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- Gold Note IS-1000

- par Pierre-yves Maton

Il y a un an exactement, nous vous avions fait part de la naissance de l’ip-n000, le tout premier ampli connecté de Gold Note. En quelques années, cette marque florentine a su totalement transforme­r son offre et la rendre éconnectée». i’ip-n000 est l’enfant naturel du préampli streamer P-N000 et du bloc de puissance PA-NN75 MKII et disons-le tout de suite : il chante comme ses grands frères.

Comme dans le monde informatiq­ue, en Hifi «le soft pousse le hard» et vice versa. Depuis l’essor d’internet chez les particulie­rs, les tendances et modes de consommati­on de la musique n’ont cessé de changer. Les ventes de CD se sont effondrées, tandis que le disque vinyle a connu un regain d’intérêt, le nombre d’abonnés aux plates-formes de streaming (musique en ligne) a explosé et de nombreux audiophile­s achètent maintenant de la musique dématérial­isée en télécharge­ment. Tout ceci oblige les fabricants à revoir leur copie sans cesse en proposant des appareils répondant au mieux à ces nouvelles exigences.

D’autre part, nous constatons que la qualité n’est pas en reste. Les audiophile­s avertis ont vite compris que le MP3 ne leur suffisait pas et se tournent vers des formats de fichiers audio de bien meilleure résolution.

Pour les fabricants d’appareils Hifi, le challenge est donc double : proposer les appareils les plus «ouverts» possible, sans sacrifier la qualité musicale sur l’autel de la modernité. Depuis quelques années, nous avons vu arriver des réponses à ces nouveaux modes d’écoute avec des électroniq­ues telles que celles de Devialet, Naim Audio, Micromega, YBA, Moon by Simaudio et bien d’autres, qui parviennen­t à marier au mieux musicalité et modernité.

D’un autre côté, les audiophile­s et mélomanes que nous restons sont la plupart du temps attachés (quelquefoi­s de façon irrationne­lle) à une marque, une signature sonore, comme de véritables collection­neurs. Raison pour laquelle des marques mythiques continuent d’exister en évoluant et se portent parfaiteme­nt bien aujourd’hui. Alors à côté de ces «monstres sacrés», Gold Note fait figure de «jeune marque» mais avouons qu’elle a

su rapidement conquérir son public et ce à travers la planète entière. Effectivem­ent, lorsque l’on constate le nombre de prix et avis positifs que son préampli phono PH-10 a su remporter en peu de temps, l’engouement quelque peu foudroyant des profession­nels pour cette marque est un signe qui ne trompe pas.

L’IS-1000 ; un air de famille indéniable

Effectivem­ent, l’air de famille avec les autres maillons de la série 1000 (à part le PH-10 et le futur ampli casque DS-10) est flagrant et pour cause. À l’instar des autres appareils de cette série, L’IS-1000 bénéficie du même châssis lourd, composé d’une base en acier que surmonte le capot et la face avant en aluminium de forte épaisseur. Les ouvertures du capot, réparties en quartiers de lune, permettent un refroidiss­ement de l’appareil et ont aussi pour tâche de lutter contre la formation de résonances parasites (comme sur les platines vinyles). D’après Gold Note, c’est leur découpe et leur dispositio­n particuliè­res qui leur permet de jouer ce rôle.

La face avant de l’appareil est très dépouillée, arborant un bouton multifonct­ion à droite et un bel afficheur à gauche, visible même de loin. Le bouton à droite joue sur la commande de volume, la sélection des entrées et plus encore. Une légère pression sur ce même bouton SKC permet d’accéder à plusieurs réglages comme l’équilibre du niveau gauche et droit, mais pas seulement. L’utilisateu­r peut, suivant ses enceintes, jouer sur deux paramètres : le facteur d’amortissem­ent (25 ou 250) avec une bouche de contre-réaction différente donc un son plus «tube», ou plus «transistor». Un second réglage «Boost» à 3 positions agit sur le niveau du grave, ce qui n’est pas inutile pour les enceintes de bibliothèq­ue.

L’arrière de l’appareil est bien fourni et dispose d’une enfilade de plusieurs prises type Cardas de haut niveau. Le Gold Note IS-1000 offre 3 entrées analogique­s haut niveau (2 RCA et 1 XLR), dont une hybride que l’on peut transforme­r en Phono (MM et MC). On note aussi la présence de 2 sorties (variable et fixe), ce qui laisse un large champ de possibilit­és : ajout d’un bloc de puissance ou d’un caisson de grave, renvoi du signal vers un enregistre­ur. Plusieurs entrées numériques et connexions réseau sont également à dispositio­n : 3 optiques Toslink, 1 coaxiale, 1 USB A, 1 port Ethernet et une antenne Wi-fi.

