Heed Obelisk S1 III
Obelisk S1 III
C’est la troisième version de ce petit intégré audiophile dont les origines remontent à plus de trois décennies. Même si le format très British, «Shoebox» ou boîte à chaussures, est resté le même, cette version connaît des améliorations notables, notamment sur sa puissance donc sur la taille de son alimentation.
Heed est aujourd’hui une marque hongroise, mais ses produits prennent leurs origines en Angleterre dans les années 80. Aussi, conservant l’esprit de l’époque, Heed a choisi de conserver le format shoebox, qui était très en vogue chez des constructeurs comme Naim Audio, Cyrus, Onix... L’obelisk SI III se présente donc sous la forme d’un parallélépipède rectangle d’une largeur de 220 mm pour une profondeur de 360 mm et une hauteur de 85 mm. Sur la face avant en méthacrylate sont implantés seulement deux sélecteurs, celui de droite servant au contrôle du volume, l’autre à la sélection des sources. Les indications de ces deux boutons se font via une rangée de LED.
Un ampli intégré évolutif et modulaire
L’appareil peut accepter cinq sources analogiques dont l’une d’entre elles peut se transformer en étage phono pour cellule à aimant mobile grâce à l’adjonction d’une carte spéciale Vinyl-1 (150€). Il est aussi possible d’ajouter une entrée numérique. Deux cartes DAC sont proposés en option : la Dac Card 1.2 (250 €) et la 2.1 (450€). Toutes deux sont capables de traiter des fichiers jusqu’à 24 bits/192 khz grâce à des puces Circus Logic 8416-CSZ. Complétant le caractère modulaire et évolutif de l’appareil, la paire de RCA Tape Out peut se transformer en sortie Pré-out, il suffit pour cela d’enlever des cavaliers sur la carte principale. Cette opération permet de connecter un bloc de puissance supplémentaire pour réaliser une véritable bi-amplification passive tandis qu’une prise à cinq broches peut assurer la liaison de l’obelisk SI III avec un bloc d’alimentation externe optionnelle X2 qui servira exclusivement à l’étage de puissance. Dans ce cas la puissance est boostée et passe de 2 x 50 watts à 2 x 80 watts.
Une implantation rationnelle et typiquement audiophile
A l’intérieur de l’appareil, l’implantation des divers composants n’a guère changé depuis le modèle SI I. Nous retrouvons le même push-pull de transistors de puissance BDV65B et BDV64BG. En revanche, le transformateur torique d’origine On Semiconductor est plus puissant puisqu’il affiche une valeur de 200VA à la place du 150VA de son prédécesseur. Il est toujours découplé mécaniquement du châssis. Le filtrage est assuré par deux capacités de 10 000 µf/80 V et de deux autres de 10 000 µf/35 V.
Manifestement, Heed a refait appel à la technologie RC Coupled, une technique que l’on retrouve dans des schémas d’amplificateur à tubes avec un couplage direct entre les étages d’entrées et ceux de sortie. L’étage d’entrée tout en composant discrets est quant à lui resté inchangé ; Heed reste fidèle au choix technique du concepteur Richard Hay qui souhaitait proposer un amplificateur à transistors ayant le son d’un appareil à tubes.
A l’écoute : petit mais musclé
A lire les différentes critiques, toutes excellentes de cet intégré, comme d’ailleurs l’objectif du créateur de produire un appareil à transistors sonnant comme un tube, nous avons été quelque peu surpris de constater dès la mise en route que ce que nous entendions ne correspondait pas à ce qui fait un appareil issu de la seconde technologie. L’obelisk SI III ne manifeste aucune brillance ni aucune coloration notamment dans le haut du spectre, il sait au contraire prouver que définition et douceur peuvent se marier sans aucun souci. Niveau puissance, et face à de grandes enceintes colonnes que sont les Grand Cru Audio Horizon, cet intégré s’est parfaitement bien débrouillé avec une réserve de puissance jamais mise en défaut. D’emblée et non sans avoir attendu le temps de chauffe réglementaire, cet ampli Heed fait preuve d’un charme sonore plus que convaincant. Dès les premières notes, nous sentons sa fluidité et son suivi musical, ce qui donne une écoute vivante et très chantante. De ce côté, nous sommes en accord avec l’ensemble des éloges qui lui ont été prodigués par la presse depuis sa sortie. En effet, l’obelisk SI III montre un visage très incarné, comme si le respect de la musique comptait avant tout. La reproduction est très bien articulée, et sonne avec une grande justesse. Comme nous l’avons déjà énoncé, le haut du spectre bénéficie d’une grande douceur, jamais les aigus ne viendront vous vriller les oreilles, bien au contraire l’obelisk SI III donne de la matière à l’écoute. Nous percevons que la bande passante est large, comme le témoigne le CD Heritage des oeuvres pour deux pianos de Sergueï Rachmaninov de chez Fondamenta. Les deux instruments sonnent admirablement. Il y a en même temps du corps, ce qui rend hommage à leur puissance, et une grande légèreté quant au jeu des deux musiciens. La restitution est fluide comme le cours d’une rivière, et peut aussi se transformer en torrent si la partition le demande. Mais cet intégré le fera avec distinction, une sorte d’élégance naturelle qui prouve une justesse des timbres très réussie. D’autre part, il reproduit très bien la puissance des caisses de résonance de ces deux pianos réunis pour l’occasion après deux ans de recherches. Cette qualité dénote un bas du spectre très bien contrôlé tout en restant souple et en sachant garder de la puissance en réserve. Certes, certains intégrés iront fouiller et dénicher plus d’informations, notamment dans l’extrême aigu, mais si c’est pour perdre en sensualité, le rendu offert par l’obelisk SI III doit rester tel qu’il est. Cet amplificateur est fait pour les vrais mélomanes qui souhaitent avant tout des timbres justes et naturels. L’obelisk SI III ne brille pas comme le font certains transistors, mais il n’en oublie pas pour autant d’être défini. Il intègre les micros-détails des prises de son au sein même du message général, ce qui apporte un certain confort d’écoute. Jamais hystérique, ni agaçant, cet intégré rend justice à l’âme de la musique. Un bon appareil dans cette gamme de prix.