Les graisseurs
Comment pourrait-on aimer un graisseur ? C’est une chose vilaine, visqueuse et sale, une corvée à utiliser et un témoignage toujours présent de négligence si on l’ignore.
Les voitures d’avant-guerre en ont beaucoup, avec un calendrier d’entretien demandant parfois un coup de graisse tous les 500 km. Les voitures d’après-guerre peuvent attendre 1 500 km, voire plus – parfois 8 000 km – mais vous imaginerez aisément pourquoi l’absence de points de graissage est devenue un argument de vente attractif lorsque les constructeurs ont développé des rotules, joints de cardan et autres articulations scellées à vie. Mais il y a quelque chose de rassurant avec ces graisseurs qui vous offrent la possibilité de prendre le contrôle de la longévité de vos articulations – et non pas quelques comptables amateurs d’obsolescence programmée. Traitez-les bien, alimentez-les avec la bonne graisse (ou huile) et elles dureront indéfiniment.
J’ai connu un vieux mécano qui était tellement fier de son travail qu’il dévissait chaque graisseur, les nettoyait, les remplissait de graisse avant de les remonter et de remettre de la graisse. Cela prenait une éternité. Un pur exercice de zen automobile. Et il était payé pour ça.