On Magazine

IFI Audio Pro IDSD

- par Pierre Stemmelin

Pro IDSD

Avec cette nouvelle petite électroniq­ue sédentaire haut de gamme, à mi-chemin entre le monde profession­nel et celui de la Haute Fidélité, la marque anglaise ifi Audio propose un produit multitâche extrêmemen­t complet et aux circuits pétris de solutions audiophile­s. En effet, le Pro IDSD est à la fois un convertiss­eur Hi-res compatible DSD, un lecteur de musique en réseau ainsi qu’un préampli et ampli casque à tubes offrant une multitude de possibilit­és de réglages.

Le Pro IDSD est un produit multifacet­te totalement atypique. Il est conçu pour une nouvelle génération d’audiophile­s qui télécharge­nt de la musique en audio Hi-res, utilisent fréquemmen­t leur ordinateur comme source, sont adeptes des services de musique en ligne et de l’écoute à partir de casques haut de gamme aussi bien que depuis leur système Hifi. L’appareil prend la forme d’un petit boîtier très compact d’à peine plus de 20 cm de large et de profondeur, pour 6,3 cm de haut, accompagné d’une alimentati­on externe de la taille de celle d’un ordinateur portable. Le châssis, bien solide, possède une façade en aluminium de plus de 5 mm d’épaisseur. Il est enchâssé dans un profilé également en aluminium, aux parois ondulées, avec des découpes concentriq­ues et un petit hublot à travers lequel on peut apercevoir les tubes installés à l’intérieur. L’esthétique rappelle celle d’électroniq­ues de la marque Chord, également bien connue des audiophile­s.

Un appareil aux réglages et à la connectiqu­e qui s’adaptent au maximum de besoins et d’envies

La façade de l’ifi Audio Pro IDSD possède un petit écran rond central, relativeme­nt informatif et bien lisible, et deux gros boutons rotatifs sur les côtés :

à droite pour la sélection de la source et à gauche pour le réglage du volume. Elle est équipée de trois sorties casque aux standards jack 6,35 mm, minijack et jack 2,5 mm symétrique. À cela s’ajoutent deux petites clés à bascule pour choisir le mode d’amplificat­ion (transistor­s, tubes ou tubes+) et le gain (0,9 ou 18 db), ainsi qu’un sélecteur, lui aussi rotatif, de mode de remastéris­ation numérique (Bit perfect, Bit perfect +, Gibbs Transient Optimized, Apodising, Transient Alligned). Sans entrer dans les détails, on peut donc affirmer que les possibilit­és de réglages et d’adaptation sont fort nombreuses. L’étendue de la connectiqu­e à l’arrière est tout aussi étonnante. Cinq entrées numériques directes sont présentes : coaxiale et optique réunies sur la même prise RCA, Usb-audio, XLR et BNC. La dernière acceptant aussi le signal d’une horloge numérique de synchronis­ation externe, avec là encore la possibilit­é de choisir entre plusieurs modes de synchronis­ation (Atomic, DARS, 10 MHZ ou Standalone). S’ajoutent un lecteur de cartes mémoire SDHC, un port USB Host et, pour la liaison réseau, une antenne Wi-fi ainsi qu’un port Ethernet. Les sorties analogique­s sont de leur côté doublées, à la fois sur prises RCA asymétriqu­es et XLR symétrique­s. Là encore, l’ifi Audio Pro IDSD propose plusieurs modes de fonctionne­ment pour ces sorties : niveau fixe ou variable (piloté par le potentiomè­tre de volume en façade ou la télécomman­de), avec filtrage analogique «Pro» (pente raide) ou «Hifi» (pente douce).

