LES VOITURES D’OCTANE
Fiat 2300S, Mercedes 500 SL et Porsche 912
MON FRÈRE et moi-même devant nous rendre à Saintmoritz début avril, je décidai de prendre la route avec ma Fiat 2300S Ghia Coupé de 1963. Séduit par la dernière vidéo de Simon Kidston mettant en scène la Miura de Reza Pahlavi dans la neige, j’avais envie de prendre une photo de la Fiat devant la modeste demeure du chah d’iran, la villa Suvretta.
J’ai acheté la Fiat en 2009 dans un état correct, mais sans plus, et je décidai en 2014 de lui faire profiter de l’expertise du Garage la Macchina, à Luxembourg. La restauration dont elle avait bénéficié à l’époque de son achat laissait vraiment à désirer, et de la rouille commençait à apparaître à différents endroits.
Les travaux auront duré trois ans, accumulés essentiellement lors du remontage après réfection. J’avais acheté une deuxième Fiat 2300S pour pièces, stockée dans les Ardennes belges au fond d’une vieille grange depuis plus de six ans, et c’est à ce moment que mon garagiste m’a demandé de la lui ramener, ce qui ne fut fait qu’après d’interminables échanges.
Ma première Fiat, celle en restauration, a clairement été assemblée à la main, alors que la seconde, datant de 1965, se présente comme une voiture construite avec des méthodes industrielles d’emboutissage.
Les différences au niveau de la carrosserie s’avèrent impressionnantes. S’il manquait plus d’un tiers de pièces d’accastillage de la première, la seconde était heureusement complète et tous les éléments manquants purent y être prélevés. Vint enfin le délicat moment du choix de la teinte à donner à la voiture. Le nuancier d’époque ne me faisant pas vraiment d’effet, j’ai décidé de me tourner vers celui de Ferrari pour l’annéemodèle 1963, contemporain à celui de ma 2300S. C’est ainsi que je me suis décidé pour un Grigio fumo metallizzato, proposé sur la Ferrari 250 GTE. J’ai récupéré la voiture le mercredi 29 mars après une sommaire révision, un contrôle technique le jeudi, et ai pris le départ le vendredi matin chargé uniquement d’une paire de skis, de deux sacs de voyage et d’une paire de chaînes. Début avril est la meilleure période pour partir skier en anciennes, pas de touristes sur les cols, excellente neige en haute montagne et routes dégagées.
La Fiat 2300S est un véhicule ayant pour particularité de profiter d’une très grande douceur de fonctionnement avec
ses quatre freins à disque assistés et une boîte à 4 vitesses extrêmement bien étagée, tout en étant capable d’être rageur lorsque l’on décide d’ouvrir en un peu plus grand les deux Weber 38, la course de la pédale d’accélérateur étant particulièrement longue, un peu comme sur les Ferrari de la même époque. Idéal donc sur autoroute comme sur petites routes. J’ai quitté Coire, la capitale des Grisons, pour entamer la route vers Lenzerheide-valbella afin de rejoindre le col du Julier qui culmine à 2 284 m. Très vite, j’ai ressenti que la voiture manquait d’air au fur et à mesure de la montée et ai donc décidé de retirer le couvercle du filtre à air, ce qui, dans le cas de ce véhicule, améliore considérablement les choses, le bruit devenant digne de son moteur six cylindres signé Aurelio Lampredi et Carlo Abarth. Deux heures de routes de haute montagne plus tard, j’arrivais devant mon hôtel aussi frais que si j’avais pris mon
Alfetta GTV de quinze ans sa cadette.
Mon frère était déjà sur place avec sa nouvelle acquisition, une sublime Bentley Turbo R de 1996, ce qui nous permit, entre deux rendez-vous, d’explorer les environs aux sons combinés du six en ligne et du V8 turbocompressé.
Après avoir rendu visite à Nietzsche (Sils-maria), Gunter Sachs (Dracula Club) et Reza Pahlavi (Suvretta), il fallait désormais penser au retour. Nous sommes tous les deux tombés en panne le même jour, démarreur HS pour ma part, importante fuite de carburant pour mon frère, nous voici donc aujourd’hui, deux voitures de location plus loin, prêts à prendre le départ pour la route du retour !