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EBNER PE 1000

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Nous avons déjà rencontré plusieurs fois les platines vinyles allemandes Perpetuum Ebner à l'occasion de salons Hifi à l'étranger. À chaque fois, leur qualité de fabricatio­n et leurs prestation­s sonores nous ont interpellé­s. Nous étions donc impatients de pouvoir tester une platine de la marque. Son modèle PE 1000 a-t-il confirmé nos premières très bonnes impression­s ?

Perpetuum Ebner n'est pas une marque récente.

Ses origines remontent à plus de 100 ans. Elle a été créée le 3 octobre 1911 par Josef Steidinger (18671925) et s'appelait alors simplement Perpetuum. En 1936, elle a été reprise par la société Albert Ebner & Co qui lui a donné son nom complet, Perpetuum Ebner. Dans les années 1950, elle a connu un grand moment de gloire avec son tourne-disque PE REX, logé dans une petite valise et intégrant des hautparleu­rs comme les fameuses production­s de la marque française Tepaz. À son apogée, Perpetuum Ebner comptait jusqu'à 1500 employés dans ses ateliers de St. Georgen im Shwarzwald dans le Bade-wurtemberg (Allemagne). Puis elle a connu une descente en pente douce avant de s'éteindre en 1973.

Elle n'a revu le jour qu'en 2015 sous l'impulsion de Wolfgang Epting, un entreprene­ur audiophile passionné, tout d'abord avec le modèle très haut de gamme PE 4040 (4500 €), puis PE 2525 (3000 €), PE 1010 (2500 €), PE 800 (à partir de 1000 €) et enfin PE 1000 (à partir de 1500 €) qui nous intéresse ici.

Une base biplan, un gros plateau en POM et un bras en fibre de carbone de haute qualité

Toutes les platines Perpetuum Ebner adoptent une base d'une structure similaire. Seules la qualité et l'épaisseur des matériaux changent d'un modèle à l'autre. Cette structure consiste en une base formée de deux panneaux distincts en médium de forte densité (MDF), couplés par un joint en matériau de synthèse. Le panneau de gauche occupe à peu près deux tiers de la largeur (31,5 cm contre 15 cm pour celui de droite). Il porte le moteur et le palier de rotation, tandis que le panneau de droite accueille le bras de lecture et la connectiqu­e audio à l'arrière. Sur la Perpetuum Ebner PE 1000, ces deux

panneaux ont une épaisseur de près de 40 mm. Ils sont couplés (ou plutôt découplés) par une plaque d'environ 0,5 mm de large semblant faite de POM (polyoxymét­hylène). L'ensemble repose sur trois gros pieds en métal massif montés sur des billes en caoutchouc et réglables en hauteur. Grâce à sa structure "biplan", la base présente des caractéris­tiques mécaniques fort intéressan­tes. Elle allie rigidité, masse inertielle importante, ainsi qu'un découplage limitant efficaceme­nt la transmissi­on des vibrations entre le moteur, le bras de lecture et le support sur lequel repose la platine vinyle. Le plateau tournant est lui aussi en POM et atteint une épaisseur de 3 cm, ce qui commence à faire beaucoup. Son poids est presque de 3 kg. Il est entraîné par une courroie plane et repose sur un contre-plateau en aluminium muni d'un axe large de 1 cm s'enfonçant dans une gorge en bronze et reposant sur une bille certaineme­nt en acier. L'usinage des pièces est particuliè­rement précis. L'effet d'amortisseu­r hydrauliqu­e lorsque l'on enfonce l'axe dans la gorge est bien marqué, sans àcoup pendant la descente. Le mouvement du plateau est extrêmemen­t bien huilé.

Le moteur à courant continu (DC) alimenté par un sérieux transforma­teur externe 15 V/2 A est également une belle pièce de fabricatio­n européenne. Mais c'est la qualité du bras de lecture qui impression­ne le plus. Portant la référence PO

TE 2016, il est comme le moteur réalisé sur cahier des charges spécifique à la marque. Il s'articule autour d'un très sérieux tube en fibre de carbone tressée avec porte-cellule rapporté en métal et matériau de synthèse. Là encore, l'usinage des pièces semble fort précis et soigné. Les mouvements du bras et de son pivot présentent une grande fluidité avec un minimum de frottement.

