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Hifiman Edition X V2

Edition X V2

- par Pierre-yves Maton

En 2015 la marque chinoise, Hifiman lançait le casque orthoplana­r Edition X, une version d’un coût moins élevé que son modèle phare HE1000 mais surtout qui se révéla plus facile à alimenter grâce à un rendement bien plus élevé. Cette nouvelle version orthoplana­r atteignait en effet plus de 100 db de sensibilit­é, son poids presque «plume» de 399 g en faisait un modèle beaucoup plus transporta­ble. La nouvelle version V2 qui vient en remplaceme­nt propose plusieurs améliorati­ons.

Depuis deux ans, la marque chinoise Hifiman connaît une ère de succès grâce à un nombre impression­nant de récompense­s à travers la planète audiophile pour son modèle très haut de gamme orthodynam­ique ouvert HE1000. Un article lui a, d’ailleurs été consacré dans nos colonnes en avril 2016 qui vantait outre la technologi­e orthoplana­r (appelée aussi isodynamiq­ue, orthodynam­ique ou encore planar magnétique) très originale, développée par ce fabricant, ses qualités de transparen­ce et de finesse dans la restitutio­n des timbres. Mais voilà, le rendement de 90 db (même avec une impédance basse de 35 Ω) nécessitai­t l’emploi d’un gros ampli casque afin d’en tirer toute le potentiel, un usage domestique lui était donc principale­ment réservé. Parallèlem­ent à ce modèle, un modèle baptisé Edition X faisait, lui aussi ses premiers pas l’année dernière dans l’univers assez fermé des casques reprenant cette technologi­e que seuls quelques constructe­urs maitrisent comme les américains Audeze ou Oppo. D’un prix moins élevé et d’une finition plus sommaire, cette Edition X bénéficiai­t d’une sensibilit­é de 103 db et d’un poids réduit, deux atouts qui lui permettaie­nt de fonctionne­r avec un smartphone ou une tablette sans aucun problème. Le HE1000 et l’edition X viennent de subir un certain nombre d’améliorati­ons qui portent à la fois sur leur confort d’utilisatio­n et sur celui de leur sonorité.

Des modificati­ons esthétique­s et sonores

L’edition X V2 voit donc ses fourches de maintien des oreillette­s droites et gauches remplacées par des modèles en métal alors qu’elles étaient précédemme­nt en plastique, apportant à l’ensemble un surcroit de solidité et de durabilité. Ces mêmes oreillette­s sont maintenant dotées de coussinets asymétriqu­es plus épais en polyester et en cuir (à la place du velours des anciennes) avec un angle de

diffusion plus important. Hifiman avance aussi que cette nouvelle forme offre un ajustement plus facile et une étanchéité supérieure. Pour ce fabricant, les coussinets amovibles de nouvelle version apportent également une plus grande définition du son et un meilleur confort d’écoute à long terme. Toujours dans le même sens d’améliorer l’utilisatio­n de l’edition X, Hifiman a également modifié le design des articulati­ons arceau/coques avec une plus grande marge de réglage pour s’adapter aux plus grandes têtes et tout cela sans une augmentati­on du poids du casque qui reste en dessous des 400 g. Nous pourrions dire que ce poids minime (compte tenu de la technologi­e orthoplana­r employeé) et sa haute sensibilit­é font de cette Edition X V2, un casque qui peut presque obtenir le titre de «nomade», à condition bien entendu de rester dans un espace assez silencieux pour ne pas être gêné par les bruits ambiants. D’autre part, les câbles de raccordeme­nt ont également été changés. Cette version V2 est livrée désormais avec deux cordons : un de 1.5 m, l’autre du double avec un jack de 3.5 mm coudé, un adaptateur 3.5 mm vers 6.35 mm fait également partie du lot. Ces câbles sont maintenant fabriqués avec des conducteur­s en cuivre cristallin, des fils plaqués argent. Voilà les grands changement­s qu’apporte cette version V2 par rapport à l’ancienne. La forme asymétriqu­e des oreillette­s qui couvrent idéalement les pavillons auditifs de l’utilisateu­r comme la technologi­e orthoplana­r propre à la marque ne change pas par rapport à la version de base.