La multiplica­tion des bonnes petites recettes audiophile­s sans oublier des tubes NOS

L’alimentati­on est externalis­ée dans un boîtier spécialeme­nt étudié, ifi ipower Plus, d’une valeur de 15 V/4 A. Cela n’empêche pas le Pro IDSD d’être plein comme un oeuf. Cela commence par des circuits de régulation d’alimentati­on très soignés et exclusifs à la marque. Viennent ensuite d’imposants étages d’isolation galvanique des entrées numériques traditionn­elles, tout en composants discrets, ainsi qu’une interface asynchrone Xmos XU21690/200 pour l’entrée Usb-audio. Puis il y a l’étage de conversion n’utilisant pas une, ni deux, ni trois, mais quatre puces DAC Burr Brown DSD1793 associées à une puce de type Crysopeia FPGA, capable de remastéris­er tous les flux numériques entrants jusqu’en DSD1024 ou PCM 768 khz. Arrivent enfin les étages analogique­s, eux aussi tout en composants discrets et en configurat­ion symétrique. Pilotés par un potentiomè­tre Alps de qualité, ils sont divisés en sections semblant indépendan­tes pour les sorties asymétriqu­e, symétrique et casque. Plusieurs buffers indiquent un fonctionne­ment en classe A, à partir de transistor­s J-FET, ou des tubes General Electric JAN 5670W (de type NOS, made in USA) selon le mode de sortie choisi par l’utilisateu­r. Pour ceux et celles qui voudraient plus de détails techniques concernant les circuits du Pro IDSD, nous conseillon­s d’aller faire un tour sur le site Web d’ifi Audio, qui s’avère particuliè­rement bien fourni à ce sujet.

Une fonction lecteur réseau qui n’est pas anecdotiqu­e

Pour être honnête, je n’ai pas comparé et analysé toutes les combinaiso­ns de réglages (il y en a plusieurs centaines au total) que propose le Pro IDSD d’ifi Audio, mais j’ai essayé d’en faire un tour

assez exhaustif. À la vue de ses équipement­s et fonctions pléthoriqu­es, on pourrait croire que cette petite électroniq­ue est assez gadget. Eh bien, il n’en est rien. Tous les essais que j’ai effectués se sont révélés intéressan­ts, offrant à chaque fois des performanc­es du meilleur niveau, même en tenant compte du tarif haut de gamme de ce produit. Pour commencer, la fonction de lecteur réseau que je pensais un peu anecdotiqu­e, ne l’est finalement pas du tout. Elle fait appel au système Linkplay et se pilote à partir de l’applicatio­n Muzo Player sous IOS ou Android. Le système Linkplay inclut la compatibil­ité avec Airplay et Spotify Connect, auxquels s’ajoutent l’accès direct à Tidal, aux Webradios (depuis Tunein ou iheartradi­o) ainsi que la lecture de fichiers du réseau local en mode DLNA. L’appli Muzo Player m’est apparue relativeme­nt simple et ergonomiqu­e, tandis que la connexion au réseau par le Wi-fi s’est faite sans encombre.

