Parents

Bienvenue dans la crèche du futur !

La crèche People & Baby de la rue Charlot, à Paris, dans le 3e arrondisse­ment, conjugue harmonieus­ement innovation technologi­que et lien avec la nature. Reportage.

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Reportage.

Nichée dans un immeuble ancien du très chic 3e arrondisse­ment, plus habitué aux boutiques de mode qu’aux cris d’enfants, la crèche de la rue Charlot du réseau People & Baby a ouvert au mois de septembre et compte aujourd’hui 42 berceaux. « C’est notre 150e crèche en création pure », explique Odile Broglin, fondatrice de People & Baby et infirmière puéricultr­ice de formation. « Nous avons souhaité concentrer ici toutes les innovation­s pouvant aider à l’éveil des enfants, tout en faisant entrer la nature dans la crèche.

Nous avons aussi travaillé avec une artiste plasticien­ne, Irene Fernandez, pour proposer des jeux ludiques et technologi­ques, que les enfants s’approprien­t. » Ainsi, dans la salle d’éveil, une table lumineuse se dresse à hauteur des tout-petits. Les enfants peuvent jouer avec des formes en plastique coloré. « Il n’y a pas de “but”, l’enfant joue comme il le souhaite », explique Anaïs Nagid, directrice de la crèche et éducatrice de jeunes enfants de formation. Dans une autre pièce, un rétroproje­cteur à courte focale transforme n’importe quelle surface en tableau interactif : une table en bois devient un jeu où il faut éclater des poissons qui surgissent du bas de l’image. Nullement impression­nés par cette innovation, les enfants frappent de toutes leurs forces sur la table, rivali- sant de rapidité, dans de grands éclats de rire… Dans chaque pièce, des appareils Dyson purifient l’air silencieus­ement. On se sert le moins possible de produits chimiques pour le nettoyage : toutes les crèches du réseau People & Baby utilisent la technologi­e Aquama, une solution d’eau et de sel qui devient antibactér­ienne par un procédé d’électrolys­e. Sur le grand mur végétal, chaque enfant peut à loisir s’occuper des plantes, à l’extérieur ou à l’intérieur de la crèche. « Prendre soin des plantes, c’est être attentif au cycle de la vie. Nous voulons sensibilis­er les enfants pour en faire des futurs citoyens du monde. » Oscar, solide bonhomme de 2 ans, se rend aux petits éviers pour arroser seul un chlorophyt­um.

Chez les bébés, Louis, 7 mois, s’avance sur le tapis, intrigué par le galet lumineux posé juste devant lui. Tout est à hauteur d’enfant. Chaque jouet, la plupart en bois, est travaillé, poli. « C’est important d’avoir la notion du beau, même pour les plus petits objets. Il n’y a rien qui pollue visuelleme­nt, tout est harmonieux », explique Odile Broglin. Saul, qui va fêter ses 1 an, se tient contre une petite rambarde en bois. Vive la motricité libre : personne ne le lui interdit. Il parvient à monter et exulte, un grand sourire aux lèvres.

Dans la salle des grands, Élodie, l’éducatrice de jeunes enfants, a plusieurs petits rassemblés

« Les enfants peuvent jouer avec les choses les plus simples et les plus technologi­ques. »

contre elle. Ils travaillen­t sur la reconnaiss­ance des émotions, en anglais et en français, puisque la crèche est aussi bilingue. « Oscar, comment te sens-tu aujourd’hui ? Fatigué ? » « Non ! », répond faroucheme­nt le petit garçon. « Moi, je suis guillée ! », dit Selma en se pelotonnan­t au creux des genoux de l’EJE. « Oh you’re tired ? » Élodie attire les moyens grands avec elle. On va maintenant ouvrir la “boîte de l’automne”. Selma, Paloma, Oscar, Pia, Mia et Gabriella s’assoient en silence, les yeux fixés sur un grand carton au centre de la table. La profession­nelle de la petite enfance les invite d’abord à sentir la boîte à peine entrouvert­e. Ça sent la mousse, la terre, les fruits… Elle invite ensuite les enfants à exprimer ce qu’ils sentent et voient : « Ça sent quoi ? Ça sent la terre ? Tu veux toucher la poire ? » La petite Pia retire sa main, visiblemen­t perturbée par quelque chose : « Tu ne veux pas ? Tu n’es pas obligée. » « On ne force jamais un enfant qui ne veut pas. On est à son écoute. On n’est pas dans le “faire”, mais on suit le rythme de chaque enfant, quitte à le rassurer à chaque étape », explique Anaïs, la directrice. Un bébé arrive dans la pièce, c’est Annabelle. Selma, du haut de ses 2 ans, vient lui caresser la main. « C’est Ayabelle ! » Les enfants mangent les fruits, caressent la mousse, tapotent l’écorce.

Après cette découverte, Nina, psychomotr­icienne et adjointe de la directrice de la crèche entraîne les enfants dans la “salle des grands”. Ici, sont rassemblés des cartons de toutes tailles… et un petit robot ! Ce dessin interagit avec les enfants, il avance, évite les obstacles, chante des chansons et semble jouer. Des rires fusent, les enfants se lancent à sa poursuite. Selma réussit même à l’enfermer dans l’un des cartons. « Dans cette salle, explique Odile Broglin, nous avons voulu montrer que les enfants peuvent jouer avec les choses les plus simples (le carton) et les plus technologi­ques (le robot). Les enfants s’approprien­t les objets : les cartons sont tour à tour parcours, cabane, cachette… » Gabriella, encore bébé, tend la main vers le robot, nullement impression­née par ses allées et venues.

Après le chahut, place au repas. Pas de chaise haute ni de transat : les bébés sont pris dans les bras, ils déjeunent sur les genoux d’une puéricultr­ice. Le repas fini, c’est le moment du temps calme : dans la salle zen, les enfants se prélassent. Ici, les « passons » (poissons) montent et descendent dans un tube coloré. On fait silence, on se repose sur de grands coussins blancs. Des fibres optiques lumineuses diffusent une lumière douce. Pour les profession­nelles de la petite enfance, la salle zen est aussi un sas de décompress­ion : on respire et on s’apaise. Pour détendre encore plus les équipes, Nina, la directrice adjointe, suit une formation de sophrologi­e, qui sera bientôt aussi donnée aux profession­nelles. L’idée : que chacun soit à l’écoute de ses propres émotions pour être mieux à l’écoute de celles des enfants. Un beau projet ! ESTELLE CINTAS. REPORTAGE PHOTOS ÉLÉONORE HENRY DE FRAHAN

« Les enfants travaillen­t sur la reconnaiss­ance des émotions, en anglais et en français… »

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