MAYLIS, 37 ans, maman de Priscille (13 ans), Charlotte (11 ans), Capucine (8 ans) et Sixtine (6 ans)
« Je crois que mon ressenti négatif est très lié à l’annonce de ma première grossesse. Pour l’aînée, la réaction de mes parents m’a beaucoup perturbée. J’avais emballé des petits pots de bébé pour leur faire une belle surprise. Le blanc en ouvrant les paquets! Ils ne s’attendaient pas du tout à cette nouvelle. J’avais 23 ans et mes frères (nous sommes cinq enfants) étaient encore des ados. Mes parents n’étaient clairement pas prêts à devenir grands-parents. Ils ont tout de suite laissé entendre qu’Olivier et moi n’étions pas capables d’assumer un enfant. On démarrait dans la vie professionnelle c’est vrai, mais on louait déjà un appartement, on était mariés et sûrs et certains de vouloir fonder une famille ! Bref, on était très décidés. Malgré tout, leur réaction m’a profondément marquée : j’en ai gardé l’idée que j’étais incapable d’être mère.
A la naissance de notre quatrième enfant, j’ai consulté un psy qui m’a aidée à y voir clair et à me déculpabiliser en quelques séances. J’aurais dû y aller plus tôt car j’ai traîné ce mal-être durant mes quatre grossesses! Je me disais par exemple “si la PMI passe, ils vont trouver que la maison n’est pas assez propre !” Dans le regard des autres, je me sentais une sorte de “fille mère”, une irresponsable qui n’avait rien maîtrisé. Mes copains poursuivaient leurs études, faisaient le tour du monde et moi, j’étais dans les couches. Je me sentais un peu en décalage. J’ai continué à travailler mais en pointillé. J’ai changé de job, fondé ma boîte. Je n’ai pas vraiment réussi à me partager harmonieusement entre mes enfants et mon travail. C’était encore plus fort pour la dernière qui est arrivée plus vite que prévu… La fatigue, les insomnies, le sentiment de culpabilité ont redoublé.
Je ne supportais pas de voir mon reflet dans les vitrines des magasins
Il faut dire que j’étais vraiment malade enceinte. Pour ma première grossesse, je me souviens même avoir vomi par la fenêtre arrière de la voiture en m’allongeant sur une cliente au cours d’un déplacement professionnel… La prise de poids me déprimait également beaucoup. Je prenais entre 20 et 25 kg à chaque fois. Et je n’ai bien sûr pas tout reperdu entre les naissances. Bref, j’ai eu des moments difficiles où je ne supportais pas de voir mon reflet dans les vitrines des magasins. J’en ai même pleuré. Mais ces enfants, je les voulais. Et même avec deux, nous ne nous serions pas sentis au complet. »
“J’en ai gardé l’idée que j’étais incapable d’être mère.” “Un sentiment de culpabilité m’a pesé pendant mes grossesses.”