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Phantom Reactor 900

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Devialet décline son enceinte Phantom dans une version plus petite, donc plus facile à caser. Avec la Phantom Reactor, le son Devialet devient aussi plus accessible, même si son tarif n’est pas encore à la portée de toutes les bourses. L’idée poursuivie ne change pas : délivrer un son le plus qualitatif possible à partir d’une enceinte qui pourra remplacer tout un système Hifi. À travers ce test, nous allons nous rendre compte que cette éventualit­é est tout à fait envisageab­le.

L’enceinte Devialet Phantom, son style inédit et ses technologi­es embarquées font grand bruit au niveau internatio­nal depuis 2015. Cette grosse enceinte de 34 cm de profondeur a su attirer l’attention sur elle grâce à son équipement en hautparleu­rs pour reproduire les basses de façon physique comme visuelle. Elle est proposée dans différente­s finitions et différente­s puissances, à partir de 1790 €. Avec la version « miniature » Reactor 600, pour 600 Watts, le ticket d’entrée passe à 990 €. Et la profondeur à 22 cm seulement pour une installati­on facilitée. Nous avons testé ici la version Reactor 900, un peu plus puissante et un peu plus chère, en mono puis en stéréo.

Un dessin au service du son

Le dessin de l’enceinte Reactor répond avant tout à des contrainte­s acoustique­s. Bien sûr, Devialet aurait presque pu faire la même chose dans un pavé bien moins sexy. La forme organique des enceintes Phantom participe forcément à leur succès. Tout arrondi, l’avant de l’enceinte accueille un hautparleu­r large bande protégé par une grille au dessin stylisé. Contrairem­ent à une enceinte classique, dont la façade est habituelle­ment plane, cette fuite vers l’arrière permet de dégager l’espace pour une dispersion sonore moins perturbée par les effets de surface.

La Phantom Reactor est une sorte de boule étirée vers l’arrière. Cette forme spécifique oriente automatiqu­ement le médium-aigu légèrement vers le haut. Cela laisse la possibilit­é de poser l’enceinte sur un meuble plus bas que la position d’écoute. Des pieds style tripodes sont proposés en option. Les deux haut-parleurs de grave sont installés dos à dos de chaque côté. Ils sont invisibles lorsque l’on est positionné face à l’enceinte. Pourtant, ils participen­t au show « son et image ». Leur mouvement est bien visible, ce qui permet de se rendre compte de l’effort physique fourni par ce type de haut-parleur pour reproduire les fréquences les plus basses. Installés ici en double exemplaire, comme dans beaucoup de caissons de basses, ils créent une compressio­n interne contribuan­t à rendre le son encore plus rapide. En effet, la pression exercée par un haut-parleur pousse sa membrane à revenir à sa position initiale. Lorsqu’ils sont deux dans un tout petit volume de charge, c’est encore plus efficace. Même si le fonctionne­ment est de type clos, donc sans évent, cette technique permet à l’enceinte Reactor de descendre très bas en fréquence par rapport à ses faibles dimensions.

Objectif 25 Hz

L’arrière de l’enceinte est occupé par un large radiateur métallique. À ce propos, l’ensemble de l’enceinte est constitué de blocs de métal assemblés, pas de bois ici ! Bien cachée, la connectiqu­e prend place sous le radiateur. Il y a une prise Ethernet si vous souhaitez vous passer du Wifi et une entrée audio mixte sur mini-jack 3,5 mm : elle accepte de l’analogique comme du numérique optique. Se trouve également ici un bouton de mise en route général. Il est complété par des commandes tactiles sur le dessus de la Reactor : volume, synchronis­ation, play/pause et Bluetooth. Ce dernier est toujours pratique, mais à réserver uniquement à des utilisateu­rs de passage car aucun codec audio Hi-res n’est présent.

La Reactor 900 intègre un amplificat­eur de 900 Watts, comme son nom l’indique. C’est un mélange entre la classe A pour la qualité du son et la classe D pour la puissance. Devialet a appelé cela ADH pour Analog Digital Hybrid - qui s'affiche sous la forme d’un logo inscrit sur le radiateur à l’arrière de la Reactor. Elle promet un niveau sonore maximal de 98 db à 1 mètre. Le tout avec un souffle, une saturation et une distorsion proches de zéro. La bande passante s’étend de 25 Hz à 20 khz, avec les 18 Hz atteints à -6 db. C’est réellement impression­nant sur le papier avec une enceinte de 4,3 kg et de seulement 3 litres de volume interne. On ne s’en rend peut-être pas compte sur les photos, mais son format est vraiment mini : sa façade mesure 15,7 cm de large et 16,8 cm de haut seulement. Cette enceinte existe également en version Reactor 600. Avec 300 Watts en moins, son niveau sonore maximal s’arrête à 95 db, soit deux fois moins fort que la Reactor 900 à plein régime. Les autres caractéris­tiques sont semblables.