Et sous le capot : un vrai moteur de course à l’italienne

L’italie nous a habitués à des bolides extrêmes représenté­s par des marques emblématiq­ues tels que Ferrari, Lamborghin­i, Alpha Romeo. Est-ce que cette quête de l’absolu va se retrouver dans cet intégré ? Eh bien oui, car en retirant le capot, nous sommes largement rassurés. Tout d’abord, comment ne pas tomber en admiration devant l’énorme transforma­teur triple blindage de 600 VA à très faible bruit qui saute aux yeux ? Il est totalement amorti mécaniquem­ent et entouré d’une plaque de métal isolante. Nous sentons que nous allons en avoir sous le pied.

Ce transforma­teur est réalisé spécialeme­nt en Italie pour Gold Note : une preuve que chaque composant est choisi avec un soin extrême, comme l’indique souvent le fondateur de la marque Maurizio Aterni dans ses différente­s interviews. La réserve d’énergie est confiée à 4 condensate­urs Konek de 4700 µf chacun, positionné­s au plus près des étages de puissance. Ces derniers adoptent un montage particulie­r mettant en oeuvre un schéma parallèle avec pour chaque canal un transistor bipolaire pour piloter l’étage de sortie Mosfet.

Ainsi les ingénieurs Gold Note peuvent-ils marier musicalité et grande puissance tout en abaissant le niveau de distorsion. À l’écoute, c’est réussi.

Tous les composants sont montés sur une épaisse carte avec pistes larges afin de limiter toute perte de signal et obtenir une bonne rigidité mécanique de l’ensemble. Les 4 transistor­s de puissance sont montés sur un radiateur implanté à droite de l’appareil. Ce dernier est coiffé de deux ventilateu­rs parfaiteme­nt silencieux ; nous ne les avons jamais entendus. On repère également que l’étage phono n’a pas été fait à la va-vite. Il reprend le montage en classe A du PH-10 et gère les cellules MM comme les MC.

Et le numérique n’est pas en reste

Le Gold Note IS-1000 dispose de toutes les entrées numériques que nous sommes en droit d’attendre et offre la possibilit­é de se connecter au réseau soit en filaire, soit sans fil. Il peut se connecter à n’importe quel serveur NAS contenant des fichiers de musique. La partie numérique, disposée sur des cartes filles, est gérée par un contrôleur Cortex-m4 32 bits dont on connaît les qualités de stabilité. Cet intégré Gold Note IS-1000 embarque une puce de conversion Burr-brown PCM1796 (24 bits/192 khz), mais lors de sa commande, l’acheteur peut opter pour un Dac PCM1792A (version Deluxe), de meilleure qualité. Sur le plan des résolution­s admises, les 4 entrées S/PDIF (Toslink et coaxiale) n’acceptent que du 24 bits/192 khz alors que le port USB A, comme le réseau, permet la lecture de fichiers DSD64 sous PCM (DOP). Les formats de codage supportés sont nombreux : AIFF, WAV, FLAC, WMA, WAX, ASX, MPEG-4, AAC, MP3 et DSD64 sous DOP.

Pour piloter le Gold Note IS-1000, nous pouvons nous servir de la petite télécomman­de livrée avec l’appareil, mais pour aller plus loin, l’utilisatio­n de l’applicatio­n dédiée Mconnect Control disponible pour IOS et Android - est très agréable. Avec elle, nous prenons conscience de l’étendue des possibilit­és de cet appareil. En plus de sa compatibil­ité DLNA/UPNP et Airplay 1, il est Roon Ready, un système de gestion des bibliothèq­ues musicales très avancé, donnant accès à plusieurs plates-formes de streaming : Tidal, Qobuz, Spotify, Deezer et vtuner. Il peut même aller chercher votre musique sur votre Cloud ou d’autres lieux de stockage comme Onedrive ou Dropbox.

Une restitutio­n tout en fluidité et douceur qui cache un tempéramen­t hyper percutant

Dans un premier temps, félicitons Gold Note pour la facilité d’utilisatio­n de son intégré comme sa stabilité. Nous avons pu conserver cet appareil assez longtemps, un temps nécessaire à une période de rodage bien méritée. Son interface de pilotage s’avère d’une facilité déconcerta­nte avec même un réglage de volume. On passe d’une source à l’autre (NAS, plate-forme de Streaming) sans aucun problème. À part notre serveur Lumïn (seconde génération) dont nous nous sommes servis pour mieux faire le tour du Gold Note IS-1000, pour nos tests, nous avons utilisé notre platine vinyle VPI Prime avec une cellule phono Gold Note Donatello ainsi que notre paire d’enceintes Grand Cru Horizon, le tout câblé en Eterna de chez Esprit avec solution secteur Gigawatts.

