Citroën GS Birotor, futur inachevé
Une GS à moteur rotatif ? Ça aurait pu être la recette du succès…
DIFFICILE DE NE PAS admirer un constructeur qui a osé le moteur Wankel. NSU a été le premier à proposer un rotatif dans une voiture de production, alors que Mazda a perfectionné la formule pour ses voitures de sport (voir en page 84). Citroën, en revanche, a injecté des millions dans le développement de moteurs rotatifs pour ses voitures, mais ne l’a pratiquement pas exploité si ce n’est sur la GS Birotor. En théorie, le Wankel devrait être le partenaire parfait pour une Citroën hydropneumatique: doux et raffiné, délivrant une puissance incomparable pour son poids et son encombrement. Ainsi, au milieu des années 60, Citroën se lança dans le rotatif. Mais alors que dix ans plus tard Mazda l’avait quasiment poussé à la perfection, l’expérimentation a conduit Citroën à la faillite. S’étant associé avec NSU pour former Comotor (une structure séparée dédiée uniquement aux moteurs Wankel), Citroën y a investi des fortunes. Une petite série de prototypes M35, dérivés de l’ami 6 et à moteur à simple rotor, furent confiés en 1969 à quelques clients sélectionnés pour évaluation. Mis à part quelques problèmes de jeunesse, elle fonctionnait bien, ce qui justifia la poursuite du programme.
La voiture définitive (appelée GS Birotor, ou GZ sur certains marchés) fut mise en vente en 1974. Elle ressemblait à une GS un peu gonflée mais cachait des différences profondes. À l’extérieur, des passages de roues élargis cachaient des jantes et des pneus plus larges, mais de plus petit diamètre, de plus gros freins montés dans les roues remplaçaient le dispositif in-board et des barres antiroulis rendaient le comportement plus ferme.
Une planche de bord avec des compteurs ronds remplaçait l’instrumentation futuriste et les sièges et les tapis étaient plus cossus. La transmission semi-automatique à 3 rapports combinait un convertisseur de couple avec un levier manuel conventionnel, comme sur la NSU Ro80 et les autres GS C-matic.
Alors qu’elle se comportait à la perfection sur route, la voiture se montrait difficile à conduire en douceur en ville, quelque chose que les rotatifs n’apprécient guère. Malgré une bonne vitesse de pointe de 175 km/h, la piètre consommation de carburant et un prix élevé rendaient la Birotor quasi impossible à vendre, surtout après la crise du pétrole. En 1975, après à peine une année de production, la Birotor fut supprimée du catalogue.
Citroën a essayé d’en effacer toute trace. Et seules une poignée de Citroënistes acharnés ont résisté lorsque le constructeur a décidé de racheter les 847 Birotor assemblées. Peu y ont survécu: on estime qu’il en subsiste moins de 100 dans le monde aujourd’hui.
Qu’est devenu le moteur Wankel Citroën? Après l’échec de la GS Birotor, l’entreprise a essayé de concevoir un hélicoptère utilisant une version plus développée du même moteur Comotor. Après encore plus de problèmes de fiabilité et quelques millions de francs dépensés en plus, Peugeot a finalement sonné la fin de la récréation.
Nous ne pouvons vous donner une seule raison logique de chercher une Birotor. C’est une voiture complètement illogique pour ceux qui veulent être différents. Elle offre un aperçu de ce qu’aurait pu devenir Citroën dans un univers parallèle où la CX aurait enfin reçu le moteur qu’elle méritait et où les Wankel seraient les rois de l’autoroute, et peut-être même des cieux.