C’est la fin des voitures australiennes
La production automobile s’est achevée aux antipodes avec la fermeture de l’usine Holden.
LE 20 OCTOBRE dernier, la toute dernière voiture entièrement assemblée en Australie a quitté l’usine GM Holden d’elizabeth, en banlieue d’adelaïde, qui tournait depuis 1963. C’était une berline Commodore SS-V Redline rouge à moteur V8, une descendante des célèbres muscle cars australiennes.
C’était le dernier clou dans le cercueil de la production automobile, un cercueil dont le couvercle s’est refermé il y a plus de 4 ans. Le 23 mai 2013, Ford, le rival de toujours, annonçait arrêter la production de voitures en Australie. Le même jour la Holden VF Commodore fut présentée à la presse. Elle restera la dernière voiture créée en Australie.
En tant que directeur de la communication Holden en 2012-13, je m’en souviens comme si c’était hier. Tous les médias aussies étaient présents à Canberra pour découvrir la nouvelle Commodore. C’était un jour de gloire pour Holden, l’apogée d’un programme de 7 ans durant lesquels l’entreprise a dessiné, conçu et créé la voiture australienne la plus sophistiquée et technologiquement avancée de l’histoire. Il fallait y être pour comprendre ce que ça signifiait pour les Australiens. Holden est une institution nationale et le lancement d’une nouvelle voiture conçue et assemblée au pays faisait les gros titres.
Mais la journée a rapidement pris un autre tournant. Alors que les médias quittaient l’hôtel où ils étaient logés pour prendre le volant des voitures, mon téléphone a sonné. C’était mon confrère de Ford qui m’apportait une mauvaise nouvelle : la marque à l’ovale annonçait la fermeture imminente de ses deux usines de Geelong et Broadmeadows. Ce matin-là, à 10 heures, une Holden VF Commodore Calais violette, conduite par
le directeur de l’époque, Mike Devereux, s’est arrêtée sur le parking et trente des journalistes les plus importants du pays se sont regroupés autour pour écouter la conférence de presse Ford, diffusée à la radio. C’était le début de la fin.
L’assemblage automobile était au coeur d’un ping-pong politique depuis de nombreux mois. 2013 était une année d’élections. Alors que la Première Ministre travailliste, Julia Gillard, soutenait un investissement du Gouvernement de 275 millions de dollars australiens dans l’industrie, son rival principal du parti libéral, Tony Abbott, était contre. La presse s’y est mise, suggérant qu’il n’était pas nécessaire que le Gouvernement investisse dans de grandes entreprises pour maintenir la production en Australie.
Ford a été le premier à lâcher, mais à la fin de l’année 2013, Holden annonçait égale-
ment que le futur de la production en Australie n’était pas viable. Toyota, qui avait une usine à Altona produisant une version locale de la Camry, a rapidement suivi. En réalité, les dégâts ont été causés bien avant 2013. L’obstination à produire de grandes voitures dans un marché en mutation, la suppression des taxes à l’importation et un taux de change peu favorable ont rendu la production automobile en Australie intenable, sans investissement du Gouvernement. Au final, la décision de ne plus assembler de voitures sur son sol est à imputer à l’australie elle-même.