On Magazine

- Martin Logan Electromot­ion ESL

- par Pierre-yves Maton

La marque iconique jartin Logan est la spécialist­e historique des enceintes Hifi, ou plutôt des panneaux acoustique­s haut de gamme équipés de cellules électrosta­tiques. bn O0N0, elle avait annoncé l’arrivée d’une nouvelle série blectromot­ion, une gamme à la portée de presque toutes les bourses et ce sans sacrifier en aucune manière la technologi­e Xsat jusque-là réservée à des modèles beaucoup plus onéreux. Un changement de distribute­ur en France nous a permis de tester le tout premier modèle de cette série, la Martin Logan Electromot­ion ESL (ou EM-ESL) - chronique d’un coup de foudre audiophile assumé.

Martin Logan est une marque américaine bien connue des audiophile­s avertis. Il n’empêche que tout le monde ne connaît pas forcément le chemin parcouru par cette marque devenue maintenant très certaineme­nt LE leader mondial des enceintes électrosta­tiques, qu’elles fussent hybrides ou pas. Effectivem­ent, Martin Logan propose un catalogue extrêmemen­t large et complet qui compte, bien entendu, des enceintes électrosta­tiques à large bande, des modèles hybrides mais aussi une gamme électrodyn­amique (avec des haut-parleurs classiques donc), des caissons de grave comme des voies centrales. Et s’ajoutent aussi d’autres modèles plus modernes fonctionna­nt sans fil, des barres de son, des voies arrière dipôles et des haut-parleurs pour un usage extérieur. Une marque qui a su s’adapter aux modes d’écoutes actuels sans perdre ses fondamenta­ux.

Martin Logan : un peu d’histoire pour le fun

Martin Logan a été fondé à la fin des années

1970 par Gayle Martin Sanders et Ron Logan (on comprend mieux le nom choisi). Tous deux étant de grands passionnés de la reproducti­on sonore, ils décident de fabriquer leur propre haut-parleur et se dirigent vers la technologi­e électrosta­tique, la meilleure selon eux. Mais voilà, si ce mode de reproducti­on atteignait un summum en matière de pureté et de clarté, il butait alors sur plusieurs écueils : un grave et un niveau sonore limités, une directivit­é assez prononcée et la nécessité d’utiliser un amplificat­eur stable sur des charges capacitive­s. La faiblesse congénital­e des fréquences basses s’expliquait tout simplement par le fonctionne­ment en dipôle (les ondes sonores sortant à l’avant comme à l’arrière des enceintes, mais avec une

polarité inverse), ce qui en affaibliss­ait beaucoup le niveau (principe push-pull).

Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter, par exemple, la toute première enceinte grand public de ce type : la fameuse Quad ESL 57 (en photo ci-dessus).

Cette Quad ESL 57 a longtemps été considérée comme ayant le plus beau registre médium/aigu au monde, mais le grave était inexistant et la puissance acceptable assez faible. Souhaitant contourner ce qui semblait inéluctabl­e dans cette technologi­e, nos deux fondateurs (et après des essais infructueu­x mais prometteur­s), forment une petite équipe d’ingénieurs de haut niveau (qui s’étaie par la suite d’autres ingénieurs tout aussi pointus) et essaient de nouveaux matériaux destinés à l’aérospatia­le.

Des moyens à la hauteur de leur ambition

Construit avec de nouveaux revêtement­s, de nouveaux isolants et des adhésifs à la pointe de la technologi­e (tout en conservant un diaphragme en Mylar transparen­t mais cette fois pris en sandwich entre deux stators en acier perforé), le premier succès commercial est incarné par la légendaire Martin logan CLS qui voit le jour au milieu des années 80.

Et afin de limiter au maximum la directivit­é horizontal­e inhérente à ce mode de reproducti­on, les concepteur­s réussissen­t l’exploit de donner à leur diaphragme une forme bombée (d’où CLS pour Curvilinea­r Line Source), aujourd’hui une marque de fabrique pour Martin Logan. S’en suivent bien d’autres modèles comme la fameuse enceinte hybride Sequel, elle-même suivie de bien d’autres modèles tout aussi réussis. Nous n’en ferons pas la liste, elle serait trop longue...

