Juge et journaliste
David Lillywhite rejoint la brigade des blazers à Amelia Island.
UNE DISCUSSION informelle avec Bill Warner, le fondateur du Concours d’amelia Island, il y a quelques mois : « Hé, vous devriez être juge à Amelia ! ». Cela m’a fait sourire. Bien sûr j’aurais adoré, mais je ne m’attendais pas à ce que cela se concrétise.
Quelques jours plus tard, j’ai reçu un courriel de l’équipe de Bill, m’invitant à être juge et m’offrant un logement sur place et une invitation au dîner de gala du dimanche soir. L’hospitalité de Bill Warner n’est pas qu’une légende…
Je dois rater la première réunion des juges le vendredi soir avant le concours, car je suis toujours en voyage depuis l’aéroport d’orlando. Mais comme l’événement a été décalé du dimanche au samedi au dernier moment, je rencontre donc mes nouveaux collègues le samedi matin, juste avant le début des festivités.
Nous sommes au nombre de 119 ! Je suis avec mon compatriote anglais Andrew Bagley, sous la direction de l’expérimenté Ford Heacock. Nous jugeons la classe Bentley. « Puisque vous êtes des Brits’, vous devez tout savoir à leur sujet », commente Ford…
David Schultz, le responsable du jury, nous rappelle l’importance de juger les voitures sur l’élégance autant, voire plus, que sur leur état et que nous devons finaliser notre jugement pour 10 h 30 du matin, avant de nous libérer à 8 h. Notre classe rend les choses faciles. Il n’y a que cinq Bentley, et l’une d’elles, une Continental Convertible ex-jayne Mansfield est indiquée DNJ (ne pas juger). Cela nous laisse avec une Continental Shooting Brake 1949, deux S1 Park Ward Continental Coupés (1957 et 58) et une Drophead Victoria 1953.
Nous discutons avec les propriétaires de chaque voiture avant de commencer à les juger, en leur expliquant le procédé, puis direction le Shooting Break. Quelle extraordinaire voiture ! Elle est utilisée par son propriétaire, Andrew Benenson, pour des pique-niques en famille. Les cannes à pêche du premier propriétaire sont encore attachées dans le coffre. L’état est bon, pas exceptionnel, mais nous adorons son histoire et sa rareté.
Ensuite, la S1 dorée. C’est une beauté : si élégante et si somptueuse à l’intérieur. Encore une fois, son propriétaire l’utilise et il est difficile de lui trouver un défaut mis à part quelques points mineurs, comme une pièce d’accastillage pas exactement aussi brillante que les autres.
Mais elle n’est pas aussi éblouissante que la S1 voisine, qui a été restaurée par Vantage Motorworks en gris et noir. Don Turner, son propriétaire, indique les poches à carte routière supplémentaires à l’arrière des sièges et le compartiment à cartes zippé dans le ciel de toit, demandés par le premier propriétaire. « Il devait vraiment aimer les cartes », note Don. Elle est parfaite en tous points.
Enfin, la Drophead. Élégante, imposante, restaurée dans le moindre détail, y compris les décanteurs en cristal et les verres se trouvant dans chaque compartiment de portière.
C’est un choix difficile. Nous devons les classer dans l’ordre car si une voiture remporte le prix d’un sponsor, elle ne peut plus remporter sa classe, et c’est donc la suivante qui rafle le trophée. C’est un système qui permet au plus grand nombre de propriétaires de rentrer chez eux avec un prix.
Nous délibérons. C’est serré entre la S1 bi-ton et la Drophead. Nous en faisons le tour de nouveau et délibérons encore. La Drophead l’emporte ! La S1 bi-ton est seconde, la S1 dorée 3e et la Shooting Brake 4e.
En fait, la S1 bi-ton remporte de toute façon un prix spécial, ce qui nous soulage. Mais d’abord, nous nous rendons dans l’arène pour la présentation des juges, durant laquelle Bill Warner déambule avec un microphone, présentant chaque juge de mémoire. Luigi Chinetti est à ma gauche, Derek Bell à ma droite. Pas mal… Après les présentations, nous allons enfin placer les rubans récompensant les deux voitures de notre classe. Quelle incroyable expérience !