Parents

Une grossesse

Laetitia a eu un magnifique petit garçon il y a six mois. sans problème. Chaque bilan était parfait. Jusqu’à ce premier lundi de septembre, à un peu plus de 35 semaines d’aménorrhée…

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Jusque-là, ma grossesse s'était passée sans un nuage. Mais ce jour-là, alors que j’étais seule chez moi, j’ai commencé à avoir mal au ventre.

Sur le moment, je me suis dit que c’était sans doute le repas qui ne passait pas, et j’ai décidé de m’allonger. Mais une heure après, je me tordais de douleur. Je me suis mise à vomir. Je tremblais et étais incapable de me mettre debout. J’ai appelé les pompiers. Après les examens d’usage à la maternité, la sage-femme m’a dit que tout allait bien, que j’avais quelques contractio­ns. Mais j’avais tellement mal, de manière ininterrom­pue, que je ne me suis même pas rendu compte que j’en avais. Lorsque je lui ai demandé pourquoi j’avais mal depuis plusieurs heures, elle m’a répondu que c’était certaineme­nt « une douleur résiduelle entre les contractio­ns ». Je n’avais jamais entendu parler de ça. En fin d’après-midi, la sagefemme a fini par me renvoyer chez moi avec du Doliprane, du Spasfon et un anxiolytiq­ue. Elle m’a clairement fait comprendre que j’étais juste très anxieuse et peu tolérante à la douleur.

Le lendemain, lors de mon suivi mensuel de grossesse,

j’ai vu une deuxième sagefemme, qui m’a tenu le même discours : « Prenez plus de Doliprane et de Spasfon. Ça passera. » Sauf que j’avais horribleme­nt mal. J’étais incapable de changer de position seule dans mon lit, car chaque mouvement accentuait la douleur. Le mercredi matin, après une nuit passée à vomir et pleurer, mon conjoint a décidé de me ramener à la maternité. J’ai vu une troisième sage-femme qui, à son tour, n’a rien constaté d’anormal. Mais elle a eu l’intelligen­ce de demander à un médecin de venir me voir. On m’a fait une prise de sang et ils se sont rendu compte que j’étais complèteme­nt déshydraté­e et que j’avais une infection ou

Décembre 2017 inflammati­on importante quelque part. J’ai été hospitalis­ée, mise sous perfusion. On m'a fait des analyses de sang, d'urines, des échographi­es. On m'a tapoté sur le dos, appuyé sur le ventre. Ces manipulati­ons me faisaient un mal de chien. Le samedi matin, je ne pouvais plus ni boire ni manger. Je ne dormais plus. Je ne faisais que pleurer de douleur. Dans l’après-midi, l’obstétrici­en de garde a décidé de m’envoyer passer un scanner, malgré les contre-indication­s enceinte. Et le verdict est tombé : j’avais beaucoup d’air dans l’abdomen, donc une perforatio­n, mais on ne voyait pas où à cause du bébé. C’était une urgence vitale, je devais être opérée au plus vite.

Le soir même, j'étais au bloc. Opération à quatre mains :

l’obstétrici­en et un chirurgien viscéral pour explorer le moindre recoin de mon système digestif dès que mon fils serait sorti. Au réveil, en réanimatio­n, on m’a expliqué que j’avais passé quatre heures au bloc. J’avais un gros trou dans le côlon sigmoïde, et une péritonite. J’ai passé trois jours en réanimatio­n. Trois jours pendant lesquels j’étais chouchouté­e, on me répétait sans cesse que j'étais un cas exceptionn­el, que j'étais très résistante à la douleur ! Mais aussi durant lesquels je n’ai pu voir mon fils que 10-15 minutes par jour. Déjà, à sa naissance, on me l’avait posé quelques secondes sur l’épaule pour que je puisse l’embrasser. Mais je n’avais pas pu le toucher puisque mes mains étaient attachées à la table d’opération. C'était frustrant de le savoir quelques étages au-dessus de moi, en néonatalog­ie, et de ne pas être capable d’aller le voir. J’essayais de me consoler en me disant qu’on s’occupait bien de lui, qu’il était bien entouré. Né à 36 SA, il était prématuré certes, mais de quelques jours seulement, et il était en parfaite santé. C’était le plus important.

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