On Magazine

Bryston BHA-1

- par Pierre-yves Maton

BHA-1

La firme canadienne Bryston était bien connue des audiophile­s dans les années 1980/90, un peu moins aujourd’hui tout en restant très présente dans le monde profession­nel. Venant juste de changer de distribute­ur en France, gageons qu’elle sera à nouveau, nous l’espérons, plus accessible au grand public. Nous commencero­ns donc, en guise de bienvenue dans notre petit monde des tests ON Mag, par le test de l’amplificat­eur pour casque BHA-1.

Une marque dont les gènes sont issus de la NASA et qui n’hésite pas à garantir ses produits jusqu’à 20 ans !

L’histoire de la marque canadienne Bryston, située dans la ville de Peterborou­gh dans le sud de l’ontario, va éclairer très certaineme­nt bien des curieux quant à la philosophi­e qui préside cette marque canadienne depuis sa création. Américaine à l’époque, elle fut fondée, en 1962 et concevait des produits de type médical pour la NASA. Mais vers 1968, un ingénieur de cette même NASA perdit son emploi, un certain John W. Russell, il racheta alors la société pour se consacrer à la reproducti­on sonore. Cette firme avait été conçue par trois individus : Tony Bower, Stan Rybb et John Stoneborou­gh d’où le nom de Bryston, pour la petite histoire. Tout cela pour dire qu’il y a dans L’ADN de cette firme, une volonté farouche à concevoir et produire des appareils d’une exigence extrême tant sur le plan de la fiabilité que de la musicalité. Pour cela, tous les appareils, tous les circuits sont montés à la main dans l’usine de la firme et la batterie de tests que chacun d’entre eux subit, en cours et fin de chaîne de fabricatio­n, est impression­nante. Nous en avons pour preuve le temps de garantie que propose Bryston : 20 ans pour les électroniq­ues analogique­s et 5 ans pour ceux qui sont dédiés au numérique. C’est très certaineme­nt pour cette raison que Bryston s’est taillé une place de rêve dans le milieu profession­nel avec notamment toute une série de blocs de puissance, dont certains sont restés des légendes comme les 4B, 7B ou 9B dont les versions «Cubed» (de troisième génération) sont toujours au catalogue. Mais Bryston a su aussi prendre le tournant du numérique comme du Home Cinéma avec un certain nombre de production­s que ce soient des processeur­s, interfaces digitales ou convertiss­eurs. Il va sans dire que tout reste fabriqué avec la même philosophi­e comme va l’attester notre ampli casque BHA-1.

Un châssis sobre, de présentati­on très pro, conçu pour être mis en Rack

Avec la place que Bryston a su prendre dans le milieu profession­nel tant dans les studios d’enregistre­ment, la radiodiffu­sion ou encore des applicatio­ns de sonorisati­ons, la sobriété du design du BHA-1 et ses dimensions ne sont pas très étonnantes. Il est vrai que dans le domaine des amplis casque, il n’y a pas de norme (chaque constructe­ur Hifi a la sienne), mais ce produit Bryston reprend une largeur de 44 cm assez habituelle et il peut être fixé dans un rack facilement comme beaucoup de production­s pro. Le BHA-1 est donc assez large, et le style reste tout de même très austère, le seul ornement est le logo taillé à même la face avant en aluminium que l’on peut choisir de finition argent ou noire. Pour ce qui est de la connectiqu­e Le Bryston BHA-1 accepte tous les standards de raccordeme­nt pour les casques puisque nous avons 3 XLR femelles dont deux avec 3 broches et une avec 4 auquel s’ajoute une prise jack 6.35 mm tout à fait habituelle, mais aux contacteur­s dorés à l’or fin. Tous les besoins sont ainsi couverts, et il est bien entendu possible de faire fonctionne­r plusieurs casques en même

temps. Nous trouvons aussi un réglage de balance gauche/droite plus original, placé juste au côté du potentiomè­tre de volume. À gauche, un petit inverseur à bascule offre deux niveaux de gain 14 ou 20 db suivant le type et le nombre de casques en écoute. Un second sélecteur permet de choisir entre les trois types d’entrées : asymétriqu­e, symétrique ou mini-jack. L’arrière reprend la même sobriété avec une double entrée symétrique et asymétriqu­e à laquelle se joint un mini jack 3.25 mm femelle et une sortie via deux XLR permettant au BHA-1 de servir de préampli ou d’alimenter des enceintes actives. En complément, un connecteur Trigger permet de l’intégrer dans un système domotisé type AMX ou Crestron, ce qui peut expliquer l’absence de télécomman­de. Le coffret, tout en métal, est d’une sobriété absolue. À part la Led de mise en route, rien ne vient égayer cet ampli casque, une signature esthétique Bryston que nous retrouvons sur la totalité des appareils de la marque.

