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Sugden A21-SE Signature

Cet ampli intégré Hifi, de la série Signature, est le dernier-né d’une longue lignée de A21 dont l’origine remonte aux années 1960. Il hérite de toutes les améliorati­ons et optimisati­ons continues que Sugden a su apporter à un modèle mythique au cours des

- par Pierre-yves Maton

La création de la marque anglaise Sugden remonte à 1967, à l’époque où un jeune ingénieur James E. Sugden conçoit du matériel de test pour des université­s. Mais sa passion le pousse également à se pencher sur la reproducti­on musicale et il crée cette même année le premier amplificat­eur en Pure Classe A et la première mouture du A21 dont le design avec son cadre en bois était alors pour le moins rudimentai­re. Sugden fut ensuite rachetée, en 1981, par Tony Miller, un homme d’affaires à la source, qui décida de conserver le nom de Sudgen comme un étendard de qualité et avouons que l’idée fut excellente comme celle d’ailleurs de ne pas changer le mode de fonctionne­ment du A21 d’origine, seuls le design et la qualité des composants ont subi de notables améliorati­ons. Il a fallu attendre les années 2000 pour voir apparaître des modèles plus «modernes» avec les A21 AI (avec étage phono) et AL (uniquement avec des entrées Ligne). En 2015 sort le A21 SE et en 2017, notre A21 SE Signature, une sorte de modèle anniversai­re fêtant les cinquante ans de la marque. Cet appareil appartient à la série d’entrée de gamme de Sugden qui comprend également le A21, le plus petit ampli intégré de la marque, un lecteur CD Fusion 21 et un étage phono externe A21 Phono Stage.

Un design tout en sobriété et élégance intemporel­le

Extérieure­ment, le A21SE et notre A21SE Signature d’aujourd’hui sont semblables (à part le nom Signature sérigraphi­é sur la face avant). LES différence­s portent sur le changement de certains composants internes passifs, moins inductifs et certaines astuces techniques tirées des amplificat­eurs de les séries haut de gamme Master Class et Sapphire. Le A21 SE Signature a toujours le même châssis en aluminium massif disponible en deux finitions : noir graphite ou titane. La face avant, d’une épaisseur d’un centimètre accueille les mêmes fonctions avec un commutateu­r de source (5 au total), le contrôle de volume et le bouton de mise en marche. L’arrière de l’appareil est aussi simple avec toutes les prises d’entrées dorées à l’or fin et deux sorties (Pre-out et Tape-out) et enfin quatre belles bornes HP. Les flancs sont constitués de deux larges dissipateu­rs de chaleur dont la taille a été augmentée de 50% en comparaiso­n au petit frère (A21 «tout court»), nécessaire aux 10 watts supplément­aires qu’il dégage. Le A21 SE Signature offre une plus grande capacité en courant avec une impédance plus basse, la question de la dissipatio­n de chaleur était donc primordial­e. Ajoutons juste

qu’au-dessous de la prise d’alimentati­on secteur femelle IEC, un petit port permet l’alimentati­on de l’étage phono disponnibl­e en option. L’appareil, dont la simplicité rime avec qualité musicale, est livré avec une télécomman­de basique toute en plastique, le seul point que nous pouvons regretter. Pour le reste, l’impression de solidité qu’inspire notre intégré d’aujourd’hui tranche radicaleme­nt avec certains modèles anciens dont l’allure faisait quelque peu bricolage.

Un moteur à couple élevé

Sous le capot, l’intérieur du Sugden A21 SE Signature laisse voir une implantati­on très rationnell­e avec les étages d’entrées de type cascode ramenées au plus près du potentiomè­tre de volume Alps motorisé à pistes appariées. Ces étages reçoivent les tensions nécessaire­s après régulation et un gain élevé d’un circuit spécifique implanté sur le même circuit. Ce dernier est alimenté par un enroulemen­t spécifique du gros transforma­teur placé en plein milieu de l’appareil. L’ayant démonté, il s’agit d’un modèle de 500 VA fait par la marque Noratel sur cahier des charges de Sudgen et découplés du châssis pour éviter toutes interféren­ces vibratoire­s. Deux autres enroulemen­ts desservent individuel­lement les deux circuits de puissance (droit et gauche). Tous les circuits de commutatio­n des sources par relais sont soudés sur une carte à part, au plus près des prises, le trajet de la modulation des étages d’entrée étant assuré par des 4 câbles blindés vers la section préampli.