Privilégie­z L’UPNP et Roon

L’installati­on de cette enceinte connectée passe par le télécharge­ment de l’applicatio­n mobile Devialet. Les étapes sont assez simples à suivre. Nous avons rencontré un problème à la suite de l’installati­on de la première Reactor. L’applicatio­n nous a demandé si nous souhaition­s en associer une seconde, ce qui était le cas. Elle n’était pas préalablem­ent installée et cette étape a échoué. Nous sommes donc repartis de zéro en installant la seconde Reactor de façon autonome, comme si nous avions deux zones. Puis nous les avons associées via la fonction disponible dans l’app, et là l’associatio­n a fonctionné du premier coup.

L’applicatio­n mobile Devialet est sobre, très joliment dessinée avec son environnem­ent sombre. Mais pour l’instant elle est aussi très limitée. Elle n’intègre aucun service de musique, elle ne donne pas accès aux webradios, elle ne sait pas naviguer dans les dossiers partagés. Ce n’est donc pas avec cette applicatio­n que vous lancez la musique. Pour cela, il faut utiliser une autre solution capable d’envoyer la musique vers l’enceinte. Ce peut être Spotify Connect : la Reactor apparaît directemen­t comme un point d’écoute dans l’app Spotify. Elle est aussi Airplay, pour envoyer de la musique depuis un appareil Apple (Mac, iphone, ipad). En revanche, elle n’est pas Chromecast, ce qui aurait été bien pratique pour l’univers Google/android.

La Phantom Reactor 900 est une enceinte Hi-res audio capable de lire les fichiers jusqu’à 192khz/ 24bits. Elle les recevra à travers le réseau selon différents moyens. Le plus courant est L’UPNP/DLNA. Une applicatio­n DLNA, telle que Bubble UPNP, permet d’écouter Tidal et Qobuz mais aussi de profiter de votre bibliothèq­ue de fichiers audio stockée dans un dossier partagé.

Pour les plus audiophile­s, les enceintes Devialet Phantom sont toutes Roon Ready. Elles apparaisse­nt

dans l’applicatio­n Roon sous une petite icône les représenta­nt. Avec Roon, les Reactor 900 savent tout lire, puisque c’est l’applicatio­n qui s’occupe de transcoder le flux original dans la meilleure qualité acceptée par l’enceinte. Roon, que nous utilisons au quotidien, est particuliè­rement bien adapté à l’usage des Phantom Reactor.

Un grave vraiment incroyable dans un si petit format

Nous avons démarré les écoutes en mono, avec une seule Reactor. Les timbres sont plutôt très agréables sur le médium et le bas médium avec une réelle qualité, de l’assise et de la profondeur. Sa présence est toutefois légèrement en retrait face à l’aigu bien plus présent, voire sur certains morceaux à la limite agressifs. Sur le titre Jean-pierre de Marcus Miller, la cymbale plus présente qu’à l’habitude accroche l’oreille. Bien sûr, il n’y a aucun réglage audio possible, Devialet a réglé la Reactor 900 pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même dans toutes les situations. Si vraiment vous trouvez cela nécessaire, le problème pourrait être contourné par les réglages d’égalisatio­n proposés par Roon, si vous maîtrisez ce que vous faites, bien entendu. Quant au grave, il est hyper dynamique, très propre et sans traînage. Dans ce registre, nous obtenons des résultats qu’aucune autre enceinte de ce format ne serait capable de délivrer, une véritable prouesse. Le pied de grosse caisse est reproduit de façon impression­nante, sans être artificiel ou forcé. Sur des albums modernes tels que l’électro de Daft Punk, le grave nous prend aux tripes, il fait trembler notre plancher sans jamais vaciller. Toujours vaillant, le grave des Reactor contribue à faire revivre des enregistre­ments un peu anciens. Nous ne vous cachons pas qu’il est parfois un peu trop présent. En revanche, subjective­ment, l’enceinte ne descend pas aussi bas qu’annoncé. Si c’est le cas, c’est avec trop peu de niveau pour vraiment en profiter. Une paire de grosses enceintes de bilbiothèq­ue à évent bass-reflex est capable de recréer des nappes de bas grave inaccessib­les aux Reactor. Mais au prix d’un encombreme­nt sans commune mesure. Le grave des Reactor 900 représente donc un excellent

compromis tout à fait acceptable sur bon nombre de styles musicaux. Peut-être moins pour l’écoute de grandes formations orchestral­es. Les grosses Phantom Premier sont là pour ça.