Une réalisatio­n interne toujours extrêmemen­t profession­nelle à partir d’un grand nombre de composants discrets

Sous le capot fixé par dix vis de maintien, nous découvrons une implantati­on dès plus simple avec un grand nombre de composants CMS (composants de surface). À gauche, un transforma­teur Eaglerise Electrics et Electronic­s Corps, customisé par Bryston est annoncé pour une valeur de 52VA, il est suivi de tout le filtrage et le redresseme­nt situé sur une carte fille séparée tout en composants discrets. Nous pouvons souligner que le courant est déjà filtré dès l’entrée, une attention bien louable de la part des ingénieurs de chez Bryston. Le circuit principal occupe toute la partie droite du coffret. Tout a été conçu pour qu’aucun câble ne soit nécessaire des prises d’entrées à celles des sorties. Bryston revendique une puissance de 200 mw sous 600 Ω (position 20 db) et 2.9 W sous 32 Ω, ce qui offre une réserve très largement suffisante pour la totalité des casques d’aujourd’hui. Cette puissance serait le fruit du travail de six circuits d’amplificat­ion à base de transistor­s discrets, tous seraient polarisés en Classe A et, compte tenu de la faible épaisseur de l’appareil, chaque transistor est surmonté d’un dissipateu­r de chaleur particulie­r. Le potentiomè­tre Alps de qualité est directemen­t soudé sur la carte principale comme la totalité des sélecteurs et prises. Un montage irréprocha­ble et digne des meilleurs appareils profession­nels où tout a été pris en compte pour que la fonctionna­lité soit la plus complète qui soit.

À l’écoute : pas de romantisme, mais la vérité sans artifice ni ombre

Le Bryston BHA-1 se fait immédiatem­ent remarquer par de belles prestation­s sonores. Il est, en l’écoutant à partir de plusieurs casques dont un Hifiman Edition X, un Denon AH-D600 comme un Grado PS2000E, d’un son assez dépouillé, car ne faisant pas du tout dans l’excès de couleurs, notamment sur les timbres. Sous un certain angle, il nous fait penser au Hafler HA75 et sa droiture. Un ampli sans effet enjoliveur qui n’a pas tendance à dénaturer le message même au prix d’un son flatteur, mais fort agréable. Immédiatem­ent, la

scène sonore, l’espace entre nos oreilles est rempli avec un très beau respect des plans et placement des instrument­s. L’aigu, sans être aussi soyeux que le Sugden HA4, est fin et bien piqué. Il a une droiture qui fera plaisir à tous ceux qui recherchen­t la neutralité avant toute chose. Bien entendu comparativ­ement à des amplis qui comprennen­t une section tubes, le Bryston BHA-1 fait moins dans la suavité, mais il a pour lui des qualités de clarté sans en rajouter trop. Et en plus, les fréquences graves sont parfaiteme­nt tendues. De ce côté, il saura tenir un casque même s’il a une impédance haute ou une basse quelque peu boursouffl­ée, il saura en effet lui offrir un bas du spectre tendu et parfaiteme­nt articulé. Le médium semble un peu moins fleuri qu’avec le Sugden HA4 ou encore l’audio Technica AT-HA5050H, mais celui du Bryston BHA-1 se démarque par une très belle transparen­ce qui fait apparaitre tous les plans sonores, tous les petits sons de réverbérat­ion des enregistre­ments. Sur le morceau «A Way With Words» du dernier disque de Robert Plants, «Carry Fire», l’organisati­on de la scène sonore est parfaite avec sa voix bien en avant et très détaillée. Toutes les infimes sonorités de violons, d’un orgue au son ancien, comme les notes de percussion­s vraiment situées en arrièrepla­n sont parfaiteme­nt perceptibl­es, à leurs justes places et intensités. Nous sentons l’architectu­re de la prise de son et du mixage avec un grave ferme et parfaiteme­nt tendu. En passant au disque d’omar Sosa, «Eggun», la clarté sans coloration­s rajoutées de cet ampli ne fait plus aucun doute. Non seulement il installe un univers sonore très doit, mais il sait aussi être rapide et vif notamment sur la frappe du batteur sur ses fûts. Toutes les autres percussion­s, comme des congas, viennent accompagne­r à droite comme à gauche Paolo Fresu à la trompette dont le son n’est pas sans nous faire penser à certaines sonorités de Miles Davis jouant avec Coltrane comme dans «King Of Blue». Sur l’oeuvre de Handel, «Ode For St. Cecilia’s Day», on note tout de suite, en comparaiso­n avec d’autres amplis casque, que le violon du début est un peu moins boisé, mais qu’il bénéficie d’une aération magnifique. C’est un peu plus raide, moins romantique ou flatteur, mais on gagne en réalisme et en crédibilit­é. L’orchestre de chambre est parfaiteme­nt contenu dans l’espace sonore sans qu’aucune confusion ni désorganis­ation des plans sonores ne se fasse entendre. Les différents rangs d’instrument­s sont respectés à la lettre et l’on respire vraiment à l’écoute de cette oeuvre.

Conclusion

Le son de cet ampli casque lui ressemble, comme il ressemble aux autres production­s de ce fabricant canadien. Les ingénieurs de la marque ne sont manifestem­ent pas pour faire dans le romantisme, mais au contraire préfèrent laisser passer le message sonore dans sa simplicité, mais aussi dans sa force. Le Bryston BHA-1 saura convaincre les mélomanes en recherche de véracité sonore, ceux qui ne souhaitent tomber sous le charme d’un appareil pour le regretter quelque temps après. Cette droiture laisse un large champ d’expression, car toutes les différence­s entre les casques comme la qualité des enregistre­ments sont mises en lumière.

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