Parents

« Les mamans slovaques sont fortes, ce sont les piliers du foyer. »

- ANNA PAMULA ET DOROTHÉE SAADA

« Je me souviens d’un jour quand Raphaël avait 6 mois : on déjeunait chez des amis et mon fils a commencé à s’assoupir dans mes bras. “Excusez-moi, je vais me reposer avec lui”. Je me suis levée en plein repas. Tout le monde m’a regardée avec de grands yeux. J’ai tenté de me justifier : “Je suis fatiguée, et puis Raphaël dort mieux à mes côtés”. “Il ne sait pas enchaîner ses cycles de sommeil tout seul ? Mais fait-il ses nuits, au moins ? Tu n’as pas peur qu’il soit trop dépendant de toi, qu’il manque d’autonomie, qu’il ne soit pas sociable ?” Les mots “autonomie” et “bébé” ne vont pas bien ensemble. La femme slovaque n’a pas de frustratio­n à être une maman avant tout. On tombe enceinte assez tôt, on se préoccupe moins de sa carrière et, surtout, on reste avec son enfant au minimum un an à la maison, trois pour une grande partie des mamans. Le papa se charge de l’aspect financier, d’ailleurs les contrats de mariage sont rares, on partage naturellem­ent. Ça fait treize ans que je vis en France et mes repères bougent peu à peu. J’ai repris le boulot aux 10 mois de Raphaël. J’ai aussi une heure de cours de danse par semaine, parce que j’en avais envie et que mon compagnon, qui est Français, m’y encouragea­it. Cela a étonné ma mère, qui m’a demandé : « Pourquoi fais-tu ça ? » En Slovaquie, la femme se consacre

entièremen­t à l’éducation des enfants. Elle se doit d’être forte, de ne jamais se plaindre. C’est le pilier du foyer. Et on ne parle pas de “sacrifice”, comme on l’entend ici. Moi, je crois que je serais heureuse d’avoir beaucoup d’enfants et de me consacrer à eux. « T’as encore du lait ? », me demande ma soeur chaque semaine. C’est LA question principale en Slovaquie. Comme les femmes de mon pays, j’ai allaité longtemps. Si tu donnes le biberon là-bas, tu es vite étiquetée “mauvaise mère”. Ici, quand Raphaël venait téter mon sein, à 2 ans, on me regardait comme une folle. Il ne mangeait pas vraiment, mais venait chercher du réconfort, comme avec un doudou. D’ailleurs, les doudous sont rarissimes en Slovaquie. Les Slovaques sont pudiques, et l’allaitemen­t se pratique en compagnie féminine, les hommes s’éclipsant en général de la pièce à ce moment-là.

Les bébés débutent l’alimentati­on solide à 5 mois avec la “kaša” qui est une bouillie de semoule ou de flocons d’avoine cuits à l’eau et dans laquelle on peut écraser

une banane. Chez nous, on commence cette introducti­on alimentair­e lors du repas du soir. Ce n’est qu’après qu’on fait des purées de légumes et compotes de fruits. Nos repas peuvent être entièremen­t sucrés. Mon plat préféré est le bol de riz au lait, saupoudré de cacao, cannelle, et arrosé de beurre fondu. Un vrai régal ! On fait aussi souvent des pâtes aux enfants, mais pas à la sauce tomate. On agrémente de confiture, le plus souvent de prune. La collation de 10 heures est une tradition che nous, pour les petits comme pour les grands : un yaourt, un fruit… Mais malheureus­ement, de plus en plus de familles consomment des produits industrial­isés, bourrés de sel et de sucre. En Slovaquie, le “bio” est cher et peu répandu. J’ai accouché en France. J’ai choisi la péridurale, mais je regrette car je n’ai pas eu les sensations qui sont là pour aider bébé à avancer, ce qui a rendu la poussée et l’expulsion difficiles. Pour mon deuxième, je prépare quelque chose de plus naturel avec une sagefemme que j’ai choisie. Et si j’ai un troisième bébé, cela se fera peut-être à la maison, qui sait ? Avec le temps, on apprend à suivre son instinct. En Slovaquie, le personnel médical n’est pas réputé pour chouchoute­r les jeunes mamans. On ne leur explique pas grand-chose. Elles se débrouille­nt, à la dure. Ici, on est plus entourée. Et les pratiques ne sont pas forcément les mêmes. Quand j’ai commencé à avoir des contractio­ns pour la naissance de Raphaël, j’ai demandé timidement à la sagefemme quand je devais faire mon lavement rectal. En Slovaquie, c’est la première chose que l’on fait en arrivant à la maternité. « Si vous en voulez un, c’est ok, mais en France, on s’en fiche, c’est la nature ! », m’a-t-elle répondu. Je me suis sentie soulagée.

solide « Les bébés débutent l’alimentati­on ou de flocons par la kaša, qui est une bouillie de semoule d’avoine cuite à l’eau. »

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Maman de Raphaël, 2 ans et demi, Julia, 33 ans, est enceinte de sept mois.
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Les enfants sont allaités longtemps. On dit qu’il n’y a rien de meilleur pour eux !
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