La scène sonore est inexistant­e, un résultat logique avec une enceinte mono, il n’y a pas de miracle. Le son prend de l’ampleur et arrive bien à se décoller de la Reactor, mais il ne va pas différenci­er précisémen­t les voix, instrument­s et ambiances. Toutefois, grâce au grave performant venant compenser ce manque, la Reactor 900 est bien audessus des enceintes sans fil que l’on connaît. Elle propose une écoute musclée avec du corps et de la présence.

Puis nous avons associé deux Reactor 900 en stéréo. Et là, la musique a pris vie. L’image sonore est large, remplissan­t l’espace entre les enceintes. La scène sonore est profonde avec un étagement des plans palpable. Elle développe également une hauteur intéressan­te, l’apanage des systèmes haut de gamme. Pour obtenir ce résultat, attention à bien les décoller des murs, surtout des murs latéraux. Elle est un peu plus timide en épaisseur avec l’ensemble de la bulle sonore recréée en arrière des enceintes. Nous avons à nouveau profité d’une reproducti­on hyper dynamique avec ce grave qui rend toute idée de caisson de basses totalement inutile. Il devient aussi plus équilibré qu’avec une Reactor écoutée seule. Toutefois, nous avons découvert qu’en stéréo, le grave n’est pas toujours stable. Il est parfois centré comme il devrait, sur d’autres morceaux il est étalé entre les deux enceintes. Il est clair que sa gestion n’est pas identique sur tout le spectre et cette stabilité va dépendre des fréquences présentes sur le morceau écouté. Devialet applique donc un gros traitement numérique sur les signaux audio. Nous l’avons également confirmé en ayant échangé par mégarde les enceintes droite et gauche entre deux essais d’autres appareils. Habituelle­ment, si vous échangez les canaux, vous avez juste fait un miroir. Dans le cas des Phantom Reactor, les enceintes échangées provoquent de drôles de résultats, comme si tout était déphasé. Devialet applique peut-être une sorte de crossfeed maison, comme sur certains amplis casque, qui oblige à respecter le positionne­ment des deux canaux tels qu’ils sont déclarés.

Une paire de Reactor 900 peut remplacer une chaîne Hifi de qualité

Alors, on la jette notre chaîne Hifi adorée ? Utilisée seule, la Reactor 900 est plus performant­e que les enceintes connectées habituelle­s si vous êtes adepte des basses avant tout. Dans ce cas, pourquoi ne pas casser la tirelire. Ne négligeons pas le design, qui peut être un déclencheu­r d’achat à lui tout seul. Utilisée seule, nous lui donnons la note de 3,5 étoiles. En revanche, une paire de Reactor 900, c’est tout autre chose. En stéréo, elles délivrent une grande et profonde image sonore, avec un vrai effet de hauteur. Le bas-médium comme le grave sont puissants, et même introuvabl­es sur n’importe quelle autre enceinte de cette taille. On se prend à réécouter tous ses morceaux préférés, car il existe vraiment un grand écart avec un système traditionn­el « raisonnabl­e ».

Pour obtenir la même chose, vous devrez sélectionn­er une paire d’enceintes de bibliothèq­ue d’un bon niveau, un amplificat­eur connecté et obligatoir­ement un excellent caisson de basses. Pour viser un résultat proche, l’enveloppe globale sera dans les environs du prix d’une paire de

Reactor 900, voire supérieure. Les Devialet ne sont pas parfaites, avec un aigu un peu proéminent, une applicatio­n mobile inaboutie, des basses parfois trop présentes (surtout en mono) et un bas-grave limité. Aucun système n’est parfait ! Leur taille miniature facilite d’autant l’acceptatio­n du compromis. Les Devialet ont également pour elles leur style incroyable (si vous aimez), en blanc laqué ou en noir mat, ainsi que leur facilité d’utilisatio­n au quotidien via Roon, Airplay ou Bubble UPNP. Si vous avez prévu d’investir dans une chaîne Hifi complète en éléments séparés, faites tout de même l’essai des Phantom Reactor en stéréo (et avec Roon). Vous pourriez être surpris.

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