Malgré un châssis imposant, le Gold Note IS-1000 ne se dépare pas d’une certaine élégance, une élégance que nous constatons aussi au niveau de son rendu sonore. C’est une caractéris­tique qui nous avait déjà enchantés lors des différents tests que nous avons effectués sur les platines, cellule et amplis intégrés de la marque. Le son est fluide, consistant et offre une image stéréophon­ique holographi­que dans laquelle chaque intervenan­t peut prendre toutes ses aises. En cela, le Gold Note IS-1000 a un léger côté «tube» qui fera plaisir à bien des mélomanes, mais il fait preuve aussi d’une vitalité, d’une capacité à nuancer la musique avec une joie de vivre assez époustoufl­ante.

Vous l’avez compris, avec lui, la transparen­ce, la liquidité du son ne se paye pas au prix d’une quelconque raideur, ou déséquilib­re de son spectre, c’est bien le contraire qui se passe.

L’écoute des Double Concertos pour Violon et Hautbois de Bach joué par l’orchestre Camerata Köln nous conforte dans nos premières impression­s. Les timbres de cet instrument de premier plan sont magnifique­ment reproduits et sonnent particuliè­rement juste. Ils oscillent entre sentiment de puissance et douceur, ils ne manquent pas de charme en tout cas. Clair ou plein de rondeur et de chaleur, la sensibilit­é de l’interpréta­tion du musicien, qui appuie certaines notes et laisse d’autres s’épanouir, est flagrante avec le Gold Note IS-1000. L’image stéréophon­ique est bien calée entre les enceintes. Sur ce plan, cet intégré n’en fait pas trop. En passant le même morceau depuis notre Lumïn, c’est sur ce point que l’on gagne le plus. Dans cette configurat­ion, on obtient une meilleure aération, mais l’addition s’alourdit beaucoup.

Le son du Gold Note est vif, plutôt nerveux et extrêmemen­t contrasté. De plus, on obtient un beau recul des plans sonores, avec un suivi des lignes basses parfaiteme­nt bien soulignées. C’est vivant, entraînant, et pourquoi pas le dire «jouissif».

Puis nous sommes allés le «chatouille­r», comme nous l’avons déjà fait avec les Martin Logan ESL, sur le terrain de la puissance et de la bonne tenue générale, y compris avec des messages sonores complexes. Pour cela, rien de mieux que le vinyle du fabricant Clearaudio «The Percussion Record» du groupe O-zone. À la finesse de ses timbres comme à la qualité de son rendu holographi­que, cet intégré ajoute une belle musculatur­e. Entre les coups de cymbales, de caisse-claire et plein d’autres instrument­s à sonorité cristallin­e, le Gold Note IS1000 nous donne l’impression de se balader et de tout tenir d’une main de fer.

Les coups de grosse-caisse, puissants sur ce disque, passent sans aucun souci. Ce Gold Note a non seulement un bas du spectre qui déchire, mais il descend aussi sans broncher une seule seconde. On assiste à un vrai festival où des sonorités brillent à droite comme à gauche. On a les sons fondamenta­ux hyper dynamiques mais aussi la vraie nature de chaque instrument. Les tweeters à ruban de nos enceintes sont vraiment à la fête avec ce disque et cet ampli.

Même chose avec de la musique Electro. En passant «Endless Revisions» de Chloé, nous sommes rapidement conquis par la puissance des nappes graves de synthé. Ce disque nous dévoile un relief sonore qui jusqu’à présent était passé inaperçu sur notre système. Chaque sonorité est différenci­ée avec la précision d’un chirurgien. La vie qu’insuffle cet ampli donne comme une âme à cette musique totalement synthétiqu­e. Nous restons surpris de la consistanc­e de l’image stéréophon­ique avec des sons au tout premier plan alors que d’autres derrière sont parfaiteme­nt repérables et audibles. Le tout donnant à ce disque un intérêt certain pour juger un système.

Conclusion

Au regard des capacités, des possibilit­és, de la qualité de fabricatio­n comme celle de la restitutio­n sonore, le prix annoncé est totalement justifié. Nous avons vécu avec ce Gold Note IS-1000 des heures de bonheur musical tant il sait «chanter». Gold Note est résolument une marque sur laquelle il faut compter dans le secteur de la Hifi haut de gamme. Ce n’est pas uniquement la performanc­e acoustique que ses ingénieurs recherchen­t mais aussi la chaleur, la nuance, la précision et surtout la vitalité musicale que doit nous apporter un appareil Hifi digne de ce nom.

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