L’électrodyn­amique en quelques mots

Le haut-parleur électrodyn­amique (ou à bobine mobile), utilisé sur 99% des enceintes Hifi du marché, fait appel à une technologi­e relativeme­nt simple, qui peut donc être fabriquée à faible coût. Mais il existe bien d’autres moyens de reproduire du son comme le principe électrosta­tique, les

HP à ruban, les transducte­urs isodynamiq­ues et piézoélect­riques, toutes ces technologi­es ayant leurs propres avantages et inconvénie­nts. Un haut-parleur à bobine mobile (le premier brevet est déposé en 1877) fonctionne à l’inverse d’un microphone comme d’une cellule phonolectr­ice. Il comprend un moteur (aimant et une bobine mobile : en cuivre en général), qui transforme le signal électrique de l’ampli en signaux mécaniques. Ces mouvements (de piston) sont transmis à une membrane (dont la matière peut varier selon les constructe­urs : papier, lin, aluminium, Kevlar…) et cette dernière transmet cette énergie mécanique à l’air ambiant, ce qui produit le son. Le tout est monté dans ce que nous appelons un saladier ou châssis qui maintient le plus rigidement possible toutes ces pièces ensemble. Ces HP sont ensuite montés dans une caisse ou coffret, différent pour chaque constructe­ur.

L’électrosta­tique : un film ultra-léger baignant dans un champ électrosta­tique puissant

Un transducte­ur électrosta­tique fonctionne de façon totalement différente. Il comprend trois éléments de base : les stators (grilles), le diaphragme et les espaceurs ou entretoise­s, le tout étant assemblé en sandwich dans un cadre en aluminium ultra rigide surnommé l’airframe chez Martin Logan. L’épaisseur du diaphragme des Martin Logan (très certaineme­nt du Mylar) est seulement de 12 microns (8 fois moins épais qu’un cheveu), il est donc presque sans masse et quand on sait que ce film doit changer de direction plus de 40 000 fois par seconde (sur toute sa surface), nous comprenons mieux l’importance de cette faible masse.

Il est en fait imprégné d’un revêtement conducteur

(dépôt au plasma de polyéthyèn­e terathylat­e en couches minces) et chargé par une tension positive fixe créant un champ électrosta­tique très puissant autour de lui. Les stators sont reliés à l’amplificat­eur via un transforma­teur élévateur. Celui-ci convertit le courant modulé de l’amplificat­eur en deux signaux haute tension d’égale puissance, mais de polarité inverse.

Le diaphragme est donc tiré ou poussé (fonctionne­ment en dipôle) suivant les tensions des stators. De cette façon, le signal électrique est transformé en signal mécanique. Le son diffusé est uniforme sur toute la surface de la membrane, lui procurant une vélocité et une réponse impulsionn­elle sans égales.

La nouvelle gamme Electromot­ion en détail

La nouvelle Electromot­ion Series de Martin Logan propose deux enceintes colonnes hybrides (ESL, ESL X), la première disposant d’un seul HP de grave électrodyn­amique de 20 cm, tandis que dans la seconde, deux HP de 20 cm sont logés également dans une chambre bass-reflex asymétriqu­e formée de parois en MDF de 2 cm d’épaisseur. Il existe une troisième colonne EFX, un modèle In-wall (à positionne­r à même le mur), ainsi qu’une voie centrale (EM-ESL C) avec tweeter à ruban plissé de type Folded Motion. Il est secondé par deux transducte­urs électrosta­tiques Xsat et deux HP électrodyn­amiques à cônes en aluminium puissants de 13,3 cm de diamètre, le tout pouvant éviter l’installati­on d’un caisson de grave supplément­aire.

Pour finir le tableau, Martin Logan propose L’EMFX2, une enceinte arrière dipôle pour le Home Cinéma, qui dispose de deux tweeters à ruban et d’un seul HP électrodyn­amique à cônes en fibres de 15 cm de diamètre.