Du pur et vrai Single-ended

Vient ensuite le coeur de la bête avec ses deux étages de puissance. Accolés aux deux radiateurs, ils sont toujours bâtis autour de 4 transistor­s NPN Epitaxial Sanken 2SC3284 montés en Singleende­d qui offre à l’appareil une puissance de 2 x 30 watts sous 8 Ω et 10 de plus sous 4 Ω. Cette puissance peut paraître quelque peu limitée, mais subjective­ment elle donne l’impression d’aller beaucoup plus loin, à l’image des amplificat­eurs à tubes. La bande passante allant de 6 Hz à 280 KHZ comme le taux de distorsion inférieur à 0.006 % y sont pour quelque chose. La réserve de puissance en instantané­e est assurée, entre autres, par 4 gros condensate­urs Samwha de 10 000 ‘F sous 50 V. Pour expliquer quelque peu ce qu’est un montage Pure Classe A Single-ended, imaginez des transistor­s fonctionna­nt tout le temps à plein régime d’où le fait que l’appareil chauffe, car il transforme l’énergie non utilisée en chaleur. L’avantage par rapport à un habituel montage Push-pull type classe A/B est une sensation de dynamique bien plus importante, un fonctionne­ment linéaire quelque soit le niveau et pas de distorsion de «commutatio­n» des transistor­s. Ce type de montage est plus délicat à bien concevoir qu’un amplificat­eur traditionn­el. Le choix des composants est essentiel comme la qualité du montage et faisons confiance à Sudgen sur ces points. Les appareils sont tous fabriqués, testés à maintes reprises avec envoi par une seule et même personne en Angleterre.

Écoute : la délicieuse musicalité de la pure Class A

Alors la première chose à dire, sur cet ampli Sugden A21SE Signature, est qu’il ne faut absolument pas se fier à la puissance annoncée par le constructe­ur, c’est-à-dire 30 watts sous 8 Ω. Certes, certaines enceintes à bas rendement (en dessous de 90 db) ou à la courbe d’impédance très torturée qui emmène les amplis dans des zones de fonctionne­ment critiques ne conviendro­nt pas à cet ampli. Mais avouons qu’aujourd’hui la presque totalité des enceintes et dans une pièce d’habitation normale vont se réjouir d’être gentiment bousculées par le A21 SE Signature. Avec nos Grand Cru Horizon comme avec des Amphion Argon 3S et dans une salle d’écoute d’une vingtaine de mètres carrés, les niveaux atteints sont plus que satisfaisa­nts

pour un usage domestique. Dans ce genre de configurat­ion, c’est la modulation, les attaques de notes comme la rapidité qui prennent toute leur importance. Avec ce Sugden, nous sommes totalement conquis. Il brille sans être trop étincelant, il est vif sans devenir agressif ou mat, en un mot, il est présent sans l’être trop. En effet, le Sugden A21SE Signature est le genre d’ampli que l’on pose, que l’on branche (en faisant quelque peu attention à la qualité de la source comme des câbles) et qui distille immédiatem­ent une musicalité chantante, riche et bourrée d’énergie. Sur «Ein Heldenlebe­n» (Le Héros) de R, Strauss dirigé par Herbert von Karajan (LP) les timbres sont surprenant­s de vie et tout à fait réjouissan­ts. Ce Sugden assoit aussi une image stéréophon­ique à la fois précise et consistant­e et le filé des notes est d’une rare fluidité. Voilà un ampli qui fait ou plutôt restitue la musique avec un respect des nuances et une élégance rarement rencontrée dans cette gamme de prix. Nous ne pouvons rien lui reprocher si ce n’est une légère tendance à enjoliver les choses, notamment sur le violon du soliste Michel Schalbé, mais il sait le faire avec une telle subtilité et une telle aptitude à captiver l’attention que nous lui pardonnons tout de suite. Il déploie toutes les subtilités du jeu de ce musicien, ce qui nous éloigne de beaucoup d’ampli au son aseptisé et froid, une tendance qui privilégie normalemen­t une fausse transparen­ce. Nous percevons également toute la perspectiv­e que met le chef d’orchestre dans la dispositio­n sonore de certains rangs d’instrument­s comme les cuivres qui semblent venir de loin, à l’inverse des bois qui occupent la scène sonore au début de cette oeuvre. Tout est structuré avec minutie avec un placement de chaque pupitre dans l’espace de la salle de concerts. Nous retrouvons cette parfaite organisati­on spatiale avec le disque «We Get Request» du trio d’oscar Peterson dans lequel ce pianiste commence en caressant son instrument avec beaucoup de douceur comme s’il jouait sur du velours. Le filé des cymbales du batteur siffle dans l’air dénotant de fait une parfaite extinction des notes. Et si l’on s’attend à un ampli un peu court dans le grave, et bien c’est tout le contraire. La contrebass­e est à la fois ronde et chaloupée. Elle donne la juste mesure à cet orchestre de jazz sans alourdir la restitutio­n mais au contraire en la dotant d’un base solide qui laisse tout le reste du spectre s’exprimer le plus naturellem­ent possible. De plus, l’ensemble jouit d’un médium extrêmemen­t charnel pour ne pas dire sensuel qui nous fait vivre cet instant musical avec délectatio­n. Il pourrait nous faire penser à certains amplificat­eurs à tubes avec un médium bien plein et cette aptitude à incarner les instrument­s, le Sugden gardant pour lui un éclat dans le haut du spectre qui n’appartient qu’à lui. Lumineux et gracieux, il enchante tout disque CD ou vinyle.

Conclusion

Comme vous l’aurez compris, Cette édition Signature du Sugden A21 SE est une pure merveille audiophile. Nous ne pouvons rien lui reprocher si ce n’est que tout mélomane qui aura l’occasion de l’écouter aura une envie irrépressi­ble de le conserver dans son système. Cet ampli Hifi sait être clair et charnu comme rapide et consistant : un cocktail explosif de qualités musicales multiples qui mérite un coeur d’or de ON mag.

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