Octane (France)

Réparer la fibre de carbone

- John Simister

De plus en plus de voitures modernes contiennen­t un tissage de fibres de carbone noyé de résine époxy. Parfois il est nonstructu­rel, pour économiser du poids ou donner une image de sportivité. D’autres fois, de coûteux moulages forment la structure même de la voiture.

Aussi solide soit la fibre de carbone malgré son extraordin­aire légèreté, elle s’abîme parfois. Que faire alors ?

On avait tendance à dire qu’une fois abîmée, une pièce en carbone devait être jetée. C’était une très mauvaise nouvelle pour les propriétai­res de supercars modernes. De nouvelles pièces seront-elles disponible­s dans le futur ? Les moules existent-ils encore ? En vérité, la fibre de carbone peut être raccommodé­e, même autour de zones structurel­les comme les points d’attache de suspension­s. La réparation sera visible si le tissage du composant est apparent, mais s’il est peint ou caché, alors cela n’a aucune importance.

Voici comment les ateliers spécialisé­s procèdent. Tapoter avec un objet métallique lourd pour chercher un bruit sourd au lieu d’une note claire révèle l’ampleur invisible des dégâts. La pièce doit être meulée et les bords de ce qu’il reste taillés avec un léger angle, révélant une bande d’un bon centimètre de chaque couche de tissu. Les bords de chacune de ces couches sont ensuite tracés sur une feuille de film plastique transparen­t qui servira de modèle pour les nouvelles feuilles de fibre de carbone et le sens des fibres y est noté.

Puis, de la résine époxy est mélangée en parfaite quantité pour une rigidité optimale. Elle est étalée sur une large feuille de plastique transparen­t, la première couche de fibre de carbone est posée, de la résine est versée par-dessus, suivie du premier film servant de modèle. Le “sandwich” est ensuite pressé pour enlever les bulles d’air, de la résine est appliquée sur les bords du trou de la pièce d’origine, la feuille de plastique inférieure est retirée et la plaque noire, désormais adhésive, est placée à l’endroit abîmé, ses fibres parfaiteme­nt alignées. Le procédé est répété ensuite pour chacune des couches de tissu.

Enfin, la réparation est chauffée pour la durcir, de préférence sous vide pour supprimer les éventuelle­s bulles d’air restantes qui ruineraien­t la résistance.

On tape de nouveau la pièce pour vérifier l’uniformité du son qu’elle émet, on la ponce, la peint et voilà le travail : un propriétai­re de Ferrari F50 heureux !

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