Parents

Ce qu’il faut savoir sur... la césarienne

Une naissance sur cinq a lieu par césarienne en France. Contrairem­ent à une idée reçue, elle est, dans la moitié des cas, pratiquée en urgence, quand l’accoucheme­nt présente un risque pour la mère ou pour le bébé. Vous la redoutez (ou l’espérez) ? Nos rép

- ISABELLE DURIEZ

Le père est le bienvenu, même si…

Nous avons observé une grande disparité géographiq­ue, dit Isabelle Bianchi, porte-parole de l’associatio­n Césarine, qui informe et accompagne les femmes accouchant par césarienne. Quelque 70% de nos membres se sont retrouvées seules au bloc ou en salle de réveil, sans leur conjoint ». Or, la présence du père réduit le stress de la mère. « Les équipes justifient ce refus par la nécessité de l’asepsie, la crainte d’une complicati­on ou l’indisponib­ilité du personnel pour gérer une personne supplément­aire », ajoute Isabelle Bianchi. Des chiffres qui surprennen­t le Pr Deruelle: «Sauf en cas d’urgence grave, si la maman est en danger ou le bébé grand prématuré par exemple, il n’est pas justifié d’exclure le père, et notre volonté est qu’il puisse le plus souvent accompagne­r la mère ». Renseignez-vous auprès de la maternité en début de grossesse : vous pouvez changer d’établissem­ent si le père n’est pas admis.

Non, ça n’est pas la solution de facilité

La mère risque davantage de souffrir d’hémorragie que pendant un accoucheme­nt par voie basse, puis d’infection ou d’embolie pulmonaire. « Le risque de décès maternel par complicati­on est deux à trois fois plus élevé », souligne le Pr Philippe Deruelle, secrétaire général du CNGOF (Collège national des gynécologu­es et obstétrici­ens français). Le risque que l’enfant souffre de détresse respiratoi­re également. «L’accoucheme­nt représente un bon stress pour le bébé qui sécrète alors des hormones lui permettant de s’adapter à la vie extra-utérine, explique le gynécologu­e. En l’absence de ce stress, il y est moins bien préparé. Les études montrent par ailleurs qu’il peut souffrir davantage d’obésité et de diabète car il n’a pas été mis en contact avec certaines bactéries, lors du passage par le vagin, bénéfiques au développem­ent de son propre microbiote ».

Quand elle est mal vécue

Comme Mélanie, certaines ont le sentiment d’être « passées à côté de leur accoucheme­nt ». « On m’a envoyée au bloc, en urgence, sans avoir eu de vraie contractio­n, parce que le coeur de mon fils ralentissa­it, raconte-t-elle. Je me suis réveillée maman, sans rien savoir de cette naissance. Je ne supporte pas ce trou noir et je pleure chaque fois que j’entends mes copines parler de leur “vrai” accoucheme­nt ». De son côté, Marie ne s’était pas du tout préparée à l’idée de ne pas accoucher par voie basse. « J’ai le sentiment de ne pas avoir mis mon enfant au monde, confiet-elle. Je l’ai vue deux secondes avant qu’elle soit emmenée ; et bêtement, j’en veux à son père de l’avoir rencontrée avant moi. ». Comment rebondir après une césarienne mal vécue? S’appuyer sur le récit du père, « gardien du rituel de la naissance s’il peut être présent au bloc », ex-

plique Isabelle Bianchi. Comprendre pourquoi on a eu une césarienne, quitte à demander le dossier médical, aide également. L’idéal étant, « pendant la grossesse, d’échanger avec l’équipe médicale, précise Isabelle Bianchi. Plus on a le sentiment d’être associée aux décisions, et mieux la césarienne est vécue par la maman ».

Cicatrisat­ion et rééducatio­n : prendre soin de soi après

«Je ne m’attendais pas à être moins mobile qu’après mon premier accoucheme­nt, raconte Elsa, 33 ans, dont la deuxième fille est née par césarienne. Et question soins de la plaie et rééducatio­n, j’ai reçu très peu de conseils. » Pourtant, de retour à la maison, il ne faut pas les négliger si l’on veut bien cicatriser. Bon à savoir, il est possible de consulter une sage-femme dans les trois premières semaines (visite prise en charge par l’Assurance-maladie), puis de faire appel à un masseur-kinésithér­apeute, six à huit semaines après l’accoucheme­nt, pour masser les tissus en profondeur.

On peut accoucher par voie basse après une césarienne

C’est la première question que se posent celles qui ont accouché par césarienne : pourront-elles accoucher par voie basse la prochaine fois? « Après une première césarienne, le risque d’en avoir une seconde est multiplié par deux par rapport à celles qui n’en ont pas eu, précise le Pr Deruelle. Pour des raisons médicales, mais également parce que parfois cela rassure la femme. Si on lui explique tôt dans la grossesse qu’elle a 80 % de chance d’accoucher ensuite par voie basse, elle est plus encline à le tenter. » La Haute autorité de santé préconise la voie basse après une unique césarienne (sauf exception) et autorise celle-ci après deux césarienne­s. En revanche, à partir de trois césarienne­s, elle recommande une césarienne programmée.

Elle n’est pas obligatoir­e si le bébé se présente en siège

« La césarienne ne doit plus être systématiq­ue en cas de présentati­on du foetus par le siège », assure le secrétaire général du CNGOF. Actuelleme­nt, en France, on y a recours dans 75 % des cas. Mais, dans certains centres, ce pourcentag­e a baissé de façon importante, à environ 50 %. Soit parce que les équipes manoeuvren­t de l’extérieur le bébé pour le faire tourner en position tête en bas, «soit parce que les équipes mesurent par scanner la taille de la tête du foetus et celle du bassin de la mère, et confronten­t les deux selon une formule, poursuit le Pr Deruelle, qui pratique cette technique. Ça permet d’éviter 40 % des césarienne­s programmée­s pour cette raison ». En France, le taux de césarienne­s programmée­s est en légère baisse: il est passé de 19,1 % en 2011 à 18,9 % en 2014.

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Selon les maternités, on peut prendre son bébé très vite tout contre soi.

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