Il joue avec mon téléphone
Vous rentrez à la maison, vous posez vos clés et votre téléphone sur la table. Le temps que vous vous retourniez pour accrocher votre veste au porte-manteau, l’appareil a déjà disparu… pour atterrir entre les petites mains agiles d’Eloan, 5 ans, ravi.
Pour Eloan, le smartphone de son père ou de sa mère est très attirant : conçu pour être réactif et intuitif avec son écran tactile, ses sons et ses animations, c’est un objet ludique. L’enfant, très intuitif lui aussi et très observateur, a vite fait d’y trouver des jeux, des vidéos et de la musique : de quoi l’occuper des heures… Mais ce qui l’attire le plus, c’est de voir que vous vous en servez beaucoup et semblez l’apprécier. En outre, cerise sur le gâteau, il vous voit communiquer, parler et rire avec d’autres personnes via le téléphone… Un jouet magique, en somme !
Des écrans addictifs
« En utilisant nos smartphones, nous les rendons attractifs pour nos enfants, observe Justine Atlan, directrice de l’association e-enfance*. On doit réfléchir à notre façon de gérer notre téléphone, car nous leur servons de modèle. » Nos enfants apprennent très vite. Peu importe qu’ils ne sachent pas lire, ils prennent exemple sur nous ou naviguent “au feeling” jusqu’à ce qu’ils trouvent ce qui les intéresse. En égratignant au passage notre vie privée. Il faut bien avouer qu’on a tendance à prêter notre téléphone à notre enfant pour qu’il nous laisse tranquilles un moment. Mais le portable émet des ondes dont on connaît mal les risques pour son jeune cerveau. Et surtout, un enfant qui a très tôt ce petit objet en main sera encore plus attiré par les écrans. C’est pourquoi il nous faut trouver la force de résister.
Poser des règles
Installer un code, c’est nécessaire pour éviter à l’enfant la tentation de nous chiper l’appareil en douce, mais ça ne suffit pas : à force de nous voir composer le code, l’enfant y parvient lui aussi. Mieux vaut poser des règles : « C’est mon téléphone, ce n’est pas un jouet, et c’est moi qui décide quand je te le prête. Tu en auras un plus tard, quand tu seras grand. » L’usage du téléphone doit rester exceptionnel pour lui, réservé aux situations particulières : les longs trajets, une fois qu’on a épuisé nos ressources de jeux. Ou nos gros coups de fatigue. « Un enfant a besoin de jouer, de faire des expériences sensorielles, d’être en relation avec de vraies gens, rappelle Justine Atlan. Il n’a rien à faire avec un téléphone ! » L’idéal, c’est de réserver son usage aux coups de fil à sa mamie. Il deviendra bien assez tôt un de ces ados agrippés à leurs smartphones : laissez-lui le temps !
*www.e-enfance.org. N° vert : 0800 200 000.