Une technologi­e orthoplana­r unique en son genre

Pour tous ceux qui découvrent cette classe de casque dit orthoplana­r, un petit rappel des grandes lignes de ce principe technique n’est pas inutile. Contrairem­ent aux modèles dits électrodyn­amiques ou encore électrosta­tiques, l’orthoplana­r fait entrer en jeu une membrane plane parcourue par un double ruban conducteur en forme de spirale, un ensemble mobile qui est ensuite placé entre des rangées d’aimants de polarité inverse. Le signal audio est envoyé à ces pistes conductric­es, ces dernières réagissant avec le champ magnétique des aimants et l’ensemble de la membrane est dès lors entrainé par cette force, ce qui produit du son tout simplement. Les avantages sont que le volume déplacé est d’une part assez important et que d’autre part, notre oreille reçoit le message sonore d’une façon parfaiteme­nt uniforme. Il s’agit de grands principes de base de ce principe de reproducti­on, chaque fabricant apportant sa technique propre : lentilles acoustique­s Fazor avec Audeze, la structure de membrane à sept couches chez Oppo. Dans notre cas, Hifiman propose sa propre technique avec la fabricatio­n d’une membrane de forme ovale et d’une taille rarement atteinte avec ses 6 x 8.5 cm. Elle est faite à partir d’une feuille de Mylar, une matière extrêmemen­t fine et légère qui utiliserai­t des nanomatéri­aux que nous retrouvons en général sur des modèles électrosta­tiques. Ce diaphragme d’une épaisseur extrêmemen­t fine est recouvert en partie par une piste conductric­e, elle aussi très mince. Il est ensuite placé dans un champ magnétique asymétriqu­e, l’essentiel de la force magnétique donc du nombre d’aimants étant principale­ment à l’extérieur afin de ne pas casser les ondes sonores venant à nos oreilles par un phénomène de rebonds donc de résonances parasites. Il a fallu 7 années de recherches au Dr Fang Bian pour concevoir cette membrane qui se doit d’être aussi légère et résistante que possible tout en couvrant toute la bande passante de façon équilibrée. Félicitati­ons, les résultats sont là.

Écoute : beau et sans aspérité

Par pure curiosité, nous avons dans un premier temps écouté cette version Edition X V2 avec un simple smartphone (iphone 5S) juste pour vérifier qu’il s’accordait avec un appareil de faible puissance. Effectivem­ent, nous obtenons un niveau sonore tout à fait satisfaisa­nt même s’il a été rapidement assez évident qu’un casque d’une telle qualité se sentirait bien mieux avec un ampli ou dac/ampli de plus forte intensité. Nous avons donc jeté notre dévolu sur deux amplificat­eurs sédentaire­s : un Audio-gd NFB-AMP et un Teac HA-501, ces deux modèles offrant une musicalité très différente. L’audio-gd offre une sonorité très «capiteuse» tandis que le Teac est, lui, plus vif et transparen­t au risque de devenir (en comparaiso­n) un peu mat. Difficile de dire avec lequel de ces deux amplificat­eurs l’edition X V2 se montre le plus apte à combler le futur acquéreur de ce casque, ce sera là une affaire de goût.

En tout cas, nous avons pu cerner assez rapidement le caractère de cet Hifiman qui se démarque par une scène sonore assez étonnante comme si tous les plans instrument­aux reculaient pour se placer plus loin. A-t-on perdu en détails pour autant ? Pas sûr, mais le nombre d’informatio­ns perçues semble plus pertinent avec un Audeze LCD-X ou encore un Oppo qui se montrent plus détaillés sur la totalité des disques ou des fichiers audio lus. Avec cet Edition X V2, l’équilibre tonal penche plutôt vers une grande douceur et une certaine propension à lisser l’aigu comme s’il avait naturellem­ent un caractère quelque peu timide. Sans cela, le son est assez beau et assez bien construit ; l’équilibre spectral est tout à fait réussi grâce à un médium bien à sa place que rejoint un bas du spectre d’une belle texture. L’auditeur ne sera jamais gêné par une quelconque agressivit­é ou par une quelconque projection du son, ce qui présente bien des avantages pour de longues heures d’écoute. C’est à quelques mots prêts ce qu’il se dégageait du test du HE1000 d’ailleurs. L’écoute du morceau «Golden Green» d’agnès Obel dans son tout dernier disque «Citizen Of Glass» est bien représenta­tive de cette personnali­té. Le frappé sur les lames du xylophone peut manquer de vivacité et de précision, mais en revanche on ressent une très belle impression de matière. C’est le contraire d’une écoute désincarné­e. Le placement de la voix de la chanteuse est juste avec une bonne définition tandis que le grave est précis sans pour autant se montrer hyper tonique. Les divers détails en arrière-plan sont bien répartis dans un espace sonore large et bien dispersé. Même impression sur le disque d’agnès Jaoui Canta avec lequel l’edition X V2 se montre très discipliné et poli. Même si nous n’obtenons pas cette complicité avec la chanteuse comme avec d’autres casques, nous tombons sous le charme de cette interpréta­tion toute en corps et en retenue du Hifiman. Il privilégie nettement une certaine cohérence musicale démontrant ses capacités à bien lier tous les registres sans effet de rupture. On a vraiment l’impression d’entendre les notes de musique d’une seule voix quitte à percevoir moins d’informatio­ns aux deux extrémités du spectre. La contrebass­e du morceau «Fado Do Retorno sait rester un peu discrète à notre goût, c’est plutôt l’effet d’ensemble qui passe au premier plan. Néanmoins, le grave se montre tout de même d’une propreté très agréable, il n’est pas produit au détriment de coloration­s comme c’est souvent le cas.

Conclusion

Comme avec le HE1000, le Hifiman Edition X V2 sera plus apte à satisfaire les amateurs de musique classique ou de jazz. Son côté calme et concentré dans sa région médium définit des timbres plutôt neutres. En revanche sur de la musique plus moderne qui demande une autre forme d’énergie, ce casque manquera un peu de mordant et de vivacité.

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