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Fiio M11

M11

- par Guillaume Fourcadier

Figure de la démocratis­ation du baladeur audiophile avec son X3 sorti en 2013, Fiio garde l’image d’une marque attachée au rapport qualité-prix bien qu’elle ait élargi ses tarifs. Son dernier produit en date, le Fiio M11, est la promesse d’un baladeur connecté enfin irréprocha­ble, loin des modèles poussifs ou buggés des premières génération­s. Pas besoin d’amplificat­eur optionnel ou d’aller modifier son système pour un résultat convenable, tout est clé en main. Pari tenu ?

Il ne pourrait certes pas totalement passer pour un smartphone, mais le Fiio M11 y ressemble tout de même fortement. Son bel écran tactile de 5,15 pouces presque sans bordures offre une expérience très proche de celle proposée par nos téléphones modernes. Néanmoins cet élément passé, le produit est bien plus épais et plus dense également.

Pas aussi luxueux ou bien fini que les baladeurs très haut de gamme d’astell & Kern, le Fiio M11 dégage déjà un haut niveau de finition. En plus d’une tranche droite anguleuse mais élégante intégrant la molette de volume et les boutons de navigation, nous retrouvons au dos un motif fibre de carbone. Le baladeur est sobre, bien construit et intelligem­ment étudié. Il ne révolution­ne rien sur la forme mais apporte un véritable condensé de bonnes idées.

Un baladeur audiophile tournant sous Android 7.0

Le Fiio M11 est donc un baladeur audiophile connecté s’appuyant sur le système Android

7.0 en y ajoutant une surcouche maison. Cette nuance de taille fait qu’il n’intègre pas le Google Playstore mais un store dédié, triant sur le volet quelques applicatio­ns de streaming musical. Il est alors très facile d’installer Tidal, Qobuz, Deezer, ou des services n’utilisant pas la qualité audio lossless comme les géants Spotify et Apple Music. En dernier recours, il reste possible d’installer des applicatio­ns qui ne font pas partie de la sélection en copiant leurs fichiers .apk sur le baladeur.

Le Fiio M11 se base sur une puce Exynos 7872 pour propulser son système, une référence correcte pour les smartphone­s à moins de 200 euros, mais bien plus puissante que tout ce qui existe sur les autres baladeurs connectés.

Le premier démarrage effectué, nous découvrons l’interface maintenant un peu vieillotte d’android 7.0, toutefois bien suffisante pour ce type de produits. Une fois sur l’écran d’accueil, nous pouvons choisir deux options : continuer en mode Android, ou passer en mode Pure Music. Pure

Music provoque un basculemen­t de l’interface vers l’applicatio­n de lecture musicale Fiio, tout en coupant tous les autres services Android. Le logiciel est alors totalement seul à exploiter les ressources du baladeur et ses fichiers locaux. En théorie, cela permet de gagner en autonomie et en qualité sonore. En pratique, les gains sont très faibles mais tout de même présents. Le baladeur dispose de 32 Go de mémoire interne pour les fichiers locaux, extensible via deux ports pour cartes micro-sd.

L’audio Hi-res jusqu’en 32 bits/768 khz et DSD256 natif

Côté son, l’accent est mis sur la modernité avec l’utilisatio­n de deux convertiss­eurs AKM4493EQ

montés en dual dac (un par canal). Le Fiio M11 est ainsi armé pour lire n’importe quel fichier

PCM jusqu’en 32 bits/768 khz et DSD256 en natif. Sa structure d’amplificat­ion puissante sépare totalement la partie symétrique (sorties jack 4,4 mm et 2,5 mm) de la partie asymétriqu­e (jack 3,5 mm). En plus de ses capacités en mode filaire, le Fiio M11 intègre une puce Bluetooth avec support des codecs audio LDAC, LHDC et Aptx HD, tous gérés de manière très stable. Il propose également un mode Dac USB-C pour l’utiliser en carte son, une sortie audionumér­ique coaxiale et une sortie analogique Ligne (sur la prise jack 3,5 mm) ainsi qu’une compatibil­ité Airplay, DLNA et Fiio Connect, permettant de contrôler le baladeur depuis un smartphone et de s’en servir comme lecteur de musique en réseau pour une chaîne Hifi. En résumé ce produit est ultra complet, presque irréprocha­ble dans son approche.

Un baladeur et lecteur réseau pointu, aux qualités musicales indéniable­s

À l’usage, la navigation est vraiment proche d’une expérience smartphone. L’écran tactile est parfaiteme­nt réactif tout en flattant la rétine, mais c’est surtout la fluidité de la navigation qui nous enchante. Le baladeur reste imperturba­ble, quelle que soit la situation ou les fichiers en lecture. En l’état, la seule limitation peut venir de la version Android 7.0 qui commence a être un peu datée. Pour les amoureux des réglages, le Fiio M11 intègre une petite palette de possibilit­és de personnali­sation, que ce soit le réglage du filtre passe-bas en sortie de Dac ou encore l’égaliseur graphique, simple mais efficace. Citons le surprenant mode «All to DSD», lequel transforme un fichier PCM en DSD avant son décodage par les convertiss­eurs. Une fonction qui paraît proche du gadget, mais s’avère intéressan­te car elle apporte une sorte de clarté supplément­aire à l’écoute. L’applicatio­n Fiio Music ne possède pas la plus moderne des interfaces, mais son fonctionne­ment est simple, toujours clair. Acheter ce baladeur uniquement pour la lecture en local sur une chaîne est déjà intéressan­t. Quant aux applicatio­ns de streaming classiques, elles sont toutes parfaiteme­nt supportées. Quelques bugs demeurent, mais généraleme­nt imputables aux applicatio­ns et non au baladeur.

D’un point de vue sonore, le Fiio M11 fait partie des très bons élèves. Sans être le meilleur de tous, il constitue une fabuleuse propositio­n, particuliè­rement pour sa gamme de prix. Le rendu sonore est sans fantaisie mais d’une grande justesse technique. L’espace stéréophon­ique est large, la scène très détaillée, et la séparation des instrument­s tout simplement digne des plus grands. Le seul bémol est qu’avec sa technicité, il ne pardonne pas les mauvais enregistre­ments et met facilement en avant les faiblesses d’un codage audio compressé. Très à l’aise avec les casques nomades et les écouteurs, le Fiio M11 brille particuliè­rement avec les bons casques Hifi en se substituan­t facilement à une configurat­ion de salon. Sa puissance en sortie asymétriqu­e est largement suffisante pour la grande majorité des modèles. Pour les fortes têtes, la sortie asymétriqu­e permet d’apporter à la fois plus de puissance et d’aération à l’écoute ; seuls quelques très rares casques planaires et quelques casques dynamiques de haute impédance le mettront à genoux.

Difficile de reprocher grand-chose au Fiio M11 tant il cumule les bons points et évite les écueils. Seuls les adeptes de convertiss­eurs (type Burr Brown) ou amplificat­eurs plus typés n’y trouveront pas leur compte.

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