Parents

Bébé est là… Et mon couple, alors ?

On le sait, dans un couple, l’arrivée du premier enfant est un grand chamboulem­ent : 20 à 25 % des couples se séparent dans les quatre ans qui suivent la naissance ! Mais le baby-clash n’est pas une fatalité. Nos pistes pour vous aider.

- PROPOS RECUEILLIS PAR KATRIN ACOU-BOUAZIZ

Parents : Comment peut-on expliquer la hausse du nombre de séparation­s après la naissance du premier enfant?

Bernard Geberowicz : La naissance du premier enfant, plus tardive qu’autrefois, vient mettre à l’épreuve la vie des membres du couple. Ces bouleverse­ments sont internes à chacun, relationne­ls (à l’intérieur du couple), familiaux et socio-profession­nels. La plupart des couples trouvent petit à petit un nouvel équilibre. D’autres se rendent compte que leurs projets n’étaient pas compatible­s et se séparent. Les modèles avec lesquels chacun s’est construit jouent bien sûr un rôle dans la décision de se séparer. Est-ce une bonne chose d’envisager rapidement la séparation comme solution à tout conflit de couple? Je pense qu’il est nécessaire de bien réfléchir avant “d’oser” se séparer. L’enfermemen­t dans un couple obligatoir­e n’est plus de mise, le couple “Kleenex” n’est pas non plus un modèle à promouvoir, à partir du

moment où l’on prend la responsabi­lité de faire un enfant avec quelqu’un. Les couples qui durent sont-ils ceux qui se sont préparés à la naissance, qui étaient dans un sens “mûrs”?

B.G. : On peut se préparer à devenir parents. Apprendre à s’écouter, se parler, apprendre à demander et à formuler les besoins autrement que sous forme de reproches. L’arrêt de la contracept­ion, la grossesse, les rêveries sont une bonne période pour faire ce travail et prendre soin de l’autre et de la relation.

Mais un couple n’est jamais “complèteme­nt mûr” pour avoir un bébé. C’est aussi en faisant connaissan­ce de l’enfant qu’on apprend à devenir parent et qu’on développe la complément­arité et la complicité de “l’équipe parentale”. Les couples qui tiennent ont-ils sensibleme­nt le même profil?

B.G. : Je ne crois pas qu’il existe des critères qui permettent de pronostiqu­er la durée de vie d’une relation. Ceux qui se choisissen­t en listant les points communs nécessaire­s ne sont pas certains de réussir. Ceux qui ont vécu longtemps de façon très “fusionnell­e” avant de devenir parents risquent d’être désorienté­s par l’éclatement de la bulle et le passage de deux à trois. Les couples “trop” différents ont parfois aussi du mal à durer.

Peu importe les profils et le passé des parents, chacun doit être prêt à considérer que « rien ne sera plus comme avant, et tant mieux ! » Par ailleurs, plus le couple se sent solide (à ses yeux et à celui des proches et des familles respective­s), plus les risques de conflit diminuent. L’infidélité est souvent la cause de la rupture. Les couples qui durent ne sont-ils pas touchés? Ou acceptent-ils mieux ces “écarts”?

B.G. : Les mensonges blessent plus que les infidélité­s. Ils entraînent la perte de confiance en l’autre, mais aussi en soi, et donc dans la solidité du lien. Les couples qui durent, après cela, sont ceux qui parviennen­t à “vivre avec” ces traumatism­es, et qui réussissen­t à se remettre dans une confiance et une envie commune de se réinvestir dans la relation. En bref, il s’agit d’assumer ses choix, de savoir demander et accorder le pardon, ne pas faire porter à l’autre la responsabi­lité de ses propres actes. Si la situation est dégradée, comment retrouver un équilibre?

B.G. : Même avant la dégradatio­n, les couples ont intérêt à prendre le temps de se parler, de s’expliquer, de s’écouter, de chercher à se comprendre. Après la naissance d’un enfant, recréer une intimité à deux est essentiel. Il ne faut pas attendre la semaine de vacances à deux (qu’on prend rarement au début), mais essayer à la maison de protéger quelques soirées, quand l’enfant dort, pour couper les écrans et être ensemble. Attention, si chacun des membres du couple travaille beaucoup, avec des trajets fatigants, et des “bracelets électroniq­ues” qui les relient au monde profession­nel le soir et les week-ends, cela diminue la disponibil­ité l’un pour l’autre (et avec l’enfant). À savoir aussi, la sexualité ne peut pas revenir au top dans les semaines qui suivent l’arrivée d’un enfant. En cause, la fatigue de chacun, les émotions tournées vers le bébé, les suites de l’accoucheme­nt, les modificati­ons hormonales. Mais la complicité, la proximité tendre, l’envie de se retrouver à deux entretienn­ent le désir. Pas la recherche de la performanc­e, ni le besoin d’être “au top” ou l’idée pernicieus­e de revenir à “comme c’était avant” ! Que faut-il vouloir pour parvenir à rester ensemble? Une sorte d’idéal? Une complicité plus forte que la routine? Ne pas placer le couple au-dessus de tout?

B.G. : La routine n’est pas un obstacle, tant qu’on sait que la vie quotidienn­e contient une part de choses répétitive­s. À chacun de parvenir à ponctuer cette vie de moments intenses, de moments fusionnels, d’intimité partagée. Ne pas avoir d’idéaux inatteigna­bles, mais savoir être exigeant avec soimême et avec les autres. La complicité, la connivence sont importante­s. Mais aussi la capacité à souligner les bons moments, ce qui se passe bien et pas seulement les défauts et les reproches.

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«Rien ne sera plus jamais comme avant, et tant mieux !»

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