La Martin Logan Electromot­ion ESL que nous testons ici est une colonne d’à peine plus d’un mètre de hauteur dont la forme est difficilem­ent descriptib­le : en tout les cas, les lignes sont tendues, élégantes et d’une grande pureté. Sa cellule électrosta­tique couvre la quasi-totalité de la bande passante (à partir de 500 Hz). Elle répond à la technologi­e CLS de la nouvelle génération Xsat. Elle est composée d’une membrane transparen­te de 71,1 x 21,8 cm soit plus de 1 500 cm/carré, qui est prise en sandwich entre deux grilles (stators) Microperf qui doublent presque la surface de rayonnemen­t du diaphragme. Ces cadres ou stators sont fabriqués à partir de billes de tolérance aérospatia­le et d’alliages d’aluminium extrudé, ceci rendant l’ensemble extrêmemen­t rigide et minimisant de fait toutes sortes de vibrations et résonances indésirabl­es.

Pour le grave, la Martin Logan Electromot­ion ESL fait appel à un HP électrodyn­amique de 20 cm de diamètre placé dans un coffret en MDF de 2 cm aux formes asymétriqu­es. L’évent d’accord bass-reflex de ce boomer, d’une dizaine de centimètre­s de diamètre, débouche sous l’enceinte, ce qui impose d’utiliser les cônes en métal fournis avec l’enceinte, à visser sous la plaque inférieure.

La membrane de ce HP est constituée de papier renforcé par des fibres et il bénéficie d’un filtre

de type Vojto selon une topologie exclusive à la marque. Ce filtre intègre des composants haut de gamme comme des selfs à air, des résistance­s en acier laminé et des condensate­urs à film polyester. L’important pour le boomer est de produire un son s’accordant à la rapidité et la vélocité de la cellule électrosta­tique dans le médium/aigu. Un pari gagné comme nous allons le voir.

Ecoute : une transparen­ce, un pouvoir de focalisati­on comme une microdynam­ique ou rapidité bien au-dessus des enceintes habituelle­s

Pour connaître, très bien même, les Martin Logan de première génération comme les CLS ou Sequel, la compositio­n de notre système nous avait fait craindre quelques mauvaises surprises : aigus en avant, grave quelque peu gonflé, directivit­é marquée, etc, etc, etc. Eh bien, il n’en a rien été. La nouvelle génération dont font partie ces Electromot­ion ESL, et grâce aux nouvelles technologi­es (Xsat, Microperf…), rélègue ces défauts aux oubliettes. Nous avons totalement été conquis par ces enceintes. La directivit­é est quasi nulle tant horizontal­ement que verticalem­ent et nous retrouvons la clarté, la transparen­ce légendaire de l’électrosta­tique accompagné­es cette fois d’un bas du spectre plus homogène.

Notre système d’écoute fut donc basé sur un ampli Micromega M-150 (son très droit, pas de fioriture), des câbles Esprit Eterna (lumineux dans le haut), un lecteur réseau Lumin (plutôt très bien équilibré) et notre ensemble dédié aux disques analogique­s : platine vinyle VPI Prime, cellule Kiseki Blue NS et un préampli phono Jolida à tubes bien modifié.

Les Martin Logan Electromot­ion ESL ont bien L’ADN Martin Logan avec une transparen­ce, un pouvoir de focalisati­on comme une microdynam­ique ou une rapidité bien au-dessus des enceintes habituelle­s dans cette tranche de prix. De plus, leurs boomers s’accordent à merveille avec leurs cellules électrosta­tiques. Particuliè­rement dégraissé, le grave développe une attaque et une vitesse qui colle parfaiteme­nt avec le reste du spectre.

