est déroulé à La Havane à trois reprises, en 1957, 1958 et 1960. Les équipes sont arrivées en Ferrari, Maserati, Porsche, Mercedes… Il existe une photo d’époque représenta­nt deux Coupé 300 SL et à ce que je sais, certaines de ces voitures sont restées sur place après les courses. Il existe de nombreuses légendes urbaines à leur sujet. Certaines disent que de nombreuses autos ont “disparu” dans les années 80, quand la loi n’était pas si stricte. D’autres racontent que des gens ont fini en prison en essayant de les faire sortir de Cuba en pièces. Nous ne saurons jamais la vérité et c’est tout ce qui fait le charme de ces histoires. Ces voitures appartienn­ent à Cuba et devraient y rester.

Il est possible d’importer des nouvelles voitures sur l’île depuis quelques années, ce qui est une excellente nouvelle pour ses habitants, mais cela va changer à tout jamais l’ambiance de Cuba. À mon arrivée, voir ces anciennes utilisées au quotidien, de nuit sans phares et lâchant un éternel nuage de fumée, fut un moment inoubliabl­e. C’est pour cela que j’ai voulu les prendre en photo. Dans quelques années, il sera sans doute impossible de capturer ces mêmes clichés. De ce voyage, j’ai sélectionn­é douze photos pour un calendrier en 2015 et, en 2016, mon livre Carros de Cuba a été imprimé. Voici quelques images qui en sont tirées.

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