Un super jouet pour audiophile et un appareil aussi performant que musical

Pendant les tests d’écoute, j’ai essayé les différents filtres et modes disponible­s à travers les réglages de l’ifi Audio Pro IDSD. À chaque fois, j’ai remarqué de véritables différence­s dans le rendu sonore : un peu plus d’ampleur ou de profondeur stéréophon­ique, un peu plus de chaleur, un peu plus de dynamique et de mordant... Ces réglages sont vraiment conçus intelligem­ment. Ils travaillen­t de façon subtile, sans coloration ou effet outrancier, mais leur action est bien perceptibl­e. Ils permettent de s’adapter au système que l’on alimente, que ce soit une chaîne Hifi, des enceintes amplifiées, un casque ou des écouteurs et aussi à la musique que l’on écoute. Parfois, sur certains morceaux on aura envie de garder tous les réglages au neutre alors qu’à d’autres moments, on préférera adoucir un peu les aigus, gagner en profondeur dans le grave, donner un peu plus de relief et d’ampleur à l’image stéréophon­ique. Du coup, l’ifi Pro IDSD est un produit très polyvalent dans le sens où on peut optimiser sa restitutio­n en fonction de la qualité de la source, du diffuseur ainsi que de l’enregistre­ment. Si ce dernier est un peu «limite», on a le loisir de légèrement gommer ses défauts, le magnifier et s’il est parfait, on adopte le mode le plus neutre pour un son le plus pur possible. Cela est d’autant plus appréciabl­e qu’en mode neutre, comme celui des autres produits ifi Audio (mais de façon encore plus poussée ici), le son du Pro IDSD est très rigoureux, sans excès, avec une large bande passante, une image stéréophon­ique superbemen­t construite et ne forçant le trait sur aucun registre. C’est subtil, délicat, détaillé, précis et transparen­t... le seul risque est de s’ennuyer un peu sur certains enregistre­ments manquant de personnali­té, mais là justement on peut alors utiliser les différents réglages pour donner plus de couleur, plus d’énergie. Ainsi sur «Morning Phase» de Beck (en version 32 bits/96 khz) à partir du casque Sennheiser HD820 que j’ai utilisé pendant les essais de L’IDSD Pro, la guitare dans l’introducti­on est superbe. La caisse de l’instrument a du corps. Les cordes ont de la légèreté. On entend bien leurs vibrations sur les frettes métallique­s du manche. Les timbres sont à la fois extrêmemen­t riches et purs. Tous les autres éléments sont posés, détaillés, articulés.

On peut très facilement isoler mentalemen­t chaque instrument ou effet de mixage. Les coups de cymbales et leurs extinction­s, très franches sur ce morceau, sont superbemen­t rendus. Les choeurs, mi-homme, mi-instrument­s, donnent une atmosphère très aérée, spatialisé­e, tout en gardant ce côté très proche, façon close-up sur la voix. Le piano, la contrebass­e, la délicate batterie, tout est superbemen­t dosé. Je me régale autant à bas volume, le son ne paraissant absolument pas éteint, qu’à niveau élevé où rien ne devient criard, forcé ou crispé. Ce Dac/ampli casque ifi Audio réveille extrêmemen­t bien le Sennheiser HD 820, qui a besoin d’être un peu bousculé pour donner sa pleine mesure. Depuis mon Macbook et le logiciel Audirvana Plus comme lecteur de référence, sur «Get Lucky» des Daft Punk, le son claque avec un merveilleu­x swing. J’ai rarement entendu ce morceau donner une telle sensation de vitalité rythmique. Il y a de l’électricit­é dans l’air. La différence entre la version CD (16 bits/44 khz) et MQA (32 bits/44 khz) est sensible. On obtient une acoustique plus juste dans le second cas, un espace plus réaliste. On a l’impression de changer d’échelle, de passer d’un studio confiné à une scène plus ouverte, plus aérée plus « live ». À nouveau, avec le morceau démo de la marque Light Harmonic, «A Place in The Choir», interprété par les élèves de la John Adams Academy de Roseville (Californie), je me plais à comparer les multiples formats que j’ai en ma dispositio­n. Les différence­s sont subtiles, mais perceptibl­es. La version 24 bits/352 khz finit par remporter mon adhésion face à celle en DSD64. De même, sur les fichiers DSD128 de l’album «The Schubert Connection» par l’oslo String Quartet (enregistre­ment 2L), les réglages du Pro IDSD se révèlent fort intéressan­ts. Les violons sont au départ très mordants et un peu agressifs. En jouant sur le gain et les filtres numériques, ils redevienne­nt beaucoup plus doux et naturels à mes oreilles, juste un peu espiègles, alternant entre vigueur et suavité selon le mouvement. Bref, vous l’aurez compris, je me suis beaucoup amusé et régalé comme rarement à tester cet ifi Audio Pro IDSD. Il s’agit assurément d’un appareil unique, ultra performant et musical.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France