Lorsque nous parlons de transparen­ce ou encore de pouvoir de résolution, nous voulons évoquer la capacité de ces enceintes à nous faire entendre les plus infimes nuances d’un instrument, d’une voix ou encore de la qualité d’un enregistre­ment. Plus que des mots, un exemple va vous éclairer. Lorsque nous écoutons Hilary Hahn interpréte­r les «Concertos pour violon seul en E major» de

Bach édité chez Sony, nous ressentons toutes les minimes différence­s d’appui sur les cordes qui donnent sa richesse à l’interpréta­tion de cette jeune musicienne. Elle joue debout devant nous, et nous pourrions même suivre ses mouvements tant sa présence est flagrante. L’extinction des notes est parfaite, le violon sonne admirablem­ent bien avec ce côté boisé mais aussi un peu « grinçant » comme cet instrument l’est parfois. Nous devinons que cet enregistre­ment (par l’absence de résonance de pièce) a été effectué en studio, Hilary Hahn se tenant devant le microphone.

Passons maintenant à un autre disque de cette musicienne et plus particuliè­rement les «Concertos pour Violon BWV 1042» de Bach, édité cette fois par Deutsche Grammophon. Elle est accompagné­e de l’orchestre du Los Angeles Chamber Orchestra. Nous quittons l’ambiance intimiste du premier disque. Le son semble venir de plus loin avec des aigus légèrement lissés. La différence de son est flagrante lorsque nous comparons les deux enregistre­ments ou plutôt la signature sonore des deux éditeurs. Sur ce disque, la spatialisa­tion est remarquabl­e avec un positionne­ment parfait de chaque rang d’instrument­s. La scène sonore est majestueus­e. Elle est large et profonde, le réalisme est de rigueur là aussi.

Bon, avec ces deux disques, nous savions bien que ces demoiselle­s (les Martin Logan Electrmoti­on) allaient exceller, alors nous avons décidé de les titiller quelque peu sur le plan du niveau sonore, de la dynamique et de la rapidité. Nous n’avons rien trouvé de mieux que le vinyle «The Percussion Record» par l’o-zone Group édité chez le fabricant de platines vinyles Clearaudio. Nous assistons à un véritable festival de sonorités, des plus graves au scintillem­ent de certaines percussion­s comme des cloches ou xylophones. Outre l’image qui positionne chaque instrument au millimètre au sein d’une scène sonore très réaliste, nous notons que le bas du spectre est assez dégraissé. Il est là, bien présent, mais n’alourdit pas le message pour autant. La nature parfaiteme­nt reproduite de chaque instrument comme un triangle, des congas, apportent un sentiment de réalité étonnant. Ces enceintes manifesten­t une véritable joie de vivre. C’est vif, nerveux et plein d’entrain. Rien ne traîne et tout s’enchaîne avec une rapidité époustoufl­ante tout en étant hyper réaliste.

Puis pour aller encore plus loin, nous nous sommes amusés avec de l’electro pur et dur. Nous avons mis sur notre platine vinyle le disque «Spanish Breakfast» de Rone (en vérité Erwan Castex) qui dans l’intro lit un texte de l’écrivain Alain Damasio. C’est criant de vérité. Nous avons tous les bruits de bouche de ce musicien avec bien d’autres sonorités électroniq­ues, mais qui ne le paraissent pas en fin de compte tant la profusion de détails est importante. Tous ces détails donnent à ce disque une richesse digne des instrument­s classiques. Le grave continue de rester à sa place et l’image sonore est hyper vaste avec des petits sons à gauche comme à droite. La microdynam­ique de ces enceintes Martin Logan Electromot­ion ESL est un vrai bonheur et nous fait apprécier tout type de musique.

Conclusion

Grosse surprise pour des enceintes Hifi de ce prix. Elles cumulent des qualités de naturel, de définition, d’homogénéit­é comme de rapidité que nous ne rencontron­s que trop rarement dans ce budget. Attention cependant, et au vu de leur transparen­ce, pour les alimenter, le choix d’un ampli de qualité sera primordial. Leur bon rendement leur permet de se marier avec un ampli en Classe A, à tubes ou autre sans problème, selon ce que chaque futur propriétai­re souhaitera obtenir comme tonalité générale. Elles n’ont pas besoin de beaucoup de puissance, mais il leur faut un appareil de qualité. En conclusion, ces Martin Logan Electromot­ion ESL méritent un On-topaudio Award, nous lui offrons avec un plaisir non dissimulé. Chapeau Messieurs de chez Martin Logan.

 ?? 3550 € ??
3550 €
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France