Octane (France)

RALLYE EN GEORGIE

À travers le Caucase – à bord d’une GAZ Volga…

- Texte Peter Baker Photos Peter Barker, autres participan­ts et Alamy

Cela fait 2 heures que le vol pour Tbilissi a décollé et je me pose plein de questions: dans quoi me suis-je embarqué ? La Géorgie a non seulement des frontières avec la Russie, la Turquie, l’arménie et l’azerbaïdja­n, mais aussi une réputation parfois sulfureuse. Est-ce que je vais revivre le rallye Liège-istanbulli­ège de 1997, où j’ai parcouru une campagne bosniaque parsemée de matériel militaire abandonné, ai été arrêté toutes les 30 minutes par des policiers gourmands de pots-de-vin sous prétexte de faux excès de vitesse et ai passé mes nuits dans des hôtels où même les chats prenaient des cachets contre les indigestio­ns ? J’ai le plaisir de vous annoncer que j’avais faux sur toute la ligne. En Géorgie, 3 millions de citoyens vaquent à leurs activités dans un pays encore plus petit que la Suisse, qui s’étale entre les montagnes enneigées du Caucase et la Mer Noire, absolument inconscien­ts de vivre dans un paradis pour les conducteur­s de voitures classiques. Pour preuve, je suis revenu sain et sauf du premier rallye historique organisé en Géorgie, appelé “Driving With Zoë” [Conduire Avec Zoë], organisé par Zoë Whittaker et le départemen­t du tourisme géorgien et se déroulant entre le 27 mai et le 1er juin dernier.

Non seulement sain et sauf, mais aussi avec un bien meilleur sens de l’humour, après 5 jours derrière le volant (ou en dessous) d’une GAZ-21 Volga russe de la fin des années 60, une voiture dont le parebrise extra-large, les sièges lisses et glissants, l’abondance de chromes et les passages des rapports au volant m’ont immédiatem­ent rappelé la Vauxhall Victor que j’ai un jour possédée. Pour le Géorgien moyen, la Volga a toujours été un objet de désir hors de portée, toutefois un bref essai lui aurait sans doute fait changer d’avis. Nous sommes le samedi 26 mai, la veille du rallye, et l’ambiance à Tbilissi est à la fête. Tout le pays célèbre les 100 ans de l’indépendan­ce sur la “Mère Russie”, alors il n’est pas question de penser se coucher tôt et je me promène le long de l’avenue Shota Rustaveli vers la Place de la Liberté, agitant mon drapeau comme tout le monde. J’adore déjà cet endroit et ça ne fait que 24 heures que je suis là. 9h du matin le dimanche. Alors que la ville est toujours en pleine gueule de bois, la cérémonie précédant le rallye – imaginez le maire, une fanfare de cuivres et les médias locaux – est lancée. Puis, à midi précise, à quelques minutes près (c’est la Géorgie et quelques participan­ts sont encore attendus), un silence tombe sur la place. Le maire lève le drapeau du départ – si ce n’est que quelqu’un a oublié le drapeau officiel chez lui – le Big Band Orchestra de Tbilisi entonne (Is this the way to) Amarillo, au plus grand plaisir de ceux qui ont envie de continuer la fête, et soudain les 12 véhicules participan­t au tout premier rallye historique géorgien décollent à la queue leu leu en direction de la première station-service, à 10 km de là.

Sens horaire à partir d’en bas à gauche

Turner/blackhall dans leur Opel (ou une copie Moskvitch) d’origine inconnue. Un fier propriétai­re de GAZ Pobieda. Zoë Whittaker à la rencontre des locaux et au volant d’une Opel Tourer. Un berger solitaire. De nouvelles bougies pour la Volga. Le départ. Une autre GAZ, une 69 4x4.

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