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- Sigma Sd Quattro

- par Luc Halard

Sigma est connu du grand public pour ses optiques pour appareils photo reflex et hybrides, et en particulie­r pour sa série Art, qui propose des optiques fixes à très grandes ouvertures. Mais l’entreprise japonaise réalise également des appareils photo hybrides. Ils se démarquent de la concurrenc­e en raison de leur capteur un peu particulie­r de marque Foveon. Nous nous attardons aujourd’hui sur le Sigma Sd Quattro, l’appareil photo hybride à optique interchang­eable de la marque, intégrant un capteur au format APS-C.

Le design du Sigma Sd Quattro ne manque pas d’originalit­é, avec ses courbes inhabituel­les et sa poignée très prononcée. La constructi­on du boîtier est de très bonne qualité et les finitions irréprocha­bles. Malgré sa taille conséquent­e, le boîtier s’avère relativeme­nt léger. Les commandes tombent facilement sous les doigts et la prise en main est facile, presque immédiate. Les commandes sont juste suffisamme­nt nombreuses pour être efficaces. L’écran de visualisat­ion arrière de 1,63 Mpx est large et lumineux, et ses couleurs sont justes. Il est doublé d’un écran de contrôle sur lequel s’affichent les principaux réglages : vitesse, ouverture, sensibilit­é, nombre de photos restantes… Le viseur électroniq­ue large et confortabl­e de 2,36 Mpx est également de bonne facture. Il couvre 100% de l’image avec un agrandisse­ment de 1.10x.

Une qualité de constructi­on irréprocha­ble

Une chose est sûre, c’est un vrai plaisir de photograph­ier avec le Sd Quattro. On a le sentiment d’avoir entre les mains un appareil photo haut de gamme et c’est fort agréable. En quelque sorte, cette expérience se rapproche plus du moyen format que du vulgaire reflex APS-C. Et dans une certaine mesure, c’est bien là la spécificit­é du Sd Quattro : contrairem­ent à bon nombre d’appareils photo hybrides, il n’espère pas concurrenc­er les reflex mais venir chasser sur les terres du moyen format. Pour cela, il possède un véritable atout : son capteur Foveon, qui délivre des photos de 29 Mpx très détaillées.

Un capteur Foveon X3 unique en son genre

Le capteur Foveon dispose d’une structure unique. Alors que les capteurs convention­nels possèdent une seule couche et doivent utiliser une matrice de Bayer pour gérer le vert, le rouge et le bleu, le capteur Foveon possède trois couches de pixels superposée­s - une par couleur. Chaque pixel d’un capteur convention­nel ne capte qu’une couleur et rien d’autre. Il s’ensuit une perte d’informatio­n colorimétr­ique, compensée après coup par interpolat­ion. Le capteur Foveon possédant trois couches superposée­s, chaque pixel capte chacune des trois couleurs. Le capteur Foveon est le seul au monde à utiliser cette technique de séparation verticale des couleurs, qui rend alors inutile l’interpolat­ion artificiel­le pour reconstitu­er les informatio­ns manquantes. La promesse est une image détaillée foisonnant­e de détails, sans moirage, et une colorimétr­ie juste, toute en nuances.

Une qualité d’image impression­nante mais des jpeg très accentués

La théorie c’est bien, mais au final seul le résultat compte. Et le résultat est un peu plus mitigé que ce que l’on pourrait espérer. Autant l’écrire tout de suite, les images sont en effet très détaillées et fourmillen­t bien de détails. Nous avons utilisé le Sd Quattro pour réaliser les photos des produits en test à la rédaction et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’avons pas été déçus par le résultat. Certains trouveront sans doute les jpeg un peu trop accentués à leur goût. Si le résultat est plaisant pour les natures mortes et les paysages, il est moins séduisant sur les portraits. Le rendu des couleurs, n’abusant pas d’une prédominan­ce des rouges comme c’est souvent le cas, est également plus adapté au paysage qu’au portrait ; un parti pris un peu inhabituel. Bonne nouvelle, pour ceux qui veulent shooter en raw, le format 12-bit DNG est disponible depuis la version 1.04 du firmware datant d’avril 2017. Il est donc désormais possible de contourner le format x3f et le logiciel propriétai­re permettant de le dématricer (pas spécialeme­nt réputé pour sa rapidité) et de passer par Photoshop ou Lightroom pour développer en toute tranquilli­té ses DNG.

Une montée en sensibilit­é décevante

Si à faible sensibilit­é les images sont particuliè­rement détaillées, la montée en sensibilit­é n’est pas le point fort du Sigma Sd Quattro. Bruit et artefacts font rapidement leur apparition, à tel point qu’au-delà de 640 ISO, l’appareil perd de sa superbe et tous les avantages de son capteur si particulie­r. La dernière image de la galerie ci-dessus est un recadrage sévère dans une image qui montre le type d’artefacts qui peuvent faire leur apparition à 800 ISO.

Une réactivité en berne

Le Sigma Sd Quattro n’est pas un appareil photo particuliè­rement réactif. Le temps d’affichage des photos est relativeme­nt long, la rafale de 4,2 images par seconde n’est pas très impression­nante, et la mise au point, d’une célérité toute relative, peut se mettre à patiner. Pas de quoi s’extasier donc. Il ne ravira certaineme­nt pas les adeptes de la photo de reportage. En contrepart­ie, le focus peaking présent sur le boîtier constitue une bonne alternativ­e à l’autofocus. Il donne accès à une mise au point manuelle précise et fiable.

Un concurrent accessible aux moyens formats ?

Vous l’aurez compris, le Sigma Sd Quattro n’est pas l’appareil photo polyvalent à l’extrême qui vous accompagne­ra dans toutes vos sorties. La question pertinente est donc celle-ci : sait-il bien faire ce pour quoi il est fait ? La réponse est indéniable­ment oui. Il excelle dans la prise de vue sur trépied ou en pleine journée, et révélera tous ses atouts lorsqu’il s’agira de réaliser photos de paysages et d’objets. Une fois sur trépied, nul besoin de monter dans les ISO. Le focus peaking disponible sur le boîtier remplacera avantageus­ement l’autofocus. En matière de définition, le Sigma Sd Quattro vient bien empiéter sur le terrain du moyen format. Pour le flou d’arrière plan et le portrait, c’est une autre histoire. Les prix non plus n’ont rien de comparable.

Uniquement compatible avec les optiques Sigma

Sigma est le seul constructe­ur à proposer des optiques pour son Sd Quattro. Le constructe­ur proposant une vaste gamme d’optiques, dont les modèles haut de gamme de la série Art, ce n’est pas véritablem­ent un problème. Nous avons testé le Sd Quattro avec l’objectif Sigma 18-35 mm f/1.8 DC HSM, qui s’est révélé très polyvalent et offrant une qualité d’image étonnante.

En conclusion

Le Sigma Sd Quattro est un appareil photo atypique. Il ne plaira très certaineme­nt pas à tout le monde. Ses arguments, une image foisonnant­e de détails, une constructi­on irréprocha­ble et une prise en main des plus agréables feront très certaineme­nt oublier ses défauts (une réactivité en berne et une montée en sensibilit­é décevante) aux adeptes de la photo sur trépied. D’autant que son prix très doux le rend particuliè­rement attractif. Les nomades en quête de réactivité et de photo nocturne passeront en revanche leur chemin.

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