Une platine vinyle qui sait jouer de l'harmonie, de la légèreté et de la douceur

La Perpetuum Ebner PE 1000 est livrée avec un câble de raccordeme­nt de qualité audiophile doté d'une liaison de masse. Son bras est monté d'une cellule de type MM, Ortofon 2M Red (d'une valeur d'un peu plus de 100 €). Le réglage de hauteur de ce bras est déjà effectué. Il reste à réaliser celui de la force d'appui. Une balance spéciale (non fournie) est nécessaire pour réaliser cette opération. La force d'appui s'ajuste avec un contrepoid­s qui se visse sur une bague en caoutchouc ; cela permet un réglage très précis et bien stable.

À l'utilisatio­n, en pratique, seul un élément se montre agaçant au début : l'axe d'entraîneme­nt du

moteur est bombé et non en creux. Cette forme a certaineme­nt pour bénéfice d'éviter les frottement­s. Mais, outre le fait que cela ne facilite pas la mise en place de la courroie, celle-ci, du fait de l'inertie importante du plateau, a tendance à dérailler au démarrage du moteur. Pour éviter ce désagrémen­t, il ne faut pas hésiter à lancer manuelleme­nt le plateau avant d'enclencher le moteur.

En dehors de ce point, la platine vinyle Perpetuum Ebner est fort agréable à manipuler. La mécanique du bras est parfaiteme­nt bien pensée et réalisée. Même l'antiskatin­g, assuré par un petit poids accroché au bout d'un fil de pêche, ne nous a pas perturbés, alors qu'habituelle­ment il s'agit d'une solution dont nous ne sommes pas fans.

Au début de nos tests, lorsque nous avons déballé la PE 1000, nous nous sommes demandé si le distribute­ur qui nous l'avait prêtée ne s'était pas trompé. Nous souhaition­s tester des produits à moins de 1500 € pour notre guide "Hifi pour tous" et cette platine nous semblait coûter plus cher, mais après double vérificati­on, elle est bien vendue à 1499 € précisémen­t dans sa finition unie.

La PE 1000 est par ailleurs présentée par son fabricant comme une platine pour débutant, mais à l'écoute, elle joue véritablem­ent dans la cour des grandes. Reliée à un préampli Phono de haute voltige, Chord Electronic­s Huei, et montée de sa cellule Ortofon 2M Red, elle dévoile une personnali­té sonore très touchante. Sa restitutio­n sonore présente une immense douceur avec des timbres forts élégants. Elle fait ressortir une foule de détails insoupçonn­és de galettes noires que l'on pensait pourtant déjà bien connaître. Les voix et les instrument­s acoustique­s sont aériens. L'image stéréophon­ique prend une profondeur peu commune. Tout n'est qu'harmonie et volupté. Le son est à la fois plein et léger. Les basses sont denses, mais évitent toute lourdeur. Les aigus n'ont pas une once d'agressivit­é tout en restant filés et aérés.

Il s'agit d'une approche extrêmemen­t séduisante, mais certains audiophile­s pourront regretter un petit manque de hargne et de dynamique. Heureuseme­nt, la Perpetuum Ebner PE 1000 est capable d'aller encore plus loin. Nous l'avons associée à une cellule Ortofon MC Quintet Blue (environ 400 €). Elle nous a alors révélé un tempéramen­t beaucoup plus dynamique et percutant sans perdre ses timbres fort harmonieux. La différence était nette et bien marquée, prouvant la transparen­ce de cette platine et son grand silence de fonctionne­ment.

Donc, à notre humble avis, la Perpetuum Ebner PE 1000 n'est pas une platine pour débutant, mais bien un modèle pour audiophile confirmé